Document de travail

L’économie souterraine : Quels en sont les moteurs en France ?

Mise en ligne le 29 Novembre 2023
Auteurs : Sanvi Avouyi-Dovi, Lorraine Chouteau, Lucas Devigne, Emmanuelle Politronacci

Document de travail n°930. Nous utilisons une approche dynamique structurelle pour évaluer l’importance relative de l’économie souterraine en France sur la période 1990-2019. Notre stratégie est fondée sur une analyse systématique des sources potentielles, légales et illégales, de l'économie souterraine. Nous montrons que l'écart entre les taux de croissance de consommation d'électricité et du PIB réel est le principal moteur de l'économie souterraine. Cependant, les infractions liées à la drogue ou les envois nets de billets à l’étranger ont aussi des effets significatifs sur les activités souterraines, même si leurs effets sont de moindre ampleur. L'économie souterraine reste importante en France, mais, rapporté au PIB, son poids a considérablement baissé dans les années 2000. Enfin, on observe de fortes relations entre l'indicateur d’économie souterraine et les dénominations des billets. Ainsi, les tests de concordance montrent une synchronisation forte entre les indicateurs de l'économie souterraine (globale et légale) et les émissions nettes de billets (notamment les émissions nettes totales et les émissions nettes des coupures de 50 et 200 euros). En outre, les indicateurs de l'économie souterraine et de l'activité réelle (PIB réel, travailleurs indépendants) sont synchronisés. Nous observons également des corrélations positives entre les composantes cycliques des émissions nettes totales de billets de banque et des indicateurs estimés de l'économie souterraine. Par ailleurs, il existe des relations de causalité bidirectionnelles entre tous les indices de l'économie souterraine et la demande globale d’espèces. Toutefois, il n'existe qu'une causalité unidirectionnelle entre ces indices et la demande de petites dénominations (5, 10 et 20 euros).

Image Document de travail 930
Indicateur d'économie informelle et ses composantes légales et illégales

Le papier propose des solutions au problème de la mesure de l'économie informelle dans le cas de l'économie française. Les auteurs utilisent une approche dynamique structurelle pour évaluer l'économie informelle sur la période 1990-2019 sur une base trimestrielle.

Nous combinons le modèle MIMIC avec un filtre de Kalman pour construire un indice des activités informelles en France. La stratégie empirique s'appuie sur une analyse des causes légales et illégales potentielles (voir graphique). 

Malgré sa présence, la taille relative de l’indicateur par rapport au PIB global a considérablement diminué en France au cours des années 2000. L'étude montre que le principal moteur de l'économie informelle en France est l'écart entre la consommation d'électricité et les taux de croissance du PIB réel, même si l'influence de ses composantes illégales, telles que les infractions à la législation sur les stupéfiants ou les émissions nettes de billets, a également, dans une moindre mesure, des effets significatifs sur les activités informelles.

Enfin, l'étude montre l'existence de liens étroits entre l'indice de l'économie informelle et les indicateurs de la demande de liquidités. Ainsi, les tests de concordance montrent une nette synchronisation entre les indices de l'économie informelle (composantes globale et légale) et les émissions nettes de billets, en particulier le montant total et les coupures de 50 et 200 euros. En outre, les indices de l'économie informelle et le PIB ainsi que l’emploi des indépendants sont synchronisés. Il existe des corrélations positives entre les composantes cycliques des émissions nettes de billets et les indices estimés de l'économie informelle. Surtout, il existe des relations de causalité bidirectionnelles entre tous les indices de l'économie informelle et la demande globale de billets. Toutefois, en ce qui concerne les différentes catégories de coupures, il n'existe qu'une causalité unidirectionnelle entre ces indices et la demande de petites coupures (5, 10 et 20 euros).

Télécharger l'intégralité de la publication