Enquête mensuelle de conjoncture

Enquête mensuelle de conjoncture – Début juillet 2023

Mise en ligne le 10 Juillet 2023

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’Enquête Mensuelle de Conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 10 000 dirigeants d’entreprise.

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 28 juin et le 5 juillet), l’activité a légèrement progressé en juin dans l’industrie, et plus nettement dans les services et le bâtiment, avec dans ces deux secteurs une évolution meilleure que prévu le mois dernier. Les anticipations pour le mois en cours semblent, comme souvent ex ante, plus contrastées : les chefs d’entreprise anticipent une stabilité dans l’industrie, une progression dans les services et un recul dans le bâtiment.

Les difficultés d’approvisionnement se stabilisent à des niveaux relativement bas dans le bâtiment (16 % des entreprises les mentionnent en juin, après 15 % en mai) et dans l’industrie (23 %, comme en mai). Pour le troisième mois consécutif, les industriels jugent que les prix sont en nette baisse pour les matières premières et qu’ils se stabilisent pour les produits finis. Les opinions sur les évolutions des prix des services et du bâtiment reviennent à leurs niveaux pré‑Covid. Dans l’industrie, le processus de désinflation se confirme : seuls 8 % des chefs d’entreprise indiquent avoir augmenté leurs prix de vente en juin – ce qui représente un plus bas depuis début 2021 – et 6 % d’entre eux les ont baissés – un plus haut depuis près de trois ans.  La proportion d’entreprises ayant baissé leurs prix est également en hausse dans le bâtiment. Les difficultés de recrutement évoluent peu et concernent la moitié des entreprises (50 %).

Notre indicateur d’incertitude remonte sensiblement dans les services et le bâtiment. Dans l’industrie et le gros œuvre du bâtiment, les carnets de commande se stabilisent à des niveaux inférieurs à leur moyenne de long terme. La situation de trésorerie reste jugée dégradée dans l’industrie et dans les services.

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que la progression du PIB au deuxième trimestre 2023 serait de + 0,1 % par rapport au trimestre précédent.

1. En juin, l’activité progresse légèrement dans l’industrie, et plus nettement dans les services et le bâtiment

En juin, l’activité progresse légèrement dans l’industrie, en ligne avec ce qui était anticipé par les entreprises au début du mois dernier. Les soldes d’opinion indiquent une hausse de la production dans l’automobile, l’aéronautique, les produits informatiques, électroniques et optiques, et les autres produits industriels. L’activité est en revanche en repli dans le bois‑papier‑imprimerie, dont la production baisse continûment depuis fin 2022 et, dans une moindre mesure, dans les équipements électriques et la chimie.

La succession des chocs depuis début 2022 a particulièrement affecté certains secteurs. Ainsi, alors que le taux d’utilisation des capacités (TUC) a globalement diminué de 2 points dans l’industrie manufacturière (77 % en juin 2023, après 79 % en janvier 2022), quelques secteurs affichent des baisses plus marquées : bois‑papier‑imprimerie (– 10 points), habillement‑textile‑chaussures (– 7 points), industrie chimique (– 7 points), fabrication de produits en caoutchouc‑plastique (– 6 points). À l’inverse, la détente sur les approvisionnements a contribué à une remontée du TUC dans l’automobile (+ 10 points depuis janvier 2022, à 75 %).

Image Opinion sur l'évolution de l'activité Description Le solde d'opinion sur l'évolution de l'activité ( qui mesure la différence entre les propositions d'entreprises ayant déclaré une hausse de l'activité et celles ayant déclaré une baisse au cours du mois passé) s'établit pour juin à 4 points dans l'industrie, soit un niveau proche de la moyenne de long terme de l'indicateur. Pour juillet (barre bleu clair), les chefs d'entreprise dans l'industrie anticipent une stabilité de l'activité.

