Note : Le rétablissement personnel, ou effacement total des dettes, est proposé aux débiteurs qui sont dans les situations financières les plus difficiles et qui n’ont aucune capacité de remboursement.
Le traitement du surendettement, destiné aux personnes et ménages dans l'impossibilité manifeste de faire face à l'ensemble de leurs dettes, a trente ans. Le nombre de dossiers déposés, qui avait crû dans les années 1990 et 2000, a baissé de 38 % entre 2014 et 2019, grâce à la législation contre les pratiques excessives en matière de crédit, à la réduction du chômage et à l’amélioration de la solvabilité des ménages permise par la baisse des taux et les renégociations de crédits. Le cadre légal d’accompagnement des ménages surendettés, les modalités de traitement des dossiers et même les objectifs assignés à la procédure ont profondément évolué en trente ans, tout comme le profil des surendettés. Dans la décennie 1990, la part des ménages surendettés non dépourvus de ressources mais confrontés à un excès de crédits, à la consommation en particulier, était élevée. Au fil des années, la procédure de surendettement s’est concentrée sur les personnes les plus fragiles financièrement, notamment les femmes vivant seules avec leurs enfants.
Même si cela s’est amélioré au début de l’actuelle décennie, les femmes sont toujours plus surendettées que les hommes : dans les tranches d'âge les plus concernées par le surendettement (de 25 à 54 ans), elles représentent 55 % des débiteurs dont le dossier de surendettement a été considéré recevable en France en 2019 (graphique 1, Enquête typologique du surendettement 2019), alors qu’elles ne sont que légèrement plus nombreuses que les hommes au sein de la tranche d’âge concernée (moins de 51 %).
Les dettes ne sont pas uniquement constituées de crédits. Il s’agit de plus en plus souvent de loyers impayés, de dettes fiscales, de factures d’eau ou d’électricité, de frais de cantine scolaire, etc. Lorsque la commission de surendettement estime que le débiteur n’est pas en capacité de rembourser (étant donné ses ressources et charges incompressibles), elle impose un effacement total des dettes. Les femmes sont encore plus nombreuses dans ces cas les plus précaires (dits de « rétablissement personnel » ou de faillite personnelle) : leur part dépasse 59 %.
La principale différence entre les femmes et les hommes surendettés vient de la composition des ménages : 26,3 % des femmes surendettées sont cheffes de famille monoparentale (contre 9,2 % dans la population féminine française, cf. graphique 2). Ce chiffre est à comparer à 3,6 % d’hommes chefs de famille monoparentale parmi les surendettés (contre 2,4 % dans la population masculine totale). La surexposition des mères cheffes de famille monoparentale est encore plus importante chez les personnes surendettées les plus démunies puisque leur part passe à 35,6 % parmi les femmes surendettées bénéficiant d’un effacement de toutes leurs dettes.