La hausse des prix à la consommation a été forte depuis fin 2021, pour atteindre 6,2 % en France en octobre 2022 selon l’indice des prix à la consommation (IPC) mesuré par l’Insee. Un tel niveau d’inflation n’avait pas été observé depuis les années 1980 (au cours desquelles l’inflation était supérieure à 7 % en moyenne annuelle). En effet, pendant les vingt premières années de l’euro, la hausse des prix à la consommation s’est maintenue en moyenne à 1,4 %. Ce niveau élevé d’inflation est un enjeu pour les Français dans leur quotidien. C’est aussi un enjeu prioritaire pour la Banque de France et la Banque centrale européenne (BCE), dont le mandat est d’assurer la stabilité des prix à moyen terme.
Une condition nécessaire à la stabilité des prix est que les prix et les salaires fixés aujourd’hui n’intègrent pas d’anticipation de hausse soutenue des prix demain. Dans un tel cas, cette hausse des prix pourrait s’auto‑entretenir, créant une spirale inflationniste. Les décisions économiques seraient altérées, notamment en matière de salaires, d’emploi, d’investissement ou de consommation (Weber et al., 2022). Il est ainsi primordial pour la Banque de France et la BCE de comprendre comment s’élaborent les anticipations d’inflation formées par les agents économiques.
Cet article se fonde sur les résultats de l’enquête commandée par la Banque de France à l’institut CSA et menée auprès de 5 054 résidents de 18 ans et plus. Les ménages ont été interrogés entre le 28 avril et le 11 juin 2022, c’est‑a‑dire deux mois après le début de la guerre en Ukraine et le rebond marqué de l’inflation qu’elle a entraîné. L’inflation se situait alors à 3,6 % en février 2022, puis a progressé pour atteindre 5,2 % en mai et 5,8 % en juin, soit un niveau proche de celui d’octobre 2022. Nos principales conclusions sont les suivantes :
- 60 % des résidents français interrogés considèrent que l’inflation et le pouvoir d’achat sont les défis économiques prioritaires actuels ;
- 82 % des ménages pensent que la politique monétaire a un effet plutôt important ou important sur leur pouvoir d’achat ;
- L’inflation anticipée par les ménages est liée au niveau d’inflation qu’ils ont perçu au cours de l’année passée ;
- Les niveaux d’inflation perçus diffèrent d’un ménage à l’autre. Ces écarts s’expliquent en partie par certaines des caractéristiques des personnes interrogées telles que le genre, l’âge ou le niveau de diplôme. Ils dépendent également de la fréquence de certains achats et de l’évolution des prix auxquels ils sont particulièrement sensibles.
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