Un des aspects de la compétitivité des pays réside dans leur capacité à acquérir, ou au moins maintenir, des parts de marchés à l’étranger. Pour cela, les facteurs liés au prix, et donc principalement aux coûts de production, sont importants. Cependant des aspects qualitatifs entrent également en ligne de compte, tels que la qualité des produits, l’innovation, la force des marques, et les politiques commerciales menées par les gouvernements (accords bilatéraux, etc.). Tous ces facteurs liés à la capacité à exporter indépendamment du prix sont appelés communément compétitivité « hors-prix », par opposition à la compétitivité "prix" qui désigne la capacité à exporter à des prix inférieurs à ceux des concurrents.
L’objectif de cet article est d’identifier les parts respectives de ces deux facteurs de la compétitivité dans l’évolution des exportations d’un ensemble de pays. Pour ce faire, la méthodologie retenue ici consiste à identifier la compétitivité hors-prix à partir du facteur prix. L’originalité réside dans la méthode de calcul du facteur prix qui tient compte non seulement des secteurs exportateurs, mais aussi de l’ensemble des secteurs contribuant indirectement aux exportations, qu’ils soient résidents ou non.
Cette approche semble plus adaptée dans un contexte de fragmentation internationale croissante de la production au sein de chaînes de valeur mondiales (CVM). Il en résulte, depuis les années 1990, une augmentation de la part des biens et services intermédiaires (intrants) importés dans la production des exportations. L’Iphone, par exemple, est ainsi conçu en Californie, intègre divers composants produits mondialement, qui sont ensuite assemblés en Chine. Le coût de production final dépend par conséquent de l’évolution des coûts dans l’ensemble des pays ayant pris part à la chaîne de production et ne se limite donc pas à celui de l’industrie chinoise, qui exporte le produit fini.
Les évolutions survenues en France depuis les années 1990 illustrent bien ce phénomène : le contenu importé dans ses exportations est passé de 20 % à 30 % entre 1995 et 2011, tandis que la valeur ajoutée indirecte issue des secteurs de services résidents représente 54 % de la chaîne de valeur manufacturière du pays en 2011, contre 45 % en 1995 (Cezar et al., 2017).
[Pour lire la suite, télécharger l'article]