Afrique-France

Coopérations monétaires Afrique-France : rapport 2021

Mise en ligne le 10 Novembre 2022

Le rapport annuel 2021 des coopérations monétaires Afrique-France analyse les dernières évolutions des situations économique et financière, en Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et en Union des Comores. Les quatre chapitres, dédiés au panorama de la situation en Afrique et à chacune des trois régions, s’appuient sur les données économiques et financières les plus récentes, permettant de présenter tant les enjeux de l’année de référence de ce rapport que ceux à venir, dans le contexte géopolitique actuel particulièrement troublé et incertain.

Avec le reflux de la Covid-19 au cours de l’année 2021 (0,77 mort quotidien par million d’habitants au niveau mondial à fin décembre 2021 et 0,17 pour l’Afrique, contre respectivement 1,71 et 0,50 un an plus tôt), permettant une réouverture progressive des frontières, le rebond économique au niveau mondial, également encouragé par d’importantes mesures de soutien budgétaire et monétaire, a pu se matérialiser. Il a été plus marqué dans les économies avancées grâce à un dosage macroéconomique (ou policy mix) plus puissant que dans les autres économies, notamment en Afrique. Ainsi, d’après les chiffres du Fonds monétaire international (FMI) d’octobre 2022 (Perspectives de l’économie mondiale), la croissance économique des économies avancées est passée de – 4,4 % à + 5,2 % entre 2020 et 2021, contre – 1,6 % et + 4,7 % pour l’Afrique subsaharienne (ASS).

L’important soutien budgétaire au niveau mondial engagé en 2020 s’est poursuivi en 2021, mais avec une moindre ampleur. Ainsi le déficit budgétaire est passé de 10,4 % du PIB à 7,2 % entre 2020 et 2021 pour les économies avancées (FMI, Moniteur des finances publiques, octobre 2022). Pour les économies émergentes ou en développement, il demeure moins élevé, passant sur la même période de 8,8 % à 5,3 %, en raison de marges de manœuvre budgétaires plus limitées. En ASS, le déficit baisse également, de 6,4 % à 5,1 % (FMI, Perspectives économiques régionales – Afrique subsaharienne, octobre 2022). De même, le soutien monétaire, mis en place face à la Covid-19, a commencé à être réduit à partir de la fin 2021, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) relevant son taux directeur dès novembre 2021.

Cette reprise économique s’accompagne désormais d’une remontée de l’inflation, surtout sensible à partir de fin 2021, en partie en raison de tensions sur l’offre affectant les chaînes de valeur mondiales. La guerre en Ukraine, débutée en février 2022, a accéléré cette remontée, en particulier pour les prix de l’énergie et des biens agricoles (cf. chapitre 2 Enjeux et défis, article « Prix des matières premières et inflation en Afrique »). Une telle situation accroît le risque d’insécurité alimentaire, en hausse d’au moins 30% depuis début 2020, selon le FMI (Climate Change and Chronic Food Insecurity in Sub-Saharan Africa, septembre 2022), 12 % de la population d’ASS souffrant de forte malnutrition en 2022, selon le même rapport. En raison des effets de second tour induits sur les salaires et les services, le FMI prévoit que l’inflation devrait rester élevée en 2023, au niveau mondial.

En lien avec cette forte remontée de l’inflation, les banques centrales ont entamé une normalisation de leur politique monétaire. Cette normalisation, particulièrement rapide aux États-Unis, a pour conséquence un durcissement des conditions financières mondiales, renforcé par l’appréciation du dollar US. Ces effets se font particulièrement ressentir sur les économies africaines dont l’accès aux marchés internationaux des capitaux est très contingent (cf. chapitre 2 Enjeux et défis, article « Développer et sécuriser le marché des euro-obligations : quelles possibilités pour l’Afrique? »)

