Comme beaucoup de pays dans le monde, la France a connu une vague d’inflation apparue fin 2021, culminant fin 2022-début 2023 avant de refluer rapidement et fortement au cours de l’année 2024 (cf. graphique 1). De l’été 2021 à la fin de l’année 2022, c’est la hausse des prix de l’énergie qui a contribué au regain inflationniste. Puis, à partir de l’été 2022 et jusqu’à l’automne 2023, la hausse des prix de l’alimentation a maintenu l’inflation à un niveau élevé. Les produits les plus touchés par l’inflation ont donc été surtout ceux achetés au quotidien par les ménages, ce qui a affecté leur ressenti, parfois au-delà de l’inflation observée (Bignon et Gautier, 2022).
Afin de suivre au plus près la perception par les ménages des différents moments de ce choc inflationniste, la Banque de France a mené avec l’institut CSA trois enquêtes annuelles successives, auprès d’un peu moins de 15 000 personnes au total : une première, entre mai et juin 2022 (Bignon et Gautier, 2022) ; la deuxième en mars 2023 (Bignon et Gautier, 2023) ; et la troisième entre octobre et novembre 2024 (cf. graphique 1). Ces trois enquêtes permettent de suivre l’évolution des perceptions et des anticipations d’inflation des ménages, mais aussi leur perception des prix des produits du quotidien à des moments clés de la vague inflationniste. En outre, les enquêtes menées en 2023 et 2024 ont interrogé pour la première fois les ménages sur leur perception de l’ajustement des revenus au choc inflationniste (cf. annexe 1).
On peut tirer trois enseignements principaux de ces enquêtes.
Premièrement, les personnes interrogées ont perçu le reflux de l’inflation en 2024 : un répondant sur deux pense que l’inflation a été inférieure à 5 % en 2024, ils n’étaient qu’un sur dix en 2023. Les ménages prévoient également que l’inflation sera moins forte en 2025 : la moitié des personnes interrogées pense qu’elle sera inférieure à 3 %, ce qui montre leur confiance dans la poursuite de la décrue de l’inflation.
Deuxièmement, les ménages ont été particulièrement sensibles au repli des prix de l’essence et à la stabilisation de ceux des produits alimentaires. Alors qu’une proportion importante de ménages avait perçu la forte hausse des carburants ou de l’alimentation en 2022 et 2023, les répondants ont observé en 2024 que ces prix augmentaient moins vite, voire diminuaient. Cela s’est traduit dans leurs perceptions d’inflation d’ensemble.