Le nombre de défaillances observé entre 2020 et 2021, au plus fort de la crise sanitaire de la Covid-19, a été particulièrement faible. Alors que 51 145 ouvertures de procédures collectives (redressement ou liquidation judicaires) avaient été comptabilisées en 2019, l’année 2020 n’en a compté que 31 217, et 2021 seulement 27 582.
Les mesures de soutien aux entreprises qui ont rapidement été mises en place lors de la crise sanitaire ont permis le maintien en vie de nombreuses entreprises. Parmi elles, se trouvaient potentiellement des structures fragiles et peu productives indépendamment des circonstances de la crise sanitaire. Or par nature, la faible productivité, c’est-à-dire le faible rapport entre la production et les ressources mises en oeuvre pour l’obtenir – accroît le risque de défaillance. Le processus de sélection des entreprises, qui favorise en principe la sortie des entreprises les moins productives, aurait ainsi pu être perturbé.
Si cette hypothèse était avérée, elle pourrait expliquer en partie le décrochage de la productivité des entreprises françaises, observé au niveau macroéconomique.
Évolution de la productivité des entreprises françaises depuis la crise sanitaire
Les données de la base Fiben de la Banque de France permettent d’observer l’évolution de la distribution de la productivité des entreprises depuis la crise sanitaire. Afin de disposer d’une population homogène d’entreprises sur la période observée, nous avons exclu les microentreprises, pour lesquelles nous ne disposons pas de données sur une profondeur historique suffisante. La productivité observée ici est la productivité apparente du travail rapportant la valeur ajoutée, corrigée de l’inflation sectorielle, à l’effectif salarié de l’entreprise (productivité par tête).
La médiane de la productivité du travail des entreprises françaises connaît une chute nette en 2020 avec les confinements successifs et la baisse d’activité qui en découle et le maintien en emploi de l’essentiel des effectifs. Après s’être redressée en 2021, elle se stabilise en 2022, puis recule en 2023, pour s’établir à un niveau inférieur à 2019 (cf. Graphique 2). Le redressement observé en 2021 est en outre moins manifeste pour le premier quartile que pour le troisième.
Graphique 2 : Évolution de la productivité apparente du travail des entreprises françaises
En milliers d’euros constants de 2020 par salarié