Document de travail n°804. La réglementation affecte-t-elle le rythme et la nature de l'innovation et, dans l'affirmative, dans quelle mesure ? Nous construisons un modèle de croissance endogène tractable et quantifiable avec des réglementations en fonction de la taille. Nous l'appliquons aux données de panel d'entreprises de la population administrative française, où de nombreuses réglementations du travail s'appliquent aux entreprises de 50 employés ou plus. De manière non paramétrique, nous constatons une forte baisse de la fraction des entreprises innovantes juste à gauche du seuil réglementaire. En outre, une analyse dynamique montre une forte réduction de la réponse de l'entreprise aux chocs exogènes de la demande pour les entreprises situées juste en dessous du seuil réglementaire. Nous ajustons ensuite quantitativement les paramètres du modèle aux données, et nous constatons que l'innovation au niveau macro est inférieure d'environ 5,4 % en raison de la réglementation, soit une perte de bien-être de 2,2 % en équivalent consommation. Les quatre cinquièmes de cette perte sont dus à une intensité d'innovation plus faible par entreprise plutôt qu'à une simple mauvaise allocation vers les petites entreprises et une entrée plus faible. Nous généralisons la théorie pour tenir compte des changements d'orientation de la R&D, et nous constatons que les effets négatifs de la réglementation n'ont d'importance que pour l'innovation incrémentale (telle que mesurée par les citations et les mesures de la nouveauté basées sur le texte). Une économie plus réglementée peut avoir moins d'innovation, mais lorsque les entreprises innovent, elles ont tendance à "basculer vers la clôture" avec des percées plus radicales (et des économies de main-d'œuvre).