Afrique-France

Perspectives de financement en Afrique et dans les pays à faible revenu

Mise en ligne le 3 Novembre 2025
Auteurs : Aurélien Guillou

Depuis la crise de la Covid‑19 en 2020, les pays africains et à faible revenu ont fait face à une succession de chocs externes et à un tarissement des financements internationaux 1 (« funding squeeze »).
Alors qu’en 2024 les déséquilibres externes et budgétaires de ces pays semblaient en voie de résorption et que l’accès aux marchés internationaux a été rétabli, la baisse marquée de l’aide publique au développement (APD) a constitué un nouveau défi, tant en matière de couverture des besoins de liquidité à court terme, de maîtrise du coût du capital, que de financement des Objectifs de développement durable (ODD) à moyen terme. Face à ce constat, plusieurs pistes existent pour soutenir les flux concessionnels et redéfinir les priorités en matière de financement du développement.

 

1| Les pays à faible revenu sont confrontés à d’importants défis de financement

Des financements externes mieux orientés en 2024, mais un service de la dette préoccupant


Les effets du tarissement des financements externes observés depuis 2020 ont commencé à s’estomper en 2024. Tout d’abord, la situation financière des pays d’Afrique subsaharienne (ASS) et à faible revenu (PFR) s’est améliorée ou stabilisée, avec une baisse des déficits budgétaires de 0,6 point de pourcentage (pp) de PIB, à 3,1 % du PIB dans les PFR, et une stabilisation en ASS, autour de 4 %. Ces pays ont avant tout financé ces déficits en recourant aux marchés de titres en devises locales, et les pays frontières 2 ont profité de la réouverture des marchés internationaux en 2024 (12 milliards de dollars US levés par huit pays d’ASS). La dette publique des pays d’ASS a ainsi légèrement reculé en 2024 (57,6 % du PIB, contre 60,8 % en 2023, hors Afrique du Sud et Nigéria), tandis que la reprise des flux nets d’investissements directs étrangers (IDE) et des transferts de fonds des migrants a contribué à la réduction des déficits externes (cf. chapitre 1). Toutefois, d’importants aléas baissiers, tant climatiques que géopolitiques, continuent de peser sur les Trésors publics de ces pays, ainsi que sur les réserves internationales, notamment pour les pays exportateurs de matières premières 3.

Par ailleurs, la dynamique de la dette jusqu’en 2023, combinée à une hausse du coût du capital, pèse sur
les finances publiques.
Le seul paiement des intérêts de la dette représente désormais plus de 12 % des
recettes publiques pour le pays médian en ASS en 2024 (FMI, 2025), avec des écarts très importants entre les
pays (30 % au Kenya, par exemple). Les flux de financements extérieurs nets du secteur public rapportés
au PIB ont ainsi été divisés par deux en ASS en moins de quinze ans, passant d’environ 4 % du PIB régional
au début des années 2010 à moins de 2 % en 2023 et 2024 (FMI, 2025). Les besoins liés au service de la
dette devraient demeurer importants à moyen terme, selon les projections du FMI, contrebalançant une partie
des efforts de rééquilibrage budgétaire initiés.

Les marges de manoeuvre budgétaires demeurent faibles du fait des risques de surendettement 4.

Mise à jour le 3 Novembre 2025