Note : Ce graphique affiche les résultats de la régression du taux de croissance du PIB sur les conditions financières pour chaque quantile de la distribution de la variation du PIB. La pente de la régression vaut 0,04 pour le quantile à 95% et –0.2 pour le quantile à 5%.
Lien entre conditions financières et croissance en zone euro
La littérature théorique et empirique a montré que les marchés financiers jouent un rôle essentiel dans la transmission et la propagation des chocs, mais que la relation entre les évolutions sur les marchés financiers et la croissance économique est complexe et non-linéaire. Notamment, Bernanke et Gertler (1989) ont formalisé le mécanisme d’amplification des chocs financiers à l’économie réelle. Dans ce contexte, nous utilisons la méthode de régression par quantile sur la période 2001–2018 afin d’évaluer la sensibilité de la croissance future du PIB au sein de la zone euro à notre indice de conditions financières. L’intérêt de cette régression est de délivrer une estimation de l’élasticité du taux de croissance du PIB aux conditions financières pour n’importe quel intervalle de valeurs (dénommés quantiles) du taux de croissance économique, et ainsi capturer le caractère non linéaire de cette relation. Le graphique 2 montre les valeurs de ces élasticités pour divers quantiles, lorsqu’on contrôle par les conditions macroéconomiques au trimestre précédent, ainsi que l’élasticité (indépendante des quantiles) estimée par régression linéaire standard. Cette dernière est négative, indiquant qu’un durcissement des conditions financières a tendance en moyenne à ralentir l’activité économique. Cependant, la régression par quantile indique que la relation est la plus forte (autour de -0,20) pour les variations du PIB situées dans le bas de la distribution (qui sont le plus souvent négatives), mettant ainsi en évidence un effet non-linéaire significatif. Un durcissement des conditions financières a tendance à amplifier les effets des chocs négatifs sur l’économie réelle, alors qu’une détente de ces conditions a un impact plus limité sur l’activité économique.
Les prévisions issues du modèle sont proches des taux de croissance du PIB observés en zone euro (cf. Graphique 3). L’intervalle de confiance, mesuré par la différence entre le plus haut et le plus bas des quantiles conditionnels, est asymétrique, particulièrement pendant les périodes de récession. Pendant ces épisodes, on observe que la distance entre le quantile à 5% et la médiane est supérieure à celle entre le quantile à 95% et la médiane, illustrant la capacité du modèle à prendre correctement en compte les risques financiers. Alors que les risques à la hausse sont relativement stables dans le temps, les risques à la baisse varient fortement en fonction des conditions financières de la zone euro.