Bulletin de la Banque de France

Un nouvel indice Banque de France des conditions financières pour la zone euro

Mise en ligne le 9 Mai 2019

Bulletin n°223, article 1. Les conditions financières sont importantes pour la conduite de la politique monétaire. Au fil du temps, le périmètre des variables financières identifiées avec un impact significatif a augmenté, rendant nécessaire la création d’un indicateur agrégé – l’indice des conditions financières (ICF) – qui synthétiserait les informations. Cette nécessité s’est accentuée depuis la crise financière mondiale de 2008, la référence de politique monétaire habituelle pour les conditions financières – le taux d’intérêt de court terme – étant moins informative une fois sa valeur plancher atteinte. Cet article présente un nouvel ICF pour la zone euro intégrant des pondérations variables dans le temps. Il s’appuie sur un ensemble de séries financières faisant l’objet d’un suivi régulier à la Banque de France et identifie les sources d’évolution des conditions financières. Depuis 2014, celles-ci se sont nettement assouplies grâce à la mise en œuvre des mesures non conventionnelles de politique monétaire de la Banque centrale européenne.

Image Dynamique de l'ICF de la Banque de France pour la zone euro Description Le graphique propose une observation de la dynamique de l'ICF de la Banque de France pour la zone euro entre 2008 et 2018 (Source Bloomberg et calculs des auteurs). Chiffres clés : Six facteurs : les taux, le crédit, le cours des actions, l'incertitude, l'inflation et les taux de change composent l'indice des conditions financières (ICF) de la Banque de France Depuis 2014 : les conditions financières se sont nettement assouplies grâce à la mise en oeuvre des mesures non conventionnelles de politique monétaire de la Banque centrale européenne Depuis 2019 : l'assouplissement des conditions financières résulte principalement de la dépréciation des devises asiatiques face à l'euro

Un indice des conditions financières (ICF) peut être considéré comme un baromètre de la santé des marchés financiers. Par conséquent, les économistes et les analystes de marché ont construit des indices de ce type dans le but d’analyser les effets des évolutions des conditions financières sur l’économie réelle. Toutefois, il devient de plus en plus difficile de suivre les évolutions dans le secteur financier et il n’existe toujours pas de consensus parmi les experts sur la bonne manière d’estimer les ICF. Cet article a pour objet d’expliquer la construction d’un nouvel ICF fondé sur l’analyse en composantes principales et intégrant des pondérations variables dans le temps. Nous comparons l’évolution de cet indice avec celle d’autres ICF et analysons de quelle manière il peut être utilisé pour les besoins de la politique monétaire (en gardant à l’esprit les limites bien connues des ICF).

1. Principaux défis techniques liés au calcul d’indices des conditions financières

Notre cadre présente trois avantages principaux par rapport à d’autres méthodologies : i) il s’appuie sur un vaste ensemble de données ; ii) il est transparent ; et iii) il permet de suivre la contribution des principaux facteurs de l’ICF de la Banque de France (incertitude, taux, crédit, taux de change, etc.). En outre, il peut s’adapter à l’environnement en rapide évolution du secteur financier grâce aux pondérations variables dans le temps attribuées à chaque facteur (cf. encadré pour des informations plus détaillées concernant la méthodologie sous-jacente).

Sélection des données

Les conditions financières sont importantes car elles ont sur l’activité économique actuelle et future une incidence que le taux d’intérêt de court terme ne reflète pas pleinement, notamment en période de crise. Par exemple, les prix des actifs sont les principaux déterminants de l’évolution de la valorisation des portefeuilles du secteur privé et, donc, de l’évolution du patrimoine de ce secteur, qui affecte son comportement futur en matière de dépenses. En conséquence, un ICF doit couvrir un large éventail de données pour pouvoir suivre les diverses sources de complications dans le système financier. Notre ICF s’appuie sur 18 séries quotidiennes divisées en six composantes principales : les taux, le crédit, le cours des actions, l’incertitude, l’inflation et les taux de change (l’annexe présente plus en détail les données sous-jacentes). L’ICF de la Banque de France est donc l’un des indices les plus larges parmi les ICF existants.

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