En ouverture, Nathalie Mouratille, contrôleure générale, a appelé à « agir tôt » face à un risque désormais imminent, posant les bases d’une réflexion stratégique sur la transition vers des protections post-quantiques. Entretien.
Le Forum des compétences rassemble des acteurs variés autour de la cybersécurité. Quelle est l’importance de cet événement pour la Banque de France ?
Le Forum des compétences réunit les acteurs du secteur financier (banques, assurances, infrastructures de marché, ainsi que la Banque de France et les instituts d’émission d’outre-mer) et associe également l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), tous mobilisés sur les enjeux de cybersécurité et de résilience. Pour la Banque de France, participer à ce type de rencontre est essentiel. Ces échanges avec le marché et les différents acteurs permettent de mieux anticiper les menaces à venir. Le quantique, en particulier, constitue un défi majeur puisqu’il remet en cause nos systèmes de protection et de cryptographie. C’est pourquoi il est indispensable de travailler collectivement dès aujourd’hui pour préparer l’avenir.
Cet avenir se dessine-t-il à court, moyen ou long terme ?
Longtemps perçu comme un horizon lointain, le risque quantique se rapproche, porté par une pression réglementaire croissante et la nécessité d’anticiper dès aujourd’hui les impacts potentiels du « Q-Day », le fameux jour où l’ordinateur quantique pourra casser la cryptographie actuelle. Il est désormais urgent d’accélérer la préparation au post-quantique. À la Banque de France, plusieurs initiatives ont été lancées ces dernières années et cela continue : des expérimentations sont menées et un travail d’inventaire des composants cryptographiques (en commençant par les certificats) est engagé afin de mieux préparer les adaptations nécessaires. L’ANSSI elle-même a publié plusieurs recommandations invitant le marché à se hâter dans cette préparation.
Quelle place occupe la Banque de France dans l’Eurosystème sur ce sujet ?
Depuis 2022, la "Banque de France s’est engagée dans des expérimentations concrètes. Le « Lab », véritable fer de lance de l’innovation au sein de l’Institution, explore ces enjeux cruciaux pour la sécurité informatique et la protection de la place financière. Parmi les banques centrales, la Banque de France est l’une des pionnières à s’être saisie très tôt de la question. Elle agit de manière pragmatique, en menant des travaux internes tout en collaborant étroitement avec le marché pour tester et développer des solutions adaptées.
