Présentation - poèmes

Je n’aime pas les choses que l’on cherche. 
Les choses à trouver impérativement quitte à fausser les résultats, les choses de bon ton les choses dans l’air du temps. 
Ces choses qu’il faut savoir, connaître, apprendre... qu’importe de les comprendre...
Par la force du temps qui passe, j’en ai croisées plus d’une... Mais je ne les aime pas.
J’aime les choses qui s’imposent, qui deviennent si évidentes qu’elles prennent une place aussi fortes que la vie.
Je n’aime pas qu’on me tende une carte en m’indiquant le chemin.
J’aime prendre une route, un sentier, une rue sans connaître à l’avance les sentiments que je croiserai.
Alors je marche et la vie s’impose dans ce qu’elle a de plus subtil, de plus instinctif, de plus primaire...une couleur, une odeur, une conjonction, le bruit d’une abeille ou un graff sur un mur sous une pluie noir et c’est tout, tout qui explose. C’est toute la palette des sentiments, toute sa gamme. Ce ne sont plus des mots, et encore moins ceux des autres. Non, c’est la vie qui me prend, m’enlace, me donne à réfléchir, m’interpelle, me foudroie ou m’émerveille. 
Alors je marche, sans défensive, sans arrière-pensée. Tout au plus dans un certain état d’esprit, et les choses viennent et le monde se refait.
Depuis des mois, des années, des décennies, je marche et je souris parfois en enfilant mes baskets en pensant qu’au nombre de mes pas, elles auraient pu rejoindre l’Amérique.
Elles l’ont fait tant de fois sous un soleil de plomb quand les graviers des routes mélangés mauvaise herbe j’imaginais au loin des palmiers fantastiques et les Miami Beach.
Elles ont fait tant de choses et combien de voyages immobiles ou quasi.
Dans toutes les directions, elles m’ont amené. Combien de rêves, combien d’histoires, combien de “pourquoi”, de “comment”, combien d’évidences, de “j’aurais dû” ou “je ferai” ai-je vécu depuis ces milliers de kilomètres.
Mais voilà, je ne sais depuis quand, quelque chose m’interpellait. Quelque chose prenait une place à l’arrière de mon cerveau. Quelque chose s’immisçait. Je n’arrivais pas bien à déterminer ce que c’était. Mais quelque chose nuisait à la pureté des émotions. Mes pas étaient déjà passés au milieu de sordides tours par un temps de rat. Mes pas avaient déjà croisé des graffs et des tunnels puants. Mes pas ne fuyaient pas le gris, le noir... c’est une chose à appréhender comme une autre.
Non là, c’était quelque chose de beaucoup plus subtil.
De beaucoup plus insidieux. De beaucoup plus grave. Une partie de mon cerveau enregistrait des informations qui allaient se ranger dans un coin de mon inconscient.
Et puis un jour, j’ai compris, j’ai vu, j’ai enregistré. Il n’y avait plus d’émotion au sens premier du terme. Il y avait du dégout. Et puis des interrogations. Comment ? Par qui ? pourquoi ?
À chacun de mes pas et ce quel que soit l’endroit, il y avait des déchets des mégots, de vielles bouteilles vides, du plastique, du carton de partout.
Je venais de me rendre compte de l’état de l’homme... Parce qu’à lui tout seul, il pouvait répondre  du “comment” du “par qui” et du “pourquoi”.
Par manque d’éducation
L’homme
Parce qu’il n’en a rien à foutre.
Je ne suis pas un intégriste de l’écologie, je ne suis même pas écologiste. 
Je suis juste devenu, par hasard, au hasard des routes, des forêts, des rues, quelqu’un qui en marchant a pris conscience d’une gangrène.
Partout où mes pas me guident, je vois, non je ressens l’ampleur des dégâts. Il y en a partout.
Comme je l’ai dit plus haut, je ne suis d’aucune cause, si ce n’est celle que je ressens. Alors j’ai voulu mettre l’accent à ma façon sur ce septième continent et ses saloperies grignotantes.
J’ai pensé à tous ces cartons, tous ces contenants, tous ces “qui dégueulent de nos poubelles”,
tous ces bras jetant de la fenêtre ouverte d’une voiture qui avait soif, des bouteilles, tous ces jetant dans l’eau, parce qu’il est beau le bateau, des déchets nuisant à l’élégance.
 Alors j’ai pensé que tous ces objets avaient été produits par l’homme et j’ai voulu qu’ils reprennent vie, qu’ils s’assemblent au gré de mes histoires et qu’ainsi ils redeviennent beaux. Maintenant  
quand je marche, je cherche, je chine et en rentrant je redécouvre mes “trésors”. Ce ne sont souvent que quelques dizaines de grammes... Mais je me dis que multiplié par le nombre de fois, le nombre de personnes sur terre, etc, etc.
J’ai appris à aimer ces objets. À leur redonner dignité. 
Je n’ai pas de combat à mener, j’ai juste un désir sincère. J’aimerais faire comprendre au travers de ce travail, que l’homme est capable, plus que jamais, du pire comme du meilleur. 
Gageons par tous nos petits gestes, nos exemples, notre travail, nos toutes petites ou nos grandes initiatives que nous basculerons dans le meilleur... Jusqu’à pourquoi pas... nous faire “Ren’être”...

