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- Bulletin économique de la BCE n°7/2025
Le Bulletin économique résulte de l'obligation légale faite à la BCE de publier des rapports sur les activités du SEBC au moins chaque trimestre (en vertu de l’article 15.1 des Statuts du SEBC). Les éditions publiées après les réunions de politique monétaire de mars, juin, septembre et décembre fournissent une analyse approfondie des évolutions économiques et monétaires.
Évolutions économiques, financières et monétaires
Synthèse
Lors de sa réunion du 30 octobre 2025, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser inchangés les trois taux directeurs de la BCE. L’inflation reste proche de la cible de 2 % à moyen terme et l’évaluation, par le Conseil des gouverneurs, des perspectives d’inflation est globalement inchangée. L’économie a continué de croître en dépit du contexte mondial difficile. La robustesse du marché du travail, la solidité des bilans du secteur privé et les réductions passées des taux d’intérêt directeurs décidées par le Conseil des gouverneurs demeurent d’importantes sources de résilience. Les perspectives restent toutefois incertaines, en particulier en raison des différends commerciaux au niveau mondial et des tensions géopolitiques.
Le Conseil des gouverneurs est déterminé à assurer la stabilisation de l’inflation au niveau de sa cible de 2 % à moyen terme. Il suivra une approche s’appuyant sur les données pour définir, réunion par réunion, l’orientation appropriée de la politique monétaire. Plus particulièrement, les décisions du Conseil des gouverneurs relatives aux taux d’intérêt seront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation et des risques entourant ces perspectives, compte tenu des données économiques et financières disponibles, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire. Le Conseil des gouverneurs ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière.
Activité économique
La croissance de l’économie s’est établie à 0,2 % au troisième trimestre 2025, selon l’estimation rapide préliminaire d’Eurostat publiée le 30 octobre. L’activité dans les services a continué de progresser, soutenue par la vigueur du secteur du tourisme et, plus particulièrement, par un rebond des services numériques. Selon plusieurs enquêtes, ce rebond reflète les efforts accrus des entreprises en vue de moderniser leurs infrastructures informatiques et d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs opérations. L’activité manufacturière, en revanche, a été freinée par la hausse des droits de douane, l’incertitude encore vive et l’appréciation de l’euro.
La divergence entre la demande intérieure et extérieure devrait persister à court terme. L’économie bénéficierait davantage des dépenses de consommation grâce à la hausse des revenus réels. Le chômage, qui est ressorti à 6,3 % en septembre, reste à un niveau proche de son point bas de très long terme, même si la demande de main-d’œuvre s’est atténuée. Les ménages continuent d’épargner une part inhabituellement importante de leurs revenus, ce qui devrait les placer dans une meilleure situation en vue d’augmenter leurs dépenses. Les fortes dépenses publiques dans les infrastructures et la défense, ainsi que des réductions passées des taux directeurs décidées par le Conseil des gouverneurs, devraient soutenir les investissements.
À l’inverse, l’environnement mondial resterait un frein. Les exportations de biens ont diminué de mars à août, ce qui a annulé l’anticipation des échanges internationaux observée précédemment en vue des hausses annoncées des droits de douane. Les nouvelles commandes à l’exportation dans le secteur manufacturier signalent des baisses supplémentaires. L’incidence globale des relèvements des droits de douane sur les exportations de la zone euro et les investissements dans le secteur manufacturier n’apparaîtra qu’avec le temps.
Le Conseil des gouverneurs souligne le besoin urgent de renforcer la zone euro et son économie dans l’environnement géopolitique actuel, et salue la réaffirmation de cette ambition par les dirigeants européens lors du Sommet de la zone euro, le 23 octobre 2025. Les politiques budgétaires et structurelles devraient stimuler la productivité, la compétitivité et la capacité de résistance. Une mise en œuvre rapide du plan d’action pour la compétitivité de la Commission européenne est essentielle. Il appartient aux gouvernements de privilégier les réformes structurelles et les investissements stratégiques favorables à la croissance tout en assurant la pérennité des finances publiques. Il est également vital de favoriser la poursuite de l’intégration des marchés de capitaux en achevant l’union pour l’épargne et l’investissement et l’union bancaire selon un calendrier ambitieux, et de rapidement adopter le règlement établissant un euro numérique.
