Observatoire

Rapport de l’Observatoire de l’inclusion bancaire 2024

Mise en ligne le 27 Juin 2025
Fronton - Banque de France - la Vrillière

Par François Villeroy de Galhau

L’Observatoire de l’inclusion bancaire (OIB) a pour mission d’assurer à l’ensemble des citoyens un accès aux services bancaires indispensables, contribution importante à la cohésion sociale dans notre pays. Il veille tout particulièrement à ce que les plus fragiles financièrement soient identifiés et informés des dispositifs d’inclusion financière, et s’assure également qu’ils soient accompagnés et protégés en cas de besoin.

Nous avons célébré il y a quelques semaines à la Banque de France le dixième anniversaire de l’Observatoire de l’inclusion bancaire. Ce fut l’occasion de rappeler qu’il est né d’une conviction forte – à rebours peut-être de la vue commune – que la finance et les banques peuvent constituer un levier d’inclusion sociale. C’est aussi la réussite d’une démarche partenariale associant les autorités publiques, les banques et les associations, qui n’ont cessé d’échanger pour aboutir à des engagements ainsi qu’à des avancées concrètes dont nous pouvons collectivement être fiers et nous féliciter.

En une décennie d’actions de l’Observatoire, plusieurs éléments de satisfaction sont à souligner, fruits du travail collectif de ses membres :

  • Notre procédure de traitement des situations de surendettement est l’une des plus abouties d’Europe, et les niveaux actuels de dépôts, malgré la hausse observée en 2023 et 2024, restent très en deçà de celui d’il y a dix ans (– 42 % par rapport à 2014) ;
     
  • Le nombre de désignations dans le cadre de la procédure de droit au compte diminue régulièrement (– 57 % par rapport au pic de 2015), ce qui atteste d’un meilleur accès au compte bancaire ;
     
  • Le microcrédit est un outil efficace d’inclusion financière, dont les encours ont dépassé les 2,1 milliards d’euros fin 2024 ;
     
  • 4,6 millions de personnes étaient identifiées comme fragiles financièrement en décembre 2024 (+ 97,6 % par rapport à 2015). Davantage d’entres elles souscrivent l’offre clientèle fragile (OCF), qui protège les clients fragiles qui acceptent d’y souscrire. Elles étaient plus de 1,1 million fin 2024, soit + 362 % par rapport à 2015;
     
  • Les frais bancaires des clients fragiles financièrement ont baissé de façon significative, conséquence des engagements pris dans le cadre de l’OIB : – 34 % entre 2018 et 2024 pour l’ensemble des frais bancaires liés au compte (de 304 euros à 201 euros par an) et – 28 % entre 2019 et 2024 pour les frais d’incidents bancaires (de 151 euros à 108 euros par an). Cette baisse se poursuit, également pour les bénéficiaires de l’OCF ;
     
  • Les actions et les initiatives collectives, mises en œuvre par les associations et les structures sociales, membres de l’OIB et des conseils départementaux de l’inclusion financière (CDIF), les banques et les pouvoirs publics, se développent au profit de la prévention de l’exclusion financière.

Aussi satisfaisants que soient ces résultats, il n’est pas question de s’assoupir, et nous devons désormais pérenniser les acquis considérables issus du travail partenarial des membres de l’Observatoire et des CDIF.

C’est ainsi qu’en 2024, année marquée positivement par la victoire contre l’inflation, les membres de l’Observatoire et des CDIF sont restés très mobilisés pour assurer une veille active sur la conjoncture économique et sociale, de même que sur l’évolution des difficultés financières des ménages afin de prévenir au mieux le risque de surendettement.

Nous devons suivre quatre points de vigilance :
    

  • Sur le surendettement, les dépôts de dossiers marquent un regain depuis la fin de l’année 2023. Néanmoins, leur nombre en 2024 demeure sensiblement inférieur à celui de la période prépandémique (– 5,8 % par rapport à 2019) et très en deçà du niveau d’il y a dix ans (– 42 % par rapport à 2014). De même, le nombre total de personnes surendettées, et inscrites à ce titre au Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP), est en constante diminution depuis dix ans (– 44 %, à 480 000 personnes), avec des flux sortants très supérieurs aux flux entrants ;
     
  • La diffusion croissante de nouveaux produits, comme les minicrédits ou les paiements fractionnés, fait peser des risques accrus sur les publics fragiles. Il sera essentiel de renforcer leur encadrement dans les mois à venir, notamment avec la transposition en cours de la récente directive sur le crédit à la consommation. À ce titre, l’Observatoire recommande fortement la consultation systématique du FICP par tous les acteurs avant l’octroi d’un crédit ;
     
  • Sur le droit au compte, la dématérialisation des échanges entre la Banque de France et les banques doit aboutir rapidement. Les acteurs bancaires doivent maintenant faire leur part en adhérant à ce projet d’ici à la fin 2025 ;
     
  • L’écosystème du microcrédit évolue, mais des alertes apparaissent sur le financement de son accompagnement. Pour l’Observatoire, cet accompagnement est la caractéristique essentielle et la clé de la réussite du dispositif français de microcrédit : il doit pouvoir être maintenu pour assurer la pérennité de ce dispositif d’inclusion financière très efficace.

Je remercie une fois encore les membres de l’Observatoire ainsi que des conseils départementaux de l’inclusion financière pour leurs actions et leur détermination en faveur de l’inclusion financière.

Je salue aussi le travail des femmes et des hommes de la Banque de France, présents sur tout le territoire au travers de notre réseau de 105 implantations. Ils sont engagés au quotidien dans la mise en œuvre des dispositifs d’inclusion financière et l’information au profit des particuliers, notamment les plus fragiles.
 

Mise à jour le 27 Juin 2025