La consommation des ménages a été fortement affectée par la crise du Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine. Ces chocs ont été suivis de hausses de prix plus ou moins fortes selon les produits, induisant un changement dans la structure des prix relatifs et donc dans le comportement des consommateurs. Dans ce billet, nous analysons deux mesures de la consommation : les dépenses en valeur en euros courants, et celles en volume, corrigées de la hausse des prix et qui retracent donc directement les quantités consommées.
Après avoir fortement diminué en 2020 et 2021, la consommation en volume a retrouvé son niveau d’avant crise et le dépasse même de près de 3 % en volume au 3ème trimestre 2024.
Toutefois, son rythme de croissance reste inférieur de près de 4 % à sa tendance calculée sur la période 2015-2019 (Graphique 1).
En valeur, alors que le rythme de croissance n’était que légèrement supérieur à celui en volume avant la crise, il est beaucoup plus élevé depuis 2022. On observe ainsi une forte hausse de la consommation en valeur depuis 2019 (+21 %), reflétant la forte hausse des prix.
Ces chocs ont affecté la structure de la consommation par produit. En volume, la consommation en biens a diminué de 4 % entre 2019 et 2024, alors que celle en services a augmenté de 11 %. En valeur, la consommation des ménages a augmenté pour les biens (+15 %) et plus encore pour les services (+27 %). Au sein des biens et services, on peut distinguer plusieurs catégories de produits.
Pour certains produits, la hausse de la consommation en valeur s’accompagne d’une baisse de la consommation en volume
Pour certains produits, en comparaison à la tendance 2015-2019, on observe une hausse de la consommation en valeur, alors que celle en volume a baissé : les produits alimentaires, les produits énergétiques, les autres biens industriels, les services de commerce, et les services de transport (Graphique 2). La hausse des prix sur ces produits s’est traduite par une baisse de la consommation en volume, avec une élasticité-prix inférieure à l’unité.
La baisse de la consommation alimentaire et en énergie, en lien avec la forte hausse des prix de ces biens, a été documentée par l’Insee. Dans sa note de conjoncture d’octobre 2023, l’Insee interrogeait les ménages sur leurs changements d’habitude de consommation du fait de l’inflation. Près de trois quarts des ménages déclaraient avoir modifié leurs comportements de consommation. Les dépenses d’énergie pour le logement représentaient le poste pour lequel les ménages étaient les plus nombreux à avoir modifié leurs habitudes (51 %), suivi par l’alimentation (47 %). Dans le cas de l’alimentation, cette diminution de la consommation en volume peut refléter des baisses effectives des quantités consommées, mais aussi des changements dans la qualité des produits achetés (recours plus fréquent à des produits d’entrée de gamme (Insee (2023)) ). Par ailleurs, les ménages n’ont pas tous été exposés de la même façon à l’accélération des prix, car la structure de la consommation diffère entre catégories de ménages (Insee (2023)). L’inflation a ainsi été plus élevée pour les ménages les plus âgés, pour ceux vivant dans des communes rurales ou de petite taille, ou encore pour les ménages modestes.
Graphique 2 : Consommation des ménages par produit en valeur et en volume, base 100 au 4e trimestre 2019