Le Conseil des gouverneurs est déterminé à adapter la monnaie de banque centrale, pour les transactions de détail et de gros, aux défis de l’ère numérique. Dans ce contexte, le Conseil des gouverneurs a décidé, lors de sa réunion du 30 octobre 2025, de lancer la prochaine phase du projet d’euro numérique. Celle-ci sera consacrée aux préparatifs techniques en vue d’une éventuelle émission qui, lorsque la législation aura été adoptée, renforcera la souveraineté numérique de l’Europe. Les détails de cette décision sont présentés dans un communiqué de presse à ce sujet1.
Inflation
L’inflation annuelle s’est établie à 2,2 % en septembre 2025, après 2,0 % en août, principalement sous l’effet d’un recul moins prononcé qu’auparavant des prix de l’énergie. La variation des prix de l’énergie s’est établie à – 0,4 % en septembre, après – 2,0 % en août. L’augmentation des prix des produits alimentaires est quant à elle revenue de 3,2 % en août à 3,0 % en septembre. L’inflation hors produits alimentaires et énergie a atteint 2,4 %, contre 2,3 % en août, la hausse des prix des services étant passée de 3,1 % à 3,2 %, alors que le renchérissement des biens se maintenait une nouvelle fois à 0,8 %.
Les indicateurs de l’inflation sous-jacente restent conformes à la cible du Conseil des gouverneurs de 2 % à moyen terme. Même si les bénéfices des entreprises se redressent, la modération des coûts de main-d’œuvre devrait se poursuivre du fait de la hausse de la productivité et de l’atténuation de la croissance des salaires. Les indicateurs prospectifs, notamment l’outil de suivi des salaires de la BCE et les enquêtes sur les anticipations relatives aux salaires, signalent un ralentissement de la croissance des salaires pendant le reste de 2025 et au premier semestre 2026.
La plupart des mesures des anticipations d’inflation à plus long terme continuent de s’établir autour de 2 %, favorisant la stabilisation de l’inflation au niveau de la cible du Conseil des gouverneurs.
Évaluation des risques
L’accord commercial conclu entre l’UE et les États-Unis pendant l’été, associé au cessez-le-feu annoncé au Moyen-Orient et aux avancées dans les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont atténué certains risques à la baisse pesant sur la croissance économique. Cela étant, l’environnement commercial mondial toujours volatil pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement, réduire davantage les exportations et peser sur la consommation et l’investissement. Une détérioration de la confiance sur les marchés financiers pourrait entraîner un durcissement des conditions de financement, une plus grande aversion au risque et un affaiblissement de la croissance. Les tensions géopolitiques, en particulier la guerre injustifiée menée par la Russie contre l’Ukraine, demeurent une source majeure d’incertitude. En revanche, une augmentation plus importante que prévu des dépenses consacrées à la défense et aux infrastructures, associée à des réformes visant à accroître la productivité, favoriserait la croissance. Une amélioration de la confiance des entreprises pourrait stimuler l’investissement privé. Une diminution des tensions géopolitiques persistantes, ou une résolution plus rapide que prévu des différends commerciaux encore présents, pourrait aussi stimuler la confiance et l’activité.