Les stocks de produits finis se maintiennent à un niveau jugé élevé en juin, avec des mouvements contrastés entre secteurs : ils s’alourdissent dans le bois-papier-imprimerie et les machines et équipements, mais se réduisent dans les produits informatiques, électroniques et optiques, ainsi que dans les équipements électriques.

Image Situation des stocks de produits finis dans l'industrie Description Situation des stocks de produits finis dans l'industrie

Dans les services marchands, l’activité progresse de façon plus prononcée que prévu le mois dernier par les chefs d’entreprise, avec cependant des évolutions contrastées selon les secteurs. Elle s’améliore dans les services aux particuliers (hébergement, restauration, activités de service à la personne), ainsi que dans l’édition et les activités d’architecture, ingénierie et contrôles techniques. À l’inverse, l’activité se contracte dans les transports et la réparation automobile.

L’activité progresse dans le bâtiment, principalement dans le second œuvre.

L’opinion sur la situation de trésorerie se stabilise dans l’industrie, en raison de la poursuite de la détente sur les prix de l’énergie et des matières premières ; elle demeure cependant à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme. La trésorerie évolue peu dans les services en juin ; elle est très en-deçà de sa moyenne de long terme dans la plupart des services aux entreprises (activités juridiques et comptables, services d’information notamment).

Image Situation de trésorerie dans l'industrie et les services marchands Description Situation de trésorerie dans l'industrie et les services marchands : deux critères sont mis en exergue : la moyenne mensuelle et la moyenne sur 15 ans.

2. En juillet, selon les anticipations des entreprises, l’activité serait stable dans l’industrie et progresserait dans les services ; elle reculerait dans le bâtiment

Pour le mois de juillet, dans l’industrie, les chefs d’entreprise anticipent globalement une stabilité de l’activité. Celle-ci serait favorablement orientée dans la pharmacie et l’agro-alimentaire, mais serait en repli dans les produits en caoutchouc, plastique et les machines et équipements.

Dans les services, l’activité progresserait de nouveau. Les chefs d’entreprise tablent sur une hausse de l’activité dans la restauration, l’édition, le conseil de gestion et la location automobile. Elle serait en recul dans les transports et la réparation automobile.

Enfin, dans le bâtiment, les chefs d’entreprise anticipent une baisse de l’activité, notamment dans le gros œuvre.

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, signale un regain d’incertitude dans les services et le bâtiment. À l’inverse, il continue de se replier dans l’industrie.

Image Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture Description Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture. Trois secteurs sont concernés : l'industrie, les services marchands et le bâtiment.  La valeur de référence est fixée à 100 et correspond à la valeur autour de laquelle fluctue l'indicateur en période normale.

L’opinion sur la situation des carnets de commande dans l’industrie se stabilise à un niveau en dessous de sa moyenne de long terme. Dans le bâtiment, les carnets de commande évoluent peu, autour de leur moyenne de long terme. Depuis mi-2022, la dégradation des carnets dans le bâtiment est exclusivement imputable au gros œuvre, qui pâtit du net recul des ventes de maisons neuves individuelles ; les carnets du second œuvre sont en revanche stables depuis neuf mois, à un niveau proche de leur moyenne de long terme, en lien avec l’activité de rénovation énergétique.

Image Situation des carnets de commande dans l'industrie et le bâtiment Description Situation des carnets de commande dans l'industrie et le bâtiment

3. Les difficultés d’approvisionnement se stabilisent ; le rythme de hausse des prix ralentit fortement dans tous les secteurs

En juin, les difficultés d’approvisionnement se stabilisent dans l’industrie (23 %) et dans le bâtiment (16 %, après 15 % en mai). Les chefs d’entreprise mentionnent notamment la pénurie de chauffeurs routiers comme facteur de perturbation des chaînes d’approvisionnement.

Image Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement

Le solde d’opinion sur les prix des matières premières indique une poursuite de la baisse dans l’industrie, pour le troisième mois consécutif. Le ralentissement des prix de produits finis se confirme à nouveau ce mois‑ci : les soldes d’opinion tendent à se stabiliser dans l’industrie et dans les services, confirmant le retour à un rythme de progression des prix comparable à la période pré-Covid. Dans le bâtiment, les prix ralentissent de nouveau sensiblement.

