Historiquement, les échanges d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) ont eu des impacts majeurs sur les balances des paiements et les flux financiers associés. La transition bas carbone devrait conduire à une baisse de ces échanges au profit d’énergies renouvelables, et à une redirection des flux de capitaux pour faire face aux besoins d’investissements importants durant la transition. La répartition géographique de ces flux financiers reste cependant difficile à prévoir et dépendra des stratégies de transition individuelles des pays, incluant les politiques industrielles mises en œuvre, et de l’appétence des investisseurs privés à y prendre part. Nous illustrons certains de ces mécanismes à partir de simulations macroéconomiques. Nous étudions d’abord l’impact sur les balances courantes des scénarios de long terme de transition bas carbone du Réseau pour le verdissement du système financier (NGFS). Nous analysons ensuite des variantes de ces scénarios NGFS en simulant différents modes de financement des investissements publics nécessaires à la transition. Nous discutons enfin les incertitudes liées aux choix de modélisation et des anticipations des agents.
1 Impact de la transition bas carbone sur les balances courantes
Une baisse du commerce mondial à court terme
La plupart des scénarios de transition se matérialisent par la mise en place d’un prix du carbone croissant pour modifier les prix relatifs entre produits/secteurs bruns et verts, et inciter ainsi à la transition. Nous nous appuyons ici sur le scénario du NGFS qui inclut les engagements des pays dans le cadre de l’accord de Paris (nationally determined contributions, NDC). L’encadré suivant explique succinctement les hypothèses de ce scénario.
Ce scénario conduirait à une chute de la consommation mondiale d’énergie fossile de l’ordre de 15 % en 2050 par rapport au scénario de référence, et à une chute du prix du pétrole d’environ 20 %. De ce fait, et étant donné les délais d’ajustement nécessaires du mix énergétique, le PIB de la plupart des pays chuterait de manière plus ou moins importante à court terme selon les caractéristiques énergétiques de chacun. Sur les échanges, les pays avancés subiraient une forte chute de leurs importations et de leurs exportations du fait du renchérissement des intrants carbonés et de la baisse de production qui en découle, malgré l’essor des échanges d’intrants minéraux et de produits semi finis et finis dans le cadre de la transition énergétique (cf. annexe 1 sur les modifications de la structure du commerce mondial).