Enfin, l’Afrique demeure confrontée à des enjeux d’insécurité, alimentée par des troubles et des menaces à la fois politiques (contentieux électoraux, coups d’État), intercommunautaires (rébellions armées ou violences) et terroristes (au Sahel, dans la région du lac Tchad, au Mozambique, en Somalie, etc.). L’insécurité pèse fortement sur la croissance et sur le développement de ces pays, en raison des coûts induits, mais aussi sur leurs voisins, en lien notamment avec les flux de réfugiés ou la baisse du commerce (cf. chapitre 2 Enjeux et défis, article « Risque sécuritaire, dépenses militaires et conséquences en Afrique subsaharienne »). Comme la plupart des pays d’ASS, les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Union des Comores ont vu leur croissance économique rebondir en 2021, après le fort ralentissement économique de l’année précédente À l’échelle des coopérations monétaires Afrique-France (CMAF), la croissance du PIB réel a remonté en 2021, à 4,4 %, après 0,5% en 2020. Toutefois, cette reprise n’est pas homogène (6,1 % en UEMOA, contre 1,5 % en CEMAC). Dans l’ensemble, les pays pétroliers ont moins bénéficié de cette reprise, en lien avec un recul de la production, qui s’explique par des champs pétroliers vieillissants.

Comme la plupart des pays d’ASS, les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Union des Comores ont vu leur croissance économique rebondir en 2021, après le fort ralentissement économique de l’année précédente.

 

Taux de croissance du PIB
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour les agrégations CMAF et des pays exportateurs et importateurs de pétrole, fondées sur les PIB respectifs des pays.
  2018 2019 2020 2021
Monde 3,6 2,8 -3,0 6,0
Afrique subsaharienne 3,3 3,2 -1,6 4,7
- Pays exportateurs de pétrole 1,2 1,7 -2,4 3,0
- Pays exportateurs de pétrole 4,5 4,0 -1,3 5,6
Coopérations monétaires Afrique-France (CMAF) 4,6 4,3 0,5 4,4
- CEMAC 1,8 2,0 -1,7 1,5
- UEMOA 6,4 5,8 1,8 6,1
- Union des Comores 3,8 2,0 0,2 2,2

 

À l’échelle des coopérations monétaires Afrique-France (CMAF), la croissance du PIB réel a remonté en 2021, à 4,4 %, après 0,5% en 2020. Toutefois, cette reprise n’est pas homogène (6,1 % en UEMOA, contre 1,5% en CEMAC). Dans l’ensemble, les pays pétroliers ont moins bénéficié de cette reprise, en lien avec un recul de la production, qui s’explique par des champs pétroliers vieillissants.

Contrairement au déficit courant des autres pays de l’ASS, celui de l’UEMOA et de la CEMAC s’est creusé en 2021

Dans l’UEMOA, le déficit de la balance courante s’est de nouveau dégradé, pour atteindre 5,8 % du PIB en 2021. Cette dégradation s’explique principalement par celle de la balance des biens. En effet, la remontée des cours du pétrole en 2021 a fortement alourdi la facture énergétique, en hausse de 26,7 % en valeur sur l’année. En CEMAC, le déficit courant, même s’il augmente, demeure plus limité et atteint 1,4 % du PIB en 2021, contre 0,6 % en 2020. La hausse des prix de l’énergie a en effet cette fois profité aux pays de la CEMAC, qui sont tous, à l’exception de la Centrafrique, exportateurs nets de pétrole ou de gaz. Cette amélioration des termes de l’échange a permis d’accroître légèrement le solde positif de la balance des biens et services, mais n’a pu compenser la forte hausse du déficit des revenus, notamment à cause du rebond des versements aux compagnies pétrolières et minières. À contrario, le solde de la balance courante de l’Union des Comores est redevenu positif, à 0,4 % du PIB en 2021, contre – 1,8 % en 2020, notamment grâce aux importants transferts de la diaspora.

 

Solde des transactions courantes, dons inclus (en % du PIB)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays.
  2018 2019 2020 2021
Afrique subsaharienne -2,3 -3,3 -2,9 -1,1
Coopérations monétaires Afrique-France -2,6 -2,4 -3,0 -4,2
- CEMAC 1,9 1,8 -0,6 -1,4
- UEMOA -5,5 -4,9 -4,4 -5,8

- Union des Comores

-2,9 -3,4 -1,8 0,4

 

Sans toutefois franchir la limite commune aux trois régions, de 3 % en moyenne annuelle, l’inflation est remontée dans la plupart des pays, pour se situer à 2,9 % en moyenne annuelle en 2021, contre 2,2 % un an plus tôt

