Je suis heureux de vous accueillir à la Banque de France, même virtuellement. Et de le faire avec Bernard Cohen-Hadad, président régional de la CPME, avec qui nous travaillons très bien, et Jean-Pascal Prevet, directeur régional IDF de la BDF.
Cette Université francilienne des entreprises était initialement prévue centrée sur la relance, à la suite d'une reprise au troisième trimestre qui avait été plus forte que prévu (+18% au plan national). Elle intervient au contraire au début d'un second confinement qui a été une surprise et est une épreuve pour vous, je le sais. Tous ceux qui me connaissent savent combien j'admire les entrepreneurs, qui sont la force de notre économie : je veux vous dire notre solidarité, concrète, et que nous nous parlions vrai aujourd'hui.
C'est une épreuve nécessaire : les autorités de notre pays n'avaient guère d'autre choix, face à des chiffres de la pandémie en montée continue. Je suis frappé, dans les autres pays d'Europe avec qui nous travaillons, que la montée est hélas aussi rapide, et les mesures de plus en plus restrictives. Et je constate que de toute façon la confiance sanitaire est un préalable à la confiance économique : les études du FMI sur les derniers mois montrent que là où il n'y a pas eu confinement, la distance volontaire prise par les consommateurs réduit aussi l'activité économique. Il n'y a pas à arbitrer, autant qu'on le dit parfois, entre la santé et l'économie : c'est notre intérêt à tous de défaire ce virus, qui est notre ennemi commun.
Mais c'est une épreuve rude pour les entrepreneurs que vous êtes : vous le vivez, mais nous en sommes totalement conscients. Le gouvernement est mobilisé de son côté avec tous les dispositifs de soutien, et j'espère qu'on pourra rapidement trouver une solution pour le sujet sensible des commerces. Aujourd'hui je veux vous dire comment la Banque de France est totalement engagée pour vous aider dans cette épreuve, sur quatre fronts au moins, et ce sont quatre engagements que je prends :
1. L'accès au crédit. Les PGE ont été un succès plus grand en France qu'ailleurs, par leur montant (plus de 120 Mds), leur priorité aux PME et TPE (94% des nombres, et plus de 75% des montants) et leurs taux très favorables. Ils peuvent être prolongés, y compris un différé supplémentaire d’un an. La Médiation du crédit de la BDF est disponible dans chaque département pour vous aider : en six mois, d'avril à septembre, nous avons traité 10 539 dossiers, dix fois plus que dans toute l'année dernière, et en avons réglé plus de la moitié. Nous sommes prêts face à toutes vos demandes en cas de difficultés avec les banques.
2. Nous surveillons les délais de paiement, et je sais combien ce sujet est sensible. Frédéric Visnovsky, médiateur du crédit, copréside la Comité de crise sur les délais de paiement qui va rester en alerte forte. La Banque de France assure l'Observatoire des délais de paiement, et sera engagée dans la mise en place de baromètres trimestriels convenus avec le Ministre des PME.
3. Nous avons dans chaque département un correspondant TPE et PME, à votre disposition gratuitement là aussi pour toutes vos demandes. Cette année, nous en sommes déjà à 10 000 demandes reçues, dont 63% sur des questions liées au Covid. Nous avons signé près de 40 conventions, dont l'une des premières avec la CPME, pour fonctionner efficacement en réseau pour des solutions rapides et concrètes à vos demandes.
4. Nous visons d'éclairer au maximum la conjoncture dans cette période de grande incertitudes. Nous réalisons cette enquête mensuelle de conjoncture avec beaucoup d'entre vous, en interrogeant plus de 8 000 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs. Les résultats détaillés par secteur et par région sur début novembre seront publiés lundi prochain au plan national.
Un dernier mot : nombre d'entrepreneurs participent à nos Conseils consultatifs dans chaque département. C'est un Réseau irremplaçable de plus de 1 000 TPE, PME, ETI. Là et ailleurs, aujourd'hui dans cette conférence et plus tard, n'hésitez pas à nous dire vos attentes envers la Banque de France. Cette rude bataille, aucun d'entre nous ne l'a choisie, bien sûr. Mais c'est ensemble, ensemble seulement, que nous allons finir par la gagner.