Liste actualité
InterventionDiscours

Remise du Prix du Meilleur Article Financier 2015

Mesdames, Messieurs,

Lorsqu’en 2012 l’association Lire la Société et celle des Journalistes économiques et financiers ont proposé à la Banque de France de parrainer le Prix du meilleur article économique et financier, cette Maison n’a pas hésité. Il entre en effet dans les responsabilités d’une banque centrale de contribuer au développement de l’éducation économique et financière du public.

C’est d’ailleurs une tâche pour laquelle il reste beaucoup à faire. Si une majorité de Français se déclare intéressée par l’économie (61%, selon un sondage que nous avons fait réaliser à l’automne dernier dans le cadre des Journées de l’Économie), ce socle gagnerait à s’élargir encore. Si cet intérêt est en progression (de 6% sur un an), il reste fonction – croissante – de l’âge. Ainsi, 52% des sondés de moins de 35 ans se déclaraient « pas intéressés » par l’économie. En outre, 58% des sondés de tous âges se déclaraient en désaccord avec l’affirmation selon laquelle « l’information économique [serait] compréhensible ». Il y a donc là un large public à toucher, à conquérir.

Susciter un intérêt plus marqué pour l’économie, rendre compréhensibles des concepts pouvant parfois paraître obscurs ou abstraits, voilà le défi qu’à la Banque de France nous nous sommes posé. Nous l’avons relevé, je l’espère, avec quelque succès, lors de l’exposition « L’Économie, krach, boom, mue ? » qui s’est tenue à la Cité des Sciences et de l’Industrie en 2013. Cette exposition, qui préfigure l’ambition pédagogique de la future Cité de l’Économie et de la monnaie, à la création de laquelle la Banque de France travaille, « tourne » maintenant en province : elle est actuellement installée à Marseille et ce jusqu’au 7 juin prochain ; elle sera à Bordeaux l’an prochain. À Marseille en ce moment comme à Paris l’an dernier, nous avons pu constater que le public – et en particulier les jeunes générations – était au rendez-vous.Expliquer simplement une matière complexe, c’est donc possible. Ça l’est notamment par l’écrit. Traduire dans un langage compréhensible des faits et des mécanismes afin de donner à chacun des outils pour décrypter les grands enjeux d’actualité c’est bien l’objectif des différents auteurs sélectionnés en vue du prix du Meilleur article économique et financier. On peut le faire de bien des manières, dans bien des styles. C’est ce que j’ai pu constater avec le palmarès de cette édition 2015.

Cinquante-deux concurrents, six finalistes, deux gagnants ; le choix du jury a été difficile. Et ce d’autant plus que la qualité et l’originalité étaient au rendez-vous. Les six titres dans lesquels sont parus vos articles sont représentatifs de la diversité de la presse, généraliste ou spécialisée, nationale ou régionale, mais aussi de l’étendue des publics que l’on peut atteindre, de la variété des sujets que l’on peut traiter. Oui, l’économie et la finance peuvent se trouver dans une tablette de chocolat comme dans un médicament générique, dans un champ de pommes de terre comme dans une salle des ventes, dans de nouvelles activités développées dans la Silicon Valley ou en Israël comme dans une petite ville de la Loire. Et nous sommes tous concernés par l’économie française.

Vous aurez reconnu dans ce tableau trop bref les sujets présentés par les finalistes. Il suffisait juste que cela soit expliqué clairement, simplement et – ce qui ne gâche rien – agréablement. Ce sont là les exigences du prix, qui privilégie les qualités d’analyse, de synthèse et d’écriture. Mais, pour la première fois, le jury a été confronté à de nouvelles formes de présentation de l’information. Jusqu’à présent, l’économie s’illustrait de tableaux, de « camemberts », de graphiques, d’histogrammes. Tous ces supports fondés sur des chiffres. Maintenant, place à l’infographie qui, à la différence de la simple présentation organisée des données, met les concepts en image, mais fait aussi appel au texte, ce que nous souhaitons valoriser. Et, aujourd’hui, place à la bande dessinée, quand elle s’appuie sur un travail d’enquête et fait preuve de qualités pédagogiques certaines.

Tous les moyens de toucher le public dans le respect d’une information rigoureuse sont bons quand ils sont le fait de journalistes dont le rôle est de rendre simple une matière compliquée, d’expliquer au lecteur des notions ou des faits parfois techniques et complexes. Jeunes journalistes ou journalistes confirmés, vous accomplissez avec succès cette tâche exigeante.

Attiser la curiosité des Français pour ces matières, et les faire progresser dans la connaissance qu’ils en ont, c’est une oeuvre salutaire dans une économie omniprésente, s’inscrivant dans un environnement mondialisé. C’est également faire oeuvre civique, en éclairant les citoyens qui doivent effectuer des choix parfois difficiles entre différentes options de politique économique.

Mesdames et Messieurs les journalistes, ce prix vous récompense. La Banque de France, en cette année 2015, si tragiquement commencée pour la liberté de la presse, le dédie à Bernard Maris, membre de son Conseil général, économiste iconoclaste, écrivain, chroniqueur et journaliste, mais surtout – dans le sens le plus noble du terme – vulgarisateur de grand talent.

Télécharger la version PDF du document

DiscoursChristian Noyer, Gouverneur de la Banque de France
Remise du Prix du Meilleur Article Financier 2015
  • Publié le 08/04/2015
  • FR
  • PDF (283.77 Ko)
Télécharger (FR)