1| Les pays à faible revenu sont confrontés à d’importants défis de financement
Des financements externes mieux orientés en 2024, mais un service de la dette préoccupant
Les effets du tarissement des financements externes observés depuis 2020 ont commencé à s’estomper en 2024. Tout d’abord, la situation financière des pays d’Afrique subsaharienne (ASS) et à faible revenu (PFR) s’est améliorée ou stabilisée, avec une baisse des déficits budgétaires de 0,6 point de pourcentage (pp) de PIB, à 3,1 % du PIB dans les PFR, et une stabilisation en ASS, autour de 4 %. Ces pays ont avant tout financé ces déficits en recourant aux marchés de titres en devises locales, et les pays frontières 2 ont profité de la réouverture des marchés internationaux en 2024 (12 milliards de dollars US levés par huit pays d’ASS). La dette publique des pays d’ASS a ainsi légèrement reculé en 2024 (57,6 % du PIB, contre 60,8 % en 2023, hors Afrique du Sud et Nigéria), tandis que la reprise des flux nets d’investissements directs étrangers (IDE) et des transferts de fonds des migrants a contribué à la réduction des déficits externes (cf. chapitre 1). Toutefois, d’importants aléas baissiers, tant climatiques que géopolitiques, continuent de peser sur les Trésors publics de ces pays, ainsi que sur les réserves internationales, notamment pour les pays exportateurs de matières premières 3.
Par ailleurs, la dynamique de la dette jusqu’en 2023, combinée à une hausse du coût du capital, pèse sur
les finances publiques. Le seul paiement des intérêts de la dette représente désormais plus de 12 % des
recettes publiques pour le pays médian en ASS en 2024 (FMI, 2025), avec des écarts très importants entre les
pays (30 % au Kenya, par exemple). Les flux de financements extérieurs nets du secteur public rapportés
au PIB ont ainsi été divisés par deux en ASS en moins de quinze ans, passant d’environ 4 % du PIB régional
au début des années 2010 à moins de 2 % en 2023 et 2024 (FMI, 2025). Les besoins liés au service de la
dette devraient demeurer importants à moyen terme, selon les projections du FMI, contrebalançant une partie
des efforts de rééquilibrage budgétaire initiés.
Les marges de manoeuvre budgétaires demeurent faibles du fait des risques de surendettement 4.