L’inflation continue d’être, en 2023, l’enjeu économique prioritaire de l’Eurosystème, qui met en œuvre depuis 2022 une politique monétaire active pour faire revenir l’inflation à 2 %, en augmentant les taux d’intérêt.
La recherche universitaire établit que la politique monétaire est plus efficace quand les anticipations d’inflation des agents économiques sont stables et proches de la cible d’inflation. Une des conditions de la stabilité des prix à moyen terme est en effet que les ménages et les entreprises n’anticipent pas une inflation élevée. Cela perturberait sinon leurs décisions de consommation ou de fixation des prix, au risque d’entretenir cette inflation. Assurer la stabilité des prix consiste donc, pour la banque centrale, à permettre aux différents acteurs économiques de coordonner leurs décisions autour d’une cible d’inflation commune et crédible.
L’efficacité de la politique monétaire dépend alors de sa capacité à influer sur les anticipations des agents économiques, notamment des ménages (Lagarde, 2023). Or, les perceptions et les anticipations d’inflation sont très variables d’un individu à l’autre et dépendent de facteurs sociodémographiques comme l’âge ou le genre, mais aussi de leur expérience d’achat de biens spécifiques, en particulier ceux qu’ils achètent fréquemment (Bignon et Gautier, 2022). Dès lors, comment les banques centrales peuvent-elles agir sur les anticipations d’inflation des ménages ? Une condition première réside dans la confiance accordée à la banque centrale pour lutter contre l’inflation. Une communication accessible, transparente et convaincante (Hermel et Proissl, 2023) peut favoriser cette confiance, et elle sera d’autant plus efficace que les ménages et les chefs d’entreprise sont attentifs et comprennent l’action entreprise par la banque centrale (Assenmacher et al., 2022).
Afin de mesurer la connaissance des ménages sur la politique monétaire, le degré de confiance accordé à la banque centrale et l’impact de leur niveau d’attention à son action sur leurs anticipations d’inflation, la Banque de France conduit chaque année, depuis 2021, une enquête avec l’institut CSA. Celle de 2023 est intervenue entre le 28 février et le 28 mars, auprès de 5 028 résidents de 18 ans et plus représentatifs de la population française.
L’étude fait ressortir que les Français jugent important d’être informés sur la politique monétaire et ont un niveau de confiance relativement élevé dans la Banque de France et la Banque centrale européenne (BCE). Cette confiance joue un rôle d’autant plus important sur les anticipations d’inflation que les personnes connaissent et comprennent la politique monétaire.
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