Afrique-France

Essor de l’intelligence artificielle en Afrique : opportunités et défis

Mise en ligne le 3 Novembre 2025
Auteurs : Darich Eyeni Kakindé

L’intelligence artificielle (IA) représente un moteur de transformation économique et sociale à l’échelle mondiale, avec un potentiel élevé de création de richesse. Le développement de l’IA pourrait constituer un levier significatif de croissance économique directe en Afrique grâce à son impact sur la productivité, l’innovation et le progrès technique dans l’ensemble des secteurs d’activité. Les géants de la technologie (Meta, Amazon, Alphabet et Microsoft) prévoient d’investir jusqu’à 320 milliards de dollars en 2025, contre 230 milliards en 2024, dans l’IA et les infrastructures de centres de données 2. Selon une projection du cabinet PwC, l’IA pourrait générer près de 15 700 milliards de dollars dans l’économie mondiale en 2030 3. Le secteur pourrait contribuer à augmenter le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique de l’ordre de 397 milliards de dollars (14 % du PIB africain en 2024) si le continent réussissait à capter 2,5 % du marché mondial de l’IA, soit la part du PIB africain dans le PIB mondial 4.

L’essor de l’IA répond également à des facteurs de développement propres à l’Afrique. Il offre une opportunité de répondre aux défis majeurs du continent, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la santé et de l’éducation, en proposant des solutions innovantes adaptées à un contexte de faible disponibilité du capital humain qualifié, ou de contraintes logistiques liées à la dispersion géographique. Comme l’illustre le développement rapide de la banque mobile, l’IA pourrait générer des effets de rattrapage significatifs pour les pays africains. Outre les besoins locaux, l’IA pourrait également contribuer à l’intégration économique régionale, notamment par le soutien aux actions de la zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf), pourvu que des financements régionaux soient mis au service de son développement.

Bénéficier pleinement du développement de l’IA implique de surmonter d’importants obstacles, liés notamment à un déficit d’infrastructures numériques et énergétiques, à une faiblesse des investissements dans la recherche et le développement, à une carence en formation et en compétences spécialisées, ainsi qu’à l’absence ou à l’insuffisance de cadres réglementaires adaptés. Les pays africains, dont les marges budgétaires sont plus restreintes, pourraient notamment s’orienter, à l’instar de DeepSeek 5 (créée en 2023), vers des technologies plus frugales développées localement (Mandon, 2025).

1| Les investissements dans l’intelligence artificielle en Afrique, ainsi que la préparation des pays du continent, doivent être renforcés

Le développement de l’IA comporte pour l’Afrique d’importants bénéfices économiques. Selon Brynjolfsson et al. (2021), l’intégration de technologies généralistes comme l’IA génère des gains de productivité importants à long terme. Cockburn et al. (2018) soutiennent que l’IA possède un potentiel de croissance économique majeur dû à la productivité accrue des processus d’innovation à travers tous les secteurs économiques. Goldfarb et al. (2023) confirment empiriquement que l’apprentissage automatique 6 constitue une technologie à usage général (general purpose technology, GPT), capable de soutenir une croissance durable. Cette croissance est d’autant plus significative lorsque l’IA parvient à s’intégrer à l’écosystème des autres technologies (big data, data science, business intelligence, etc.). Gikunda et Kute (2023) soulignent la diversité des applications de l’IA dans les secteurs essentiels tels que la santé, l’agriculture, la finance et l’éducation, tout en prenant en compte les spécificités régionales, culturelles et infrastructurelles de l’écosystème africain. Dans le même sens, Tangmoh et Nyugha (2024) défendent l’idée selon laquelle elle améliore significativement l’inclusion financière dans les économies émergentes grâce à une meilleure prédiction des risques de défaut par le recours à des données alternatives, et à un accès plus élargi au crédit, ainsi qu’à une offre de service plus adaptée à toutes les catégories d’utilisateurs.

2 CNBC (2025), « Tech megacaps plan to spend more than $300 billion in 2025 as AI race intensifies », février.
3 PwC (2017), Sizing the prize, juin.
4 Les pourcentages ont été calculés à partir des données du Fonds monétaire
international (FMI).

Mise à jour le 3 Novembre 2025