La hausse des prix a été principalement portée par celle des prix alimentaires et énergétiques. Cet effet a été le plus marqué en UEMOA, où l’inflation s’est établie à 3,6 % en moyenne annuelle en 2021, contre 2,1 % en 2020. Cette remontée est principalement liée à des problèmes d’offre, tant causés par des baisses de production intérieure et des perturbations des circuits d’approvisionnement (liées aux tensions sécuritaires) que par une hausse du prix des produits importés. Même si cette dernière hausse s’est également fait ressentir en CEMAC, elle a été plus que compensée par l’effet sur les prix de la hausse des productions vivrières, et par les mesures gouvernementales de lutte contre la vie chère qui ont inclus des subventions ou des blocages des prix des carburants et de certains biens alimentaires, comme de services de base. Ainsi, l’inflation en CEMAC recule en moyenne annuelle en 2021, à 1,6 %, contre 2,3 % l’année précédente. Enfin, en Union des Comores, l’inflation a également reflué, passant de 0,9 % en 2020 à 0,1 % en 2021, grâce à des récoltes abondantes. Comparés aux autres pays de l’ASS, les pays des CMAF continuent de mieux résister aux pressions inflationnistes, l’inflation de l’ASS, déjà à deux chiffres en moyenne en 2020, ayant de nouveau augmenté en 2021.

 

Inflation (moyenne annuelle, en %)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays.
  2018 2019 2020 2021
Monde 3,6 3,5 3,2 4,7
Afrique subsaharienne 8,3 8,2 2,2 11,1
Coopérations monétaires Afrique-France 1,6 0,5 2,2 2,9
- CEMAC 2,3 2,4 2,3 1,6
- UEMOA 1,2 -0,7 2,1 3,6

- Union des Comores

1,7 3,7 0,9 0,1

 

L’année 2021 a été marquée par la poursuite des mesures exceptionnelles d’assouplissement monétaire entamées par les trois banques centrales en 2020

La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la BEAC ont, d’une part, maintenu leur taux directeur à des niveaux faibles et, d’autre part, maintenu des mesures quantitatives de liquidité. La BCEAO a conservé son taux directeur à 2 %, tout en continuant de servir la totalité des besoins de liquidité des banques à ce taux. Elle a de plus ouvert en janvier 2021 un « guichet de relance » d’une maturité de six mois, permettant aux banques de refinancer les obligations de relance (OdR) émises par les États ; puis en août 2021 un « guichet de soutien et de résilience » d’une maturité de douze mois, pour refinancer les bons de soutien et de résilience (BSR) émis par les États. Ces deux guichets ont permis un refinancement des banques à plus long terme que celui des opérations principales de la BCEAO. De son côté, la BEAC a conservé la plupart de ses mesures accommodantes de politique monétaire, avec un taux directeur de 3,25 %, jusqu’en novembre 2021. Cependant, face à la baisse des réserves de change, certaines mesures de normalisation ont été prises en juin 2021 :

  1. le retour à la définition pré-crise des conditions d’éligibilité des garanties aux opérations de refinancement ;
  2. la réactivation des opérations de reprise de liquidité par des opérations de maturité longue ;
  3. la non-reconduction du programme d’achat de titres d’État (achevé au 31 août 2021).

Plus encore, fin novembre 2021, la BEAC a remonté son taux directeur de 25 points de base, à 3,5 %, tout en réduisant la taille de ses opérations principales de refinancement. La Banque centrale des Comores (BCC) a en revanche, comme la BCEAO, conservé sa politique monétaire accommodante tout au long de 2021, avec un taux de réserves obligatoires de 10 %, contre 15 % avant la pandémie de Covid-19.

