Les tests de résistance (stress tests) de supervision bancaire évaluent le niveau de préparation des banques pour faire face à une détérioration importante des conditions économiques et financières ou à une crise. Ils cherchent ainsi à identifier les fragilités des établissements de crédit (individuellement) et du système bancaire (dans sa globalité) afin de prendre des actions préventives précoces si nécessaire. Ces tests utilisent les modèles des superviseurs et des banques pour projeter les risques, les pertes, les revenus et les dépenses des établissements dans un scénario de stress.
Cet article analyse la méthodologie et exploite la chronique des données publiques des deux principaux types de tests de résistance bancaires européens et américains de grande ampleur dits EU wide et Dodd Frank Act Stress Test (DFAST). L’étude fait d’abord ressortir des modalités d’application assez divergentes qui affectent les résultats. La sévérité des scénarios économiques défavorables et leur impact négatif sur la solvabilité des banques ont été croissants dans le temps en Europe et y sont désormais plus forts qu’aux États-Unis. Aux États-Unis, les chocs économiques testés ont été d’intensité plus courte et particulièrement plus faible en années de crise. Pour des raisons de comparabilité, une analyse spécifique est menée sur les dix plus grandes banques européennes et américaines qui ont été soumises à tous les tests de résistances depuis 2014.Les deux groupes présentent une taille de bilan très proche d’environ 15 000 milliards d’euros en 2023. Depuis l’entrée en vigueur du Mécanisme de supervision unique européen en 2014, la hausse des indicateurs de solvabilité de ces plus grandes banques soumises aux tests de résistance a été plus forte en Europe qu’aux États-Unis. Ainsi, même dans les scénarios défavorables testés en 2023, les banques des deux juridictions continueraient généralement à respecter les principales exigences actuelles en fonds propres.
Par conséquent, elles poursuivraient correctement leur activité de financement de l’économie. Enfin, la publication des résultats des tests, plus détaillée en Europe qu’aux États-Unis, a également créé une dynamique incitative. Cela a été particulièrement le cas pour les banques européennes identifiées comme fragiles (sous capitalisées) dans le scénario défavorable de l’exercice européen de 2014.
1 Un cadre réglementaire bâlois identique mais des modalités d’application des tests de résistance très différentes en Europe et aux États-Unis
Les tests de résistance de solvabilité bancaire s’inscrivent dans le cadre réglementaire international bâlois qui contraint la conduite de l’activité des banques et leur structure de financement par la détention d’un minimum de fonds propres.