Paul Cézane, enfant du pays d’Aix, disait la phrase suivante : « Celui qui n’a pas le goût de l’absolu se contente d’une médiocrité tranquille ».
Ce n’est pas le moment pour nous Français, nous Européens, de se contenter d’une médiocrité tranquille.
Il faut transposer ce que nous avons réussi en termes de la souveraineté monétaire, il y a 25 ans, avec l’euro, vers la souveraineté économique et la souveraineté financière.
L’euro est un formidable succès politique. Le soutien à l’euro n’a jamais été aussi fort : il était de 51 % à l’origine en France, il est aujourd’hui de 79 % alors que nous vivons dans des temps supposés d’euroscepticisme. Quand l’Europe sait être tenace et qu’elle s’incarne, elle peut être populaire.
Comment transposer cela aux deux autres sommets, économique et financier ?
Premier ingrédient : il faut une date mobilisatrice, cela a été un des succès de l’euro, avec la date du 1er janvier 1999, et antérieurement avec le 1er janvier 1993 pour le marché unique. Ceci a permis d’aligner toutes les volontés, politiques, administratives et le business. Il faut une date, peut-être le 1er janvier 2028, pour notre réponse économique et financière face à l’administration Trump et aux Chinois.
Deuxième ingrédient : il faut aussi que l’on arrive à incarner notre Union de l’épargne et de l’investissement pour mobiliser l’épargne européenne dans des conquêtes concrètes. J’en propose trois, clés pour la protection des Européens : la Défense, l’intelligence artificielle et l’énergie décarbonée.
Une autre leçon de l’euro, c’est que la souveraineté n’est jamais un confort statique; elle doit toujours être une conquête dynamique.
Sur la souveraineté monétaire, nous avons partagé une souveraineté pour mieux la retrouver. Nous sommes cependant aujourd’hui face à un danger et une chance. Le danger ce sont les stablecoins, des quasi-monnaies privées numériques émises par des acteurs non-européens, en général en dollar. Il est essentiel que l’Europe préserve sa souveraineté monétaire, avec un euro numérique et une stratégie européenne des paiements.
La chance, avec ce qui se passe autour de la nouvelle administration américaine : il y a une attente d’Europe monétaire et une possibilité d’un rôle international de l’euro accru. Cela sera une diversification progressive, cela peut se faire par plus de dette européenne, notamment pour financer la Défense ; ou cela peut peut-être se faire par mutualisation des dettes nationales existantes. Aucune solution n’est évidente, mais je plaide, avec Christine Lagarde et quelques autres, pour que l’on remette sur la table ce rôle international de l’euro.