Les travaux de restauration de la « Galerie dorée » de l’Hôtel de Toulouse au siège de la Banque de France, à Paris, viennent de se terminer. Hors études préalables, ils auront duré un peu plus d’un an. La maîtrise d’œuvre de l’ensemble des travaux et les études a été confiée par la Banque de France à la Société Perrot & Richard Architectes.
La Galerie dorée se situe au coeur de l’ancien Hôtel de la Vrillière-Toulouse. Cet hôtel fut construit en 1640 pour Louis Phélypeaux de la Vrillière, secrétaire d’État aux finances de Louis XIII. L’architecte François Mansart (1598-1666) conçut une galerie, longue de 40 mètres, large de 6 mètres 50 et haute de 8 mètres dont la voûte fut décorée par le peintre François Perrier (1594-1649) en 1645.
À la suite de l’acquisition en 1713 par le Comte de Toulouse, bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, l’Hôtel de la Vrillière fut dénommé « Hôtel de Toulouse ». Des travaux de décoration de la Galerie dorée, pour la mettre notamment au goût du jour, furent entrepris par le Comte de Toulouse en 1715, et confiés à Robert de Cotte (1656-1735), architecte du roi. Le nouveau décor de lambris fut exécuté par le sculpteur du roi, François Antoine Vassé (1681-1736), sur un double programme iconographique associé à la marine et à la chasse qui correspondait aux charges du Comte de Toulouse d’amiral de France et de Grand veneur. Ainsi, deux trophées encadrent la Galerie dorée: au-dessus de la porte, le trophée de Diane Chasseresse et à l’autre extrémité, au-dessus de la cheminée, une proue de navire. D’une extrémité à l’autre de la Galerie, dix tableaux, insérés dans les boiseries, se font face tandis que six miroirs réfléchissent la lumière des larges fenêtres installées en symétrie.
Après avoir été confisqué comme « Bien National » sous la Révolution, l’Hôtel de Toulouse a été acheté en 1808 par la Banque de France, peu de temps après sa création par Napoléon Bonaparte en 1800. La Galerie dorée a subi de nombreux travaux depuis cette acquisition. Elle a notamment été démontée et remontée par Charles Questel entre 1870 et 1876 par suite de glissements de terrain et de la dégradation des fondations due à une très forte sécheresse. Au cours de cette reconstruction, il n’a pas été possible de sauvegarder les fresques de François Perrier mais elles ont été reproduites sous forme de toile marouflée. En revanche, les boiseries de F. A. Vassé, d’époque « Régence », ont été totalement conservées. Des copies des oeuvres originales saisies à la Révolution et exposées principalement au Louvre, furent réalisées.
Utilisée initialement par la Banque de France, banque privée à l’époque, pour la réunion de l’assemblée générale des 200 plus gros actionnaires (les « 200 Familles »), la Galerie dorée a accueilli, depuis, des réunions internationales, conférences, concerts et réceptions diverses.
Depuis plus d’un siècle, de nombreux travaux ont été entrepris (peinture, dorure, éclairage, chauffage, électricité, etc…) mais sans restauration des supports. Peu à peu, l’état de la Galerie s’est dégradé: encrassement important des peintures et de la voûte, perte de tension des châssis des toiles insérées dans les boiseries, ouverture de joints et de fissures dans les panneaux sculptés.
Une étude récente, menée par la Société Perrot & Richard Architectes, a permis de déterminer que les désordres et altérations provenaient à la fois des travaux anciens (électrification au début du 20ème siècle) et du chauffage (ancien et actuel). Elle a préconisé, sur le plan technique, une amélioration du vitrage, le déplacement des grilles de soufflage et la réfection des systèmes d’éclairage et, sur le plan artistique, le nettoyage des peintures (voûtes et tableaux) et la restauration puis la dorure des sculptures et des boiseries d’époque qui sont classées.
Avant le démarrage du chantier, il a d’abord été nécessaire d’effectuer un relevé extrêmement précis, notamment des boiseries et de la voûte qui culmine à 8 mètres de hauteur : l’ensemble de la Galerie a été numérisé par balayage laser par la Société Arts Graphique et Patrimoine.
Il a été décidé que les boiseries et les peintures de la voûte seraient restaurées sur place, ce qui a nécessité le montage d’un échafaudage sur l’ensemble de la Galerie. Les boiseries ont été confiées aux Ateliers de la Chapelle. Pour supporter le poids de cet échafaudage, le parquet a été totalement démonté et le sol renforcé par des structures métalliques.
En revanche, les toiles insérées dans les boiseries ont été enlevées et restaurées en atelier.
Ce chantier a nécessité l’intervention de dizaines d’ouvriers, artisans et compagnons de tous corps de métier. La dorure à la feuille a été réalisée par les Ateliers Goha rd. Plus de 22 500 feuilles d’or de quelques microns d’épaisseur ont été nécessaires. Au total 282,5 grammes d’or pur ont été utilisés pour recouvrir près de 200 m² de décors. Vingt-quatre appliques et 27 468 LED à basse consommation pilotées par microprocesseur assurent un éclairage sur mesure conçu par la société Feerick.
L’ensemble des lambris a été repeint en « blanc de roi », sa couleur d’origine, en remplacement du vert précédent, issu d’une restauration intermédiaire, redonnant ainsi à la Galerie son aspect initial. Enfin, le parquet a, lui aussi, été complètement restauré.
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