Bulletin n°232, article 8. Les politiques monétaires non conventionnelles mises en oeuvre par les banques centrales dans le sillage de la crise financière de 2008, puis de la crise sanitaire de la Covid-19, se sont accompagnées d’une hausse plus rapide de la monnaie que des prix, ce qui invite à réexaminer le lien entre les deux. Cet article rappelle dans les deux premières parties les concepts reliant monnaie et inflation, c’est-à-dire le multiplicateur monétaire et la vitesse de circulation de la monnaie, en les illustrant dans les cas de la zone euro et des États-Unis. Une troisième partie montre que si le lien entre monnaie et inflation est préservé à long terme, en accord avec la théorie quantitative de la monnaie, il s’est fortement distendu dans la période récente. Cette déconnexion à plus court terme vient notamment du fait que les politiques monétaires non conventionnelles n’agissent pas sur l’inflation via le multiplicateur monétaire et la quantité de monnaie en circulation, mais en faisant baisser les taux d’intérêt de long terme et les conditions de financement pour les ménages et les entreprises. Elles ont ainsi permis d’éviter des épisodes de déflation et l’inflation aurait été significativement plus basse en leur absence.