Bulletin de la Banque de France

L’insertion internationale des grands groupes automobiles français s’est profondément transformée depuis dix ans

Mise en ligne le 16 Juillet 2025
Auteurs : Barbara Castelleti Font, Antoine Lalliard

Bulletin no 259, article 3. Depuis 2018, la contribution des groupes industriels français du secteur automobile au solde courant des biens a fortement diminué, tout en restant positive (grâce à la montée du négoce international). Leur solde en douanes est en effet devenu négatif, les groupes automobiles français important désormais davantage de biens manufacturés à l’étranger qu’ils n’exportent de biens fabriqués en France. Cette évolution s’explique par l’accélération du déplacement des chaînes de valeur vers l’étranger, avec le développement des unités d’assemblage hors de France (principalement en Europe) et une dépendance croissante aux consommations intermédiaires d’origine étrangère, notamment chinoise. Cette internationalisation par production sur des sites à l’étranger s’est accompagnée d’un renforcement des exportations totales (douanes et négoce), mais d’un recul du solde commercial de ce secteur. 

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Contribution des grands groupes automobiles français au solde des biens de la France

1 La contribution historiquement positive des groupes industriels français au solde des biens s’est progressivement concentrée sur le négoce

Depuis la fin des années 2000, la France est dans l’ensemble importatrice nette de véhicules automobiles. D’un côté, la pénétration du marché français par les constructeurs étrangers alimente la hausse des importations ; de l’autre, les exportations sont freinées par la stagnation, voire le déclin, de la production automobile en France. 

Au sein du secteur automobile, la contribution des constructeurs français au solde commercial est longtemps demeurée fortement positive. Cet article montre que les choix de localisation de la production de ces groupes ont progressivement fait disparaître leur excédent en douane, au profit d’un excédent au titre du négoce international.

La balance des biens des grands groupes français demeure excédentaire, même si elle diminue nettement 
à partir de 2018. 

Contrairement à l’ensemble de la nation, les grands groupes français affichent une balance des biens largement positive. Jusqu’en 2018, les grands groupes français du secteur automobile étaient traditionnellement les principaux contributeurs (hors aéronautique et énergie) à l’excédent de la balance des biens, avec environ 10 milliards d’euros d’excédent annuel. Cependant, leur contribution a fortement diminué entre 2019 et 2022, jusqu’à presque disparaître en 2022, malgré une récupération partielle observée en 2023.

Pour comprendre ces évolutions, on décompose ici le solde des biens des grands groupes de la filière automobile française entre douanes et négoce international. Ce dernier correspond à l’achat et à la réexportation ultérieure de produits depuis des sites de fabrication situés à l’étranger, sans transit physique par le territoire national, c’est-à-dire sans passage de la frontière française (ce que captent les douanes). Cette distinction permet d’évaluer les effets de la réallocation de la chaîne de valeur ajoutée de la France vers l’étranger.

Le négoce international a progressé de manière marquée, atteignant un solde historiquement élevé en 2023 (cf. graphique 2a). En revanche, l’excédent douanier traditionnel, qui se situait entre 6 et 7 milliards d’euros par an entre 2013 et 2018, a disparu. Ainsi, entre 2021 et 2023, les principaux groupes français de l’automobile sont devenus des importateurs nets en données douanières.

L’évolution des soldes des constructeurs et équipementiers automobiles entre négoce international et commerce en douanes reflète un déplacement des unités de production, notamment d’assemblage final, du territoire national vers des pays tiers. La combinaison des exportations douanières depuis le territoire national et des recettes issues du négoce international…

Mise à jour le 16 Juillet 2025