Malgré des besoins toujours importants pour faire face aux conséquences de la pandémie de Covid-19, les pays des CMAF n’ont pas pu maintenir un stimulus budgétaire en 2021 aussi important que celui de 2020

Comme de nombreux pays d’ASS, ceux des CMAF ont réduit leur déficit budgétaire, dans un contexte de remontée du ratio moyen de dette publique, mais dans une moindre mesure. Leur déficit passe de 4,3 % du PIB à 4,1 % du PIB entre 2020 et 2021. Cela étant dit, ce niveau de déficit budgétaire demeure plus élevé que sa moyenne triennale 

avant la pandémie : 2,4 %. Grâce à une hausse générale des recettes, en UEMOA comme en CEMAC, en lien avec la reprise économique et la hausse des prix du pétrole pour l’Afrique centrale, les États ont pu poursuivre une politique budgétaire contracyclique. Celle-ci a notamment profité aux dépenses courantes, tant en matière de transferts sociaux que de subventions. En Union des Comores, si la reprise économique a permis également une hausse des recettes budgétaires, la baisse des dons, après une année 2020 exceptionnelle, a conduit à un déficit budgétaire marqué, de 2,2 % en 2021, dans un contexte de poursuite de la hausse des dépenses courantes.

En UEMOA, la dette de certains États a continué à s’alourdir en 2021, compromettant un peu plus leur soutenabilité. L’endettement public total atteint désormais 54,9 % du PIB de l’UEMOA, contre 50,1 % en 2020, mais un seul pays est en risque élevé de surendettement à fin septembre 2022. Quant à la CEMAC, grâce à la hausse du PIB en valeur, elle voit en revanche son ratio baisser de 56,9 % à 50,5 %. La soutenabilité de la dette des pays de cette dernière région n’en demeure pas moins un enjeu prioritaire : quatre pays présentent un risque élevé de surendettement ou sont en situation de surendettement à fin septembre 2022.

 

Solde budgétaire dons inclus / PIB (en% du PIB)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays.
  2018 2019 2020 2021
Afrique subsaharienne -3,5 -3,9 -6,4 -5,1
Coopérations monétaires Afrique-France -2,1 -1,5 -4,3 -4,1
- CEMAC -0,2 -0,1 -2,0 -1,7
- UEMOA -3,3 -2,3 -5,6 -5,5

- Union des Comores

-0,4 -2,5 0,0 -2,2

 

Ratio dette publique / PIB (en%)
Sources : BCEAO, BEAC, BCC, FMI et calculs Banque de France pour l’agrégation CMAF, fondée sur les PIB respectifs des pays.
  2018 2019 2020 2021
Afrique subsaharienne 47,2 50,1 57,6 57,0
Coopérations monétaires Afrique-France 45,9 47,1 52,4 53,2
- CEMAC 54,0 53,5 56,9 50,5
- UEMOA 40,9 43,2 50,1 54,9

- Union des Comores

19,2 25,7 26,5 29,2

 

Le contexte de reprise économique a profité aux banques des pays des CMAF, qui ont fait preuve de résilience face à la crise de la Covid-19 et ont vu leurs résultats progresser

La reprise économique de 2021 a permis aux pays des CMAF de bénéficier d’un net regain de dynamisme. Le produit net bancaire des banques en UEMOA a augmenté de 9,0 % en 2021 par rapport à 2020, contre une augmentation de 15,7 % pour la CEMAC. Ces fortes progressions résultent cependant, pour partie, de stratégies de portage de titres d’État par les banques, stratégies qui ne sont pas exemptes de risque, en ce qu’elles renforcent la boucle banques-États et exercent un effet d’éviction sur le crédit au secteur privé.

Les données prudentielles des secteurs bancaires des pays des CMAF se sont améliorées en 2021. Les taux de créances en souffrance reculent dans les trois régions. Le récent programme d’évaluation du secteur financier de 2022 est venu confirmer cette analyse pour les banques de l’UEMOA. L’amélioration observée en CEMAC devra, quant à elle, être encore confirmée lorsque l’effet de toutes les mesures dérogatoires mises en place en juillet 2020 aura pris fin, ces dernières pouvant biaiser l’analyse des données prudentielles.

