1 La contribution historiquement positive des groupes industriels français au solde des biens s’est progressivement concentrée sur le négoce
Depuis la fin des années 2000, la France est dans l’ensemble importatrice nette de véhicules automobiles. D’un côté, la pénétration du marché français par les constructeurs étrangers alimente la hausse des importations ; de l’autre, les exportations sont freinées par la stagnation, voire le déclin, de la production automobile en France.
Au sein du secteur automobile, la contribution des constructeurs français au solde commercial est longtemps demeurée fortement positive. Cet article montre que les choix de localisation de la production de ces groupes ont progressivement fait disparaître leur excédent en douane, au profit d’un excédent au titre du négoce international.
La balance des biens des grands groupes français demeure excédentaire, même si elle diminue nettement
à partir de 2018.
Contrairement à l’ensemble de la nation, les grands groupes français affichent une balance des biens largement positive. Jusqu’en 2018, les grands groupes français du secteur automobile étaient traditionnellement les principaux contributeurs (hors aéronautique et énergie) à l’excédent de la balance des biens, avec environ 10 milliards d’euros d’excédent annuel. Cependant, leur contribution a fortement diminué entre 2019 et 2022, jusqu’à presque disparaître en 2022, malgré une récupération partielle observée en 2023.
Pour comprendre ces évolutions, on décompose ici le solde des biens des grands groupes de la filière automobile française entre douanes et négoce international. Ce dernier correspond à l’achat et à la réexportation ultérieure de produits depuis des sites de fabrication situés à l’étranger, sans transit physique par le territoire national, c’est-à-dire sans passage de la frontière française (ce que captent les douanes). Cette distinction permet d’évaluer les effets de la réallocation de la chaîne de valeur ajoutée de la France vers l’étranger.
Le négoce international a progressé de manière marquée, atteignant un solde historiquement élevé en 2023 (cf. graphique 2a). En revanche, l’excédent douanier traditionnel, qui se situait entre 6 et 7 milliards d’euros par an entre 2013 et 2018, a disparu. Ainsi, entre 2021 et 2023, les principaux groupes français de l’automobile sont devenus des importateurs nets en données douanières.
L’évolution des soldes des constructeurs et équipementiers automobiles entre négoce international et commerce en douanes reflète un déplacement des unités de production, notamment d’assemblage final, du territoire national vers des pays tiers. La combinaison des exportations douanières depuis le territoire national et des recettes issues du négoce international…