Bulletin de la Banque de France

L’exposition des fonds d’investissement français aux risques climatiques de transition

Mise en ligne le 19 Octobre 2023
Auteurs : Tristan Jourde, Kolotcholoma Kone

Bulletin n° 248, article 7. Les fonds d’investissement sont exposés aux risques associés au changement climatique, en particulier aux risques de transition. Deux canaux sont possibles : perte de valeur des actifs financiers au portefeuille des fonds (« actifs bruns » notamment, dont l’émetteur exerce des activités néfastes pour le climat) et décollecte des investisseurs faisant évoluer leur comportement d’investissement face aux enjeux climatiques. Les fonds français se sont régulièrement désengagés de certains types d’actifs bruns, entre 2011 et fin 2022, et apparaissent moins exposés aux risques climatiques que leurs…

 

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L'exposition des fonds d'investissement français aux risques climatiques de transition

1. Le changement climatique constitue un risque pour la stabilité financière

Le changement climatique est source de nombreux risques financiers et peut donc constituer un défi majeur pour la stabilité financière (Allen et al., 2021 ; Bolton et al., 2020). En particulier, le dérèglement climatique rend probable une dévalorisation de nombreux actifs financiers (c. a d. risque de marché ; Carney, 2015) dès lors que les évolutions politiques et réglementaires liées à la transition écologique et la multiplication des aléas climatiques sont mal anticipées par les investisseurs. Les risques climatiques physiques recouvrent les effets sur les acteurs économiques (et, indirectement, financiers) des aléas liés au climat, tels que les évènements météorologiques extrêmes. Les risques climatiques de transition découlent de l’impact des changements i) de préférence des consommateurs et des investisseurs, ii) de technologies et iii) de politique publique, par exemple des changements de réglementation ou l’introduction d’une taxe carbone (G20 Green Finance Study Group, 2017 ; NGFS, 2019). Ces coûts peuvent affecter le capital productif des entreprises les plus polluantes, leurs carnets de commandes, leur capacité de financement et leur compétitivité. 

La nature multiforme des risques climatiques, l’incertitude sur leur ampleur et leur temporalité, et la difficulté à estimer leurs effets sur les agents économiques peuvent conduire les acteurs financiers et les marchés à une appréciation erronée de l’importance du risque (FMI, 2020 ; NGFS, 2022). Pour se prémunir contre les risques climatiques, les institutions financières chercheront à réduire leurs expositions aux titres émis ou aux crédits octroyés aux entreprises les plus polluantes (« actifs bruns ») et à accompagner leur transformation.

Les institutions financières peuvent aussi chercher à allouer plus de financements aux actifs mieux alignés sur les objectifs de transition écologique, dits « verts », même si cette évolution de leur allocation ne relève pas à strictement parler d’une logique de gestion des risques. Dans ce contexte, les acteurs financiers français se sont notamment engagés depuis juillet 2019 1 à prendre des mesures pour mettre fin à terme au financement du charbon thermique et, plus généralement, à développer une stratégie cohérente avec un objectif de neutralité carbone à l’échéance 2050.

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