Cette préservation du revenu des ménages en France a pour contrepartie une dégradation non seulement du déficit public (comme dans les autres économies européennes) mais aussi du revenu des sociétés. S’accompagnant d’un investissement assez fort compte tenu des déterminants habituels (voir les récentes projections de la Banque de France), le creusement du besoin de financement des sociétés, qui s’ajoute à celui des administrations publiques, aboutit à une dégradation du solde extérieur, la hausse de l’épargne des ménages ne les compensant pas.
Ce billet compare l’épisode 2020 aux périodes dans lesquelles le déficit public et le déficit extérieur se sont ouverts, pour en décrire l’origine du côté de l’épargne des ménages ou / et des sociétés.
Dégradations conjointes des déficits public et extérieur en 2020 contrairement à 2009
La forte hausse du déficit public en France en 2020 a permis le maintien du revenu des ménages, alors que la somme des revenus se contractait. L’écart entre la somme des revenus et celle des dépenses (consommation et investissement) est la capacité de financement de la Nation, qui atteint -2,5% du PIB en 2020 (déficit extérieur). Aux flux de revenus extérieurs près, la somme des revenus est égale à la valeur ajoutée produite sur le territoire.
La capacité de financement de la Nation, qui correspond au solde vis-à-vis du reste du monde, est aussi la somme de celle du secteur privé (ménages et sociétés) et des administrations (qui est négative dans le cas d’un déficit public). Lorsque le déficit public s’accroit, le solde extérieur se dégrade, sauf si la capacité de financement du secteur privé s’améliore et vient compenser.
Le cumul des flux d’endettement net est la "position extérieure nette" qui correspond au patrimoine financier net de la nation. À la fin 2019, elle était débitrice d’un peu plus de 550 Mds € (23 % du PIB). Elle se situait nettement en deçà du seuil d’alerte retenu dans le cadre de la procédure européenne de déséquilibre macroéconomique (35 % du PIB).
La crise de 2009 avait entraîné une progression de la capacité de financement privée identique à celle de 2020, mais avec une répartition très différente entre ménages et entreprises (voir graphique 2 pour la capacité de financement privée). Comme le creusement du déficit public avait été moindre qu’en 2020, il ne s’était pas accompagné de déficit extérieur. L’épargne financière des ménages, à près de 8 points de PIB, est exceptionnellement forte en 2020 (Graphique 1). En 2009, c’est la hausse de l’épargne des sociétés, suivant la diminution de l’investissement (voir plus haut pour l’évolution des revenus), qui expliquait la hausse de la capacité de financement privée. Ceci avait permis de compenser la désépargne publique.
Les déficits extérieurs antérieurs provenaient moins ou pas du déficit public