 

Taux de créances brutes en souffrance (en%)
Sources : BCEAO, BEAC et BCC.
  2019 2020 2021
CEMAC 21,1 21,2 19,5
UEMOA 11,8 11,6 10,3
Union des Comores 21,0 22,0 16,8

 

De nouvelles facilités du FMI ont été accordées depuis 2021 au profit des pays des CMAF, mais le plus souvent avec des objectifs différents de ceux de 2020

Alors qu’en 2020 la plupart des facilités du FMI étaient des programmes d’urgence, sans condition afin de faire face immédiatement à la crise de la Covid-19, celles de 2021 et 2022 ont pris la forme de programmes classiques avec conditionnalités, et ce pour une durée de trois ans. En 2021-2022, quatre nouveaux programmes ont ainsi été mis en place en CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon et Tchad) et deux en UEMOA (Bénin, Niger).

Par ailleurs, l’allocation générale de droits de tirages spéciaux (DTS) par le FMI en août 2021 a permis de redonner des marges de manœuvre budgétaires aux États des CMAF. La CEMAC a ainsi bénéficié d’une allocation totale de 809 millions de DTS, l’UEMOA de 1,640 milliard et l’Union des Comores de 17 millions. Beaucoup de pays ont commencé à utiliser ces DTS, soit en les monétisant auprès de leur banque centrale, soit en les vendant auprès d’autres banques centrales dans le cadre d’accords volontaires d’échange prévus par le FMI.

Si le rebond de l’activité de 2021 devrait se poursuivre en 2022 pour les pays des CMAF, les niveaux élevés de l’inflation continueront cependant de peser

Les perspectives économiques pour 2022 demeurent positives. La tendance générale devrait être à la poursuite de la reprise, contrairement à de nombreuses économies avancées. Plus précisément, l’UEMOA devrait avoir une croissance de 5,9% en 2022 et la CEMAC de 3,5 %, contre 3,6 % pour l’ASS et 3,2 % pour le monde (d’après le FMI, octobre 2022 pour ces deux dernières données). La croissance serait notamment soutenue par des prix de matières premières toujours élevés, qui favorisent de nouvelles découvertes de champs pétrolifères (Côte d’Ivoire, Sénégal et Niger), et donc de nouveaux projets d’investissement, ou des relances de production (Gabon, Guinée équatoriale). En revanche, l’inflation resterait à niveau élevé en 2022, malgré les resserrements monétaires en cours, avec 6,2 % en moyenne annuelle pour l’UEMOA et 3,8 % pour la CEMAC. En glissement annuel, à fin septembre 2022, ces chiffres sont encore plus élevés, d’environ deux points de pourcentage. Les niveaux d’inflation des pays des CMAF demeurent cependant bien inférieurs à celui que projette le FMI pour l’ASS : 14,4% (octobre 2022). L’ancrage à l’euro de la monnaie des pays des trois régions permet, comme p ar le passé, lors de précédentes crises inflationnistes, de mieux les protéger contre une remontée mondiale des prix. À titre de comparaison, le FMI prévoit, par exemple, une inflation en 2022 de 27,2 % pour le Ghana et de 18,9 % pour le Nigéria.

Outre le défi de l’inflation, les pays des CMAF devront faire face à celui de l’endettement, alors que les conditions financières se tendent dans tous les pays du monde et que le FMI ne devrait pas recourir aussi massivement qu’en 2020 à des aides d’urgence. Par ailleurs, contrairement à de nombreux autres pays, les économies les plus fragiles, telles que certaines des CMAF, peinent toujours à retrouver leur niveau de PIB par habitant d’avant la crise Covid. Le FMI (Perspectives de l’économie mondiale, octobre 2022) prévoit une hausse du revenu par habitant en 2022 pour l’ASS de + 1,0%, après + 2,0 % en 2021 et – 4,3 % en 2020 (contre respectivement + 2,2 %, + 5,1 % et – 4,9 % pour les économies avancées).

Enfin, les enjeux structurels que sont le changement climatique, le risque sécuritaire ou la gouvernance, mis en avant dans le rapport 2020 des CMAF, n’ont pas disparu. Le défi de la gouvernance est particulièrement important dans le contexte des nouveaux projets d’investissements pétroliers de certains pays des CMAF. En effet, en raison d’un niveau de gouvernance souvent trop faible, une hausse des ressources naturelles tend généralement à accroître les inégalités, même si elle permet une hausse de la croissance (cf. chapitre 2 Enjeux et défis, article « Ressources naturelles, inégalités et politique budgétaire dans les pays émergents et en développement »).

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