Image Opinion sur l'évolution des prix des produits finis par rapport au mois précédent Description Opinion sur l'évolution des prix des produits finis par rapport au mois précédent

De façon plus détaillée, 8 % des chefs d’entreprise de l’industrie déclarent avoir augmenté leurs prix de vente en juin, à comparer à 10 % en mai dernier et 36 % en juin 2022 ; dans l’agro‑alimentaire, cette proportion revient à 9 % (après 13 % en mai dernier et 39 % il y a un an). Par ailleurs, 6 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente en juin, en lien avec la détente des prix des matières premières, ce qui représente la proportion la plus élevée depuis le début d’année ; en comparaison, cette proportion avoisinait 3 % durant la période pré‑Covid (2017‑2019), et était tombée à près de 1 % il y a un an. Les baisses de prix de produits finis sont plus répandues dans la chimie, le bois-papier-imprimerie et les produits en caoutchouc.

Dans le bâtiment, 12 % des entreprises ont augmenté leurs prix en juin (à comparer à 15 % en mai dernier et à 50 % en juin 2022), tandis que 4 % des entreprises indiquent appliquer des baisses de prix, à comparer à moins de 1 % en moyenne entre mi‑2021 et fin 2022.

Dans les services, la proportion d’entreprises indiquant une hausse en juin est stable, à 13 %, à comparer à 25 % il y a un an.

Les proportions de chefs d’entreprise prévoyant de relever leurs prix en juillet sont à nouveau orientées à la baisse dans l’industrie (7 %), les services marchands (9 %) et le bâtiment (9 %).

Image Proportion des chefs d'entreprise  et industriels ayant indiqué une hausse ou une baisse de leurs prix de produits Description Proportion des chefs d'entreprise ayant baissé leurs prix de vente, par grand secteur et proportion des industriels ayant indiqué une hausse ou une baisse de leurs prix de produits finis en juin, par sous-secteur.

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Celles-ci évoluent peu et concernent 50 % des entreprises interrogées dans l’ensemble des secteurs.

Image Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement Description Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement

4. Nos estimations suggèrent une hausse du PIB de 0,1 % au deuxième trimestre

Pour le mois de juin, l’utilisation des informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données disponibles (Insee et données à haute fréquence), nous amènent à estimer que le PIB progresserait par rapport à mai. Cette hausse de l’activité s’observerait dans l’industrie, la construction et les services marchands.

Dans le détail, à partir des données de l’enquête, la valeur ajoutée serait en juin en hausse dans l’industrie manufacturière et en légère baisse dans l’industrie agro-alimentaire. La valeur ajoutée dans les services couverts par l’enquête progresserait aussi, à la fois dans les services aux ménages, l’hébergement-restauration et les services aux entreprises.

Selon les données à haute fréquence, que nous suivons à titre de complément pour les secteurs de services non ou seulement partiellement couverts par l’enquête, les services de transports connaîtraient, comme en mai, une forte croissance. Dans le secteur du commerce en revanche, la valeur ajoutée ralentirait en juin.

Image Variations trimestrielles et mensuelles de la valeur ajoutée en France Description Variations trimestrielles et mensuelles de la valeur ajoutée en France

Pour le deuxième trimestre, notre prévision de + 0,1 % est inchangée par rapport au mois précédent. Si l’enquête est meilleure qu’anticipé pour le mois de juin dans les services et le bâtiment, l’intégration des données de production dans les services de l’Insee, en baisse au mois d’avril, contrebalance cette surprise positive sur l’activité du trimestre.

Au total, notre prévision pour le deuxième trimestre, ainsi que les premières indications pour le troisième trimestre, sont en ligne avec la trajectoire de croissance de nos projections macroéconomiques publiées en juin.

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