1. Ajustement du coût du travail lors des chocs
Les données microéconomiques sur les variations salariales et les résultats d’enquêtes sur la fixation des salaires ont révélé que, si les salariés sont réticents à accepter des réductions de leurs salaires nominaux, les entreprises semblent également réticentes à procéder à de telles réductions, même en présence de chocs négatifs importants. Ces baisses de salaire sont en effet susceptibles de démotiver le personnel et d’entraîner une baisse de productivité et une hausse des démissions (cf. par exemple : Stiglitz, 1974 ; Solow, 1979 ; ou, plus récemment, Du Caju et al., 2015, étude qui tient compte des résultats de la première vague de l’enquête discutée dans cet article). Le degré de rigidité à la baisse des salaires nominaux détermine, entre autres facteurs, la rapidité, la nature et le coût de la réponse des entreprises à des chocs économiques. L’importance de la rigidité à la baisse des salaires nominaux dépend des leviers d’ajustement des coûts salariaux, autres que les salaires de base, dont disposent les entreprises en cas de besoin. À cet égard, elles ont recours à différentes combinaisons de systèmes de rémunération et d’incitation. Si les salaires de base ou négociés se caractérisent généralement par une rigidité à la baisse, elles peuvent les ajuster en utilisant d’autres composantes de la rémunération – peut-être moins importantes ou ayant moins de visibilité pour les salariés que les salaires de base. Réduire l’emploi est également une solution possible pour réduire les coûts, notamment en cas de rigidité à la baisse des salaires nominaux. Ces considérations amènent à réfléchir à la manière dont les entreprises ajustent leurs salaires, à partir des données recueillies par les enquêtes consacrées à ces questions.
À cet égard, une enquête menée auprès d’entreprises de 25 pays de l’Union européenne (UE) dans le cadre de la troisième vague du réseau sur les dynamiques salariales (Wage Dynamics Network, WDN) fournit un ensemble de données particulièrement pertinentes. Ce réseau de recherche de l’Eurosystème, créé en 2006, a été réactivé en 2013 afin d’évaluer les ajustements du marché du travail sur la période 2010-2013 (cf. encadré). Ces années, qui suivent la Grande Récession de 2008, ont été marquées dans l’UE par la crise de la dette souveraine, qui a touché les pays de manière très diverse. En effet, à la suite de la crise financière, le PIB des membres de l’UE a chuté de 4,3 % en 2009, avec de fortes disparités d’un pays à l’autre.
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