Les investissements directs étrangers
Les statistiques d’investissements directs (français à l’étranger ou étrangers en France) représentent une mesure de l’insertion de la France dans l’économie internationale.
Sur le long terme, la France investit davantage à l’étranger qu’elle n’accueille d’investissements directs étrangers. Le stock d’investissements directs (ID) français à l’étranger est de 1 261 milliards d’euros à fin 2020, tandis que celui des ID étrangers en France atteint 785 milliards. La position extérieure de la France en ID, structurellement positive, s’est néanmoins infléchie en 2020, diminuant à + 476 milliards d’euros, contre + 512 milliards en 2019, en raison uniquement d’un fort effet de valorisation négatif dû notamment à l’appréciation de l’euro.
Les opérations d’investissements directs ont engendré 36 milliards de sorties nettes de capitaux en 2020, contre 5 milliards en 2019.
D’une part, les flux d’ID français à l’étranger sont repartis à la hausse, passant de 30,2 milliards d’euros en 2019 à 40,3 milliards en 2020. Il est possible de décomposer ces flux en deux catégories : les opérations en capital et les prêts-emprunts. Cette décomposition révèle que les multinationales françaises ont apporté 12,7 milliards de financements nets à leurs filiales à l’étranger en 2020 alors qu’elles leur avaient emprunté 8,7 milliards en 2019. En revanche, les flux en capitaux propres se réduisent de 38,6 milliards à 27,5 milliards, à cause de la baisse des bénéfices réinvestis, c’est-à-dire de la partie des résultats annuels des entreprises, non distribués en dividendes, mais mis en réserve[1]. La crise sanitaire a en effet fortement affecté les chiffres d’affaires, leurs bénéfices et, partant, à la fois les bénéfices réinvestis et les revenus d’investissements. Le solde des revenus des investissements directs est d’ailleurs passé de + 54,5 milliards d’euros en 2019 à + 31,0 milliards en 2020.
D’autre part, les flux nets d’investissement étrangers à destination de la France n’ont atteint que 4,3 milliards en 2020, soit le niveau le plus bas enregistré depuis 2014.
Les flux nets de prêts et emprunts entre les groupes étrangers et leurs filiales françaises se sont soldés en 2020 par des sorties de capitaux de 12,2 milliards d’euros. Par ailleurs, l’année 2020 a été marquée par une réduction du nombre d’opérations en capital et une absence d’opérations importantes. Le nombre total d’opérations d’investissement ou de désinvestissement étranger en France a ainsi baissé de 63 % en 2020. Au final, les flux nets d’investissements en capitaux propres des groupes étrangers se sont établis à 16,4 milliards seulement en 2020 après 32,1 milliards en 2019. Ceci traduit l’attentisme des entreprises pendant la crise. En ce sens, la baisse des investissements directs en France sur l’année 2020 semble essentiellement conjoncturelle et ne doit pas être considérée comme indiquant une détérioration structurelle de l’attractivité de la France (par ailleurs, d’une manière plus générale, la variation d’une année sur l’autre des flux d’investissements directs reçus de l’étranger ne constitue pas une mesure fiable de l’évolution de l’attractivité d’un pays ; en effet, ces montants peuvent fortement fluctuer au gré de quelques opérations géantes de fusion-acquisition, qui peuvent être décidées plusieurs trimestres avant leur réalisation effective, et les opérations de prêts-emprunts entre les multinationales et leurs filiales à l’étranger n’ont souvent pas de lien direct avec l’attractivité du pays).
Les stocks d’ID français à l’étranger se concentrent largement dans les secteurs industriels (565 milliards d’euros en 2020) et financiers (293 milliards en 2020). C’est aussi le cas des investissements étrangers en France, dont les stocks se répartissent essentiellement dans l’industrie (231 milliards d’euros), les activités de banque-assurance (197 milliards) et les investissements immobiliers (163 milliards).
En 2020, on note un rythme d’investissement direct français à l’étranger plus soutenu dans le secteur de l’industrie manufacturière, des services d’intérêt public (électricité, eau, assainissement, etc.) et des transports. En revanche, les flux ont diminué dans les secteurs finance-banque-assurance et des désinvestissements ont été enregistrés dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration et des services d’appui aux entreprises (recherche scientifique notamment).
En matière de décomposition des investissements par pays, les données 2020 ne permettent d’identifier à ce stade que le pays de contrepartie immédiate. À fin 2020, ce sont le Luxembourg (144 milliards), la Suisse (104 milliards) et le Royaume-Uni (101 milliards) qui affichent les plus importants stocks d’investissements directs en France.
Pour compléter la mesure traditionnelle par pays de contrepartie immédiate, la Banque de France identifie le pays de « l’investisseur ultime ». Elle est calculée jusqu’en 2019, les informations nécessaires n’étant pas encore disponibles pour 2020.
Dans le cas de la France, l’approche par investisseur ultime montre notamment que le Luxembourg et les Pays-Bas sont des pays de transit pour de nombreuses opérations d’investissements directs : 1er et 4ème (respectivement) pays investisseurs en contrepartie immédiate, ils sont 5èmes et 8ème investisseurs ultimes. A l’inverse, il apparaît que les États-Unis sont en dernier ressort le premier pays investisseur en France, avec plus de 132 milliards à fin 2019, soit 17 % du total (cf. graphique 7). Les montants des investissements en provenance de Suisse, du Royaume-Uni et d’Allemagne dépassent chacun 80 milliards, soit un peu plus de 35 % du total des investissements étrangers en France. Ainsi, dans l’approche par investisseur ultime, plus de la moitié des investissements directs en France sont détenus par les résidents de quatre pays.
[1] Les bénéfices réinvestis sont la partie non distribuée sous forme de dividendes et mise en réserve des résultats opérationnels courants après impôts des filiales et des participations revenant à l’investisseur direct. Les flux d’ID liés aux capitaux propres correspondent à la somme des flux en capital social et des bénéfices réinvestis. Cf. Encadré N°4, page 28 : https://www.banque-france.fr/sites/default/files/media/2019/07/04/bdp-methodologie_072015.pdf.
Quelques liens pour aller plus loin
Rapport annuel 2020 : balance des paiements
Stratégies d’internationalisation dans la pharmacie
Revenus d’investissements directs à l’étranger et profits des groupes du CAC 40 de 2005 à 2013
Mis à jour le : 07/09/2021 11:20