Bulletin de la Banque de France

Comité européen du risque systémique : quinze ans d’existence et de nouveaux défis pour la stabilité financière

Mise en ligne le 23 Décembre 2025
Auteurs : Jules Joyez, Aubert Massengo, Quentin Michel, Salomé Willer

Bulletin no 261, article 6. Le quinzième anniversaire de la création du Comité européen du risque systémique (European Systemic Risk Board – ESRB) permet d’établir un bilan du fonctionnement de cette instance. Créé après la crise financière de 2008, l’ESRB a pour vocation de prévenir et d’atténuer le risque systémique, c’est-à-dire le risque que des perturbations affectent l’ensemble du système financier européen. L’ESRB a ainsi déployé un cadre commun d’analyse de ces risques. Il a également contribué à les limiter en alertant les autorités nationales sur de nouvelles menaces (le risque immobilier en 2019, la finance non bancaire, etc.). Désormais, l’ESRB doit ajuster son action, en se concentrant sur les travaux ayant une implication globale tout en s’appuyant davantage sur les contributions de ses membres afin d’optimiser son efficacité opérationnelle. Il doit aussi mieux prendre en compte l’ensemble des risques susceptibles d’affecter la stabilité financière, y compris les tendances à long terme (démographiques ou technologiques par exemple).

image Image Aperçu des recommandations adoptées par le Comité européen du risque systémique Thématique Système financier Catégorie Bulletin de la Banque de France
Comité européen du risque systémique : quinze ans d’existence et de nouveaux défis pour la stabilité financière

Jusqu’à la crise financière de 2008, l’attention des régulateurs financiers portait principalement sur la surveillance individuelle des acteurs (surveillance microprudentielle), sans prendre suffisamment en compte l’exposition du système financier dans son ensemble à des risques systémiques (surveillance macroprudentielle).

Ce constat a conduit à renforcer considérablement l’encadrement des acteurs et des activités financières à travers le monde. En Europe, sur proposition de Jacques de Larosière, gouverneur honoraire de la Banque de France, le législateur a mis en place, le 24 novembre 2010, le système européen de surveillance financière (SESF). Celui-ci comprend notamment le Comité européen du risque systémique (European Systemic Risk Board – ESRB) ainsi que les autorités macroprudentielles nationales. L’ESRB est chargé d’assurer la « surveillance macroprudentielle du système financier de l’Union [européenne] dans le but de contribuer à la prévention ou à l’atténuation des risques systémiques pour la stabilité financière de l’Union ». La composition large de l’ESRB assure une approche transversale de l’identification des risques systémiques, avec notamment la présence des banques centrales nationales et des autorités sectorielles de supervision.

En quinze ans, les réalisations de l’ESRB ont été importantes dans plusieurs domaines (Rehn et al., 2024). Il a en particulier mis en place un cadre commun pour la politique macroprudentielle en Europe et a fait usage des instruments de droit souple à sa disposition.

L’ESRB fait désormais face à de nouveaux défis qui conduisent à faire évoluer ses missions. Parmi ceux-ci figurent le rôle croissant de la Banque centrale européenne (BCE) depuis la création du Mécanisme de supervision unique des banques, ainsi que les effets du Brexit. Par ailleurs, il est nécessaire d’identifier les risques le plus en amont possible avec des tests de résistance à l’échelle de l’ensemble du secteur financier. Enfin, il est indispensable de simplifier la prévention des risques systémiques et de renforcer son efficacité (Villeroy de Galhau, 2025).


1 L’ESRB a été créé pour coordonner la surveillance macroprudentielle européenne

La crise financière de 2008 a révélé d’importantes lacunes dans le dispositif de supervision financière. Il ne prenait pas suffisamment en compte le « risque systémique », c’est-à-dire le risque que des perturbations affectent la stabilité de l’ensemble du système financier. C’est pourquoi les dirigeants du G20 se sont engagés, lors du sommet de Londres en avril 2009, à adopter un cadre de supervision macroprudentielle ayant pour but de contribuer à la prévention ou à l’atténuation du risque systémique. …
 

Mise à jour le 23 Décembre 2025