Les perspectives d’inflation restent plus incertaines que d’ordinaire, en raison de la volatilité persistante des politiques commerciales dans le monde. Avec l’appréciation de l’euro, le ralentissement de l’inflation pourrait être plus marqué qu’attendu. L’inflation pourrait aussi être plus faible si l’augmentation des droits de douane provoque une baisse de la demande d’exportations adressée à la zone euro et une nouvelle hausse des exportations depuis les pays en surcapacité vers la zone euro. Une hausse de la volatilité et de l’aversion au risque sur les marchés financiers pourrait peser sur la demande intérieure et ainsi faire reculer l’inflation. À l’inverse, l’inflation pourrait être plus forte si une fragmentation des chaînes d’approvisionnement mondiales pousse les prix à l’importation à la hausse, réduit l’offre de matières premières critiques et renforce les contraintes de capacité au sein de la zone euro. Un accroissement des dépenses consacrées à la défense et aux infrastructures pourrait également attiser l’inflation à moyen terme. Des phénomènes météorologiques extrêmes et, plus généralement, l’évolution de la crise climatique et naturelle pourraient conduire à une hausse des prix des produits alimentaires plus importante qu’anticipé.
Conditions financières et monétaires
Depuis la dernière réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs, le 11 septembre 2025, les taux d’intérêt de marché sont restés globalement inchangés. Les réductions passées des taux directeurs ont continué de pousser à la baisse les taux débiteurs bancaires appliqués aux entreprises, qui se sont établis à 3,5 % en moyenne en août. Parallèlement, le coût du financement par endettement de marché est resté inchangé, à 3,5 %, en août, les rendements à plus long terme fondant la tarification de ce type de dette étant restés relativement stables.
Le taux de croissance annuel des prêts bancaires aux entreprises a légèrement diminué, à 2,9 % en septembre, après 3,0 % en août. Dans le même temps, la hausse des émissions d’obligations des entreprises s’est ralentie à 3,3 % en rythme annuel. Selon l’enquête d’octobre 2025 sur la distribution du crédit bancaire dans la zone euro, les critères d’octroi de prêts aux entreprises se sont modérément durcis au troisième trimestre du fait des inquiétudes croissantes des banques face aux risques auxquels leurs clients sont confrontés. La demande de prêts des entreprises a légèrement augmenté.
Le taux d’intérêt moyen sur les nouveaux prêts hypothécaires n’a pratiquement pas changé depuis début 2025 et s’est élevé à 3,3 % en août. La croissance des prêts hypothécaires s’est faiblement accélérée, à 2,6 % en septembre contre 2,5 % en août, sous l’effet d’une nouvelle hausse de la demande et de critères d’octroi inchangés au troisième trimestre.
La croissance de la monnaie au sens large, mesurée par l’agrégat monétaire M3, est revenue à 2,8 % en septembre, après 2,9 % en août et une moyenne de 3,8 % sur le premier semestre de l’année.
Décisions de politique monétaire
Les taux d’intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal ont été laissés inchangés, à respectivement 2,00 %, 2,15 % et 2,40 %.
Les portefeuilles du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP) et du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (pandemic emergency purchase programme, PEPP) se contractent à un rythme mesuré et prévisible, car l’Eurosystème ne réinvestit plus les remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance.
Conclusion
Lors de sa réunion du 30 octobre 2025, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser inchangés les trois taux directeurs de la BCE. Le Conseil des gouverneurs est déterminé à assurer la stabilisation de l’inflation au niveau de son cible de 2 % à moyen terme. Il suivra une approche s’appuyant sur les données pour définir, réunion par réunion, l’orientation appropriée de la politique monétaire. Les décisions du Conseil des gouverneurs relatives aux taux d’intérêt seront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation et des risques entourant ces perspectives, compte tenu des données économiques et financières disponibles, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire. Le Conseil des gouverneurs ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière.
En toute hypothèse, le Conseil des gouverneurs se tient prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments, dans le cadre de son mandat, pour assurer une stabilisation durable de l’inflation au niveau de sa cible à moyen terme et pour préserver la bonne transmission de la politique monétaire.
1 Cf. « L’Eurosystème ouvre la prochaine étape du projet d’euro numérique », communiqué de presse, BCE, 30 octobre 2025.
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Mise à jour le 13 Novembre 2025