On parle de bulle spéculative lorsque le prix d’un actif, par exemple l’immobilier ou les actions, augmente de manière excessive, au-delà de sa valeur intrinsèque (valeur qui, il faut le noter, est difficilement mesurable avec certitude).
Une bulle est alimentée par des comportements spéculatifs : lorsque des agents économiques anticipent, de manière exagérément optimiste, que les prix de certains actifs vont continuer d’augmenter, ils investissent dans ces actifs dans l’espoir de les revendre plus cher et de réaliser un profit.
Pourquoi en parle-t-on ?
La formation de bulles spéculatives est un phénomène récurrent dans l’histoire économique. Depuis le début du XXIème siècle, on a déjà vu se développer puis exploser la bulle de l’internet (2001) et celle des « subprimes » (2008).
Tout aussi régulièrement, des alertes sont émises, comme récemment au sujet des cryptoactifs, par des économistes ou des institutions, sur les risques de constitution de bulles ou d’éclatement prochain de ces bulles ainsi que sur les conséquences potentielles pour les investisseurs et, indirectement, pour l’ensemble des agents économiques.
Comment cela fonctionne ?
Une bulle spéculative se développe puis éclate en suivant généralement un schéma-type en 4 étapes :
Étape 1 : Préparation de la bulle.
Un sentiment de confiance dans la santé de l’économie, l’optimisme des investisseurs quant aux perspectives de profit offertes par un produit ou un service perçu comme prometteur et innovant provoquent une hausse, d’abord modérée, du prix d’un type d’actif.
Étape 2 : Naissance de la bulle.
La hausse initiale entraîne des anticipations de hausses futures des prix qui, elles-mêmes, attirent de nouveaux investisseurs. La confiance pousse les agents économiques à prendre de plus en plus de risques : les économistes parlent du « paradoxe de la tranquillité ». C’est souvent dans les périodes de bonne santé économique apparente que se développent les bulles spéculatives.
Étape 3 : Euphorie.
Durant cette phase, la bulle s’autoalimente, entretenue par des comportements moutonniers. Même les investisseurs traditionnellement prudents et une partie du grand public rejoignent le mouvement d’achat, espérant profiter d’une occasion de profit « facile ». En 1996, le Président de la banque centrale des États-Unis, Alan Greenspan, évoque « l’exubérance irrationnelle ». Souvent, la bulle se développe aussi grâce à l’endettement, notamment dans des contextes de taux d’intérêt bas : les agents économiques sont confiants qu’ils pourront, grâce aux plus-values futures, rembourser facilement les emprunts contractés pour acheter.
Étape 4 : Explosion de la bulle.
La bulle éclate lorsque les anticipations de certains investisseurs changent : ils comprennent qu’un actif est surévalué, supposent que les autres investisseurs vont eux aussi finir par s’en rendre compte et décident donc de se séparer de ces actifs avant les autres. Ce raisonnement peut être auto-réalisateur, le simple fait que quelques investisseurs se mettent à vendre conduisant les autres à vendre également. Le changement d’anticipations est souvent lié à un événement déclencheur imprévu : révision des prévisions de croissance économique, hausse surprise des taux directeurs par la banque centrale, etc. S’engage alors une course de vitesse (une panique) à la revente : l’offre d’actifs dépassant désormais la demande, les prix chutent. Au premier rang des investisseurs qui se mettent à vendre, figurent souvent ceux qui avaient emprunté pour financer leurs achats : ils espèrent pouvoir encore récupérer suffisamment d’argent pour rembourser leurs emprunts. Leur changement d’attitude constitue le « moment Minsky », du nom de l’économiste américain qui étudia ces phénomènes d’instabilité financière dans les années 1980. Bien entendu, leurs ventes massives ne font que précipiter la chute des prix.
Ainsi, l’éclatement d’une bulle peut, dans certains cas, mettre en péril, par effet domino, bien d’autres
agents économiques que ceux qui avaient investi dans les actifs concernés : les banques qui avaient prêté aux
investisseurs pour financer leurs achats spéculatifs, les autres banques qui avaient prêté aux premières, les
entreprises d’autres secteurs qui voient le secteur bancaire restreindre ses crédits à l’économie
(assèchement du crédit), les employés des entreprises mises en difficultés, etc. On dit alors que
l’éclatement de la bulle provoque une crise financière puis une crise de l’économie réelle.
C’est pourquoi, la prévention des bulles (notamment par une réglementation appropriée) et la détection
de ces bulles sont des missions importantes des autorités de régulation. Particulièrement les autorités en charge de la stabilité financière car le secteur financier comporte certaines spécificités propices au développement
de bulles spéculatives : la rapidité avec laquelle s’échangent les actifs financiers, la possibilité pour un
acheteur de devenir très rapidement vendeur et la facilité d’emprunter pour financer ses achats.
Pour aller plus loin
- Les bulles spéculatives, vidéo Citéco
- La stabilité financière, vidéo et quiz Banque de France
- Bulle spéculative, vidéo Le gros mot de l’éco, France 24
- Des crises, toujours des crises, vidéo Citéco
- La confiance et l’économie, vidéo Dessine-moi l’éco
- Bulle financière, La finance pour tous
- Les bulles sur le marché des actifs, L’économie, Core
- Rapport sur l’évaluation des risques et vulnérabilité du système financier français, Banque de France