Note de lecture : Entre les 4 premiers mois de 2020 et les mêmes mois de 2019 la zone euro a vu sa production industrielle (en abscisse, les pays membres sont pondérés par le commerce) et son commerce (en ordonnée, moyenne géométrique des taux de croissance des exportations et des importations) reculer d’environ 11%. Le point zone euro se situe donc sur la première bissectrice en rouge.
Les échanges internationaux dans la tourmente de la crise de la Covid-19
La crise de la Covid-19 a fortement touché le commerce mondial. D’après les données du CPB, il a baissé de 16,2% en volume entre décembre 2019 et avril 2020. Cette baisse est étroitement liée à celle de la production industrielle. On constate en effet un ajustement très proche de la bissectrice dans le graphique 1 qui met en relation les évolutions du commerce extérieur et de la production industrielle. Il y a toutefois une hétérogénéité entre régions du monde, qui s’explique par la diffusion géographique de l’épidémie et les différences entre les mesures sanitaires adoptées. En parallèle des effets directs de la crise sanitaire sur la production, le commerce international a pu favoriser une diffusion du choc économique entre pays au travers des livraisons auprès des partenaires (choc d’offre) ou des importations qui leur sont adressées (choc de demande).
Les chaines de valeur internationales façonnent le commerce mondial
Pour comprendre la transmission internationale des chocs liés à la Covid-19 via le commerce mondial, il faut tenir compte du rôle central que jouent les chaines de valeur internationales (CVI), définies comme des processus de production dispersés géographiquement et couvrant plusieurs pays. Cette grande fragmentation internationale de la production, qui s’est accentuée dans les années 1990, a contribué favorablement à l’expansion du commerce international au cours des trente dernières années. Elle a été rendue possible par les avancées technologiques, notamment celles liées aux technologies de l’information et la communication (TIC) et la multiplication des accords commerciaux qui ont considérablement réduit les barrières au commerce international.
Richard Baldwin montre que la fragmentation touche toutes les étapes du processus de production d’un bien (recherche et développement, conception, production de biens intermédiaires, assemblage, commercialisation, distribution). Par exemple, Boeing travaille avec des fournisseurs localisés dans environ 150 pays, tandis que l’IPhone d’Apple combine des services de facteurs de production d’environ 50 pays sur cinq continents. Directement ou indirectement, l’ensemble des secteurs sont concernés par l’internationalisation de la production.
Les données reportées dans le Graphique 2 montrent qu’au cours de la période 2002-2019, les importations de pièces et composants et de produits semi-finis incorporés dans la production industrielle représentent près de la moitié de la croissance des importations des pays de l’Union européenne. Gaulier, Sztulman et Ünal (2020) soulignent que la grande récession de 2008-2009 n’a pas freiné le développement des CVI.