1. Marius

Je m’appelle Panzani
Oui Panzani MariUS
Je sais qu’on dirait bien
Du Marcel du Pagnol
Un peu comme du vieux port 
Ou cité Napoli
Moi qui n’aie j’en conviens
Sous mes membres dorés
Rien de vraiment commun
Avec Dolce Vita

On dirait pour un peu
Dans ces temps orchestrés
Où même les étoiles
Les vraies stars dans le ciel
Portent des noms bizarres
Numérotées classées
Gencodées classifiées
En alfa numérique
Que celui qui jadis
Donna vie à pantin
Au nez démesuré
Aurait pris soin de moi 
Dans un hangar caché
En cité phocéenne
Ou dans une chambre de bonne
En bord de Riviéra

On dirait bien des choses
Avec ce nom étrange
Où seul’ment les deux lettres
En fin de mon prénom
Rappellent les étendues
De la United States
Moi qui viens de si loin
Dans les soixante années
Des années mille neuf cents
Moi qui suis descendu
D’une flying saucer
Pour aider l’incrédule
Police American
À foudroyer l’horrible
Et étrange créature
Qui la nuit flasque et glauque
Sortait silence du lac
Pour étouffer meurtrir
Et puis oterôter la vie
AÀ ce couple amoureux
Venu voir si la nuit
On s’aime plus un peu
Sur les rives d’un lac
À la douceur du ciel
Et d’un mois de juillet

Nous étions pourtant bien
Des mille et des cents
Au point qu’ils furent grand nombre
Cinéastes avertis
À nous créer sur toile
Avec en policier 
Le courageux Bogart 
Et dans le plastique rôle
De la belle en danger
L’immense Julia Adams
Nous étions pourtant bien
Des mille et des cents
Que des bruits dérangeants
Sur nos planètes douces
Invitèrent à venir
Essayer de comprendre
Ce qu’Homo Erectus
S’apprétaitS’apprêtait à commettre 
Au nom de la puissance 
De la suprématie

Alors nous sommes venus
Dans nos flying saucers
Nous avons observé
Nous avons évité
Que certaines ogives
À tête nucléaire
Ne décollent et ne plongent
Le monde en léthargie
Dans un champignon fou
De plusieurs mégatonnes

Et puis comme nous sommes
Comme vous poussière d’étoiles
Faits de deux trois bricoles
Et de milliards d’atomes
Nous avons décidé
Pour nous garder secrets
De nous disséminer
Sous les formes anodines
À vos yeux de sapiens
Prétentieux que vous êtes 
Et de reprendre forme
Et de reprendre vie
Du moins pour c’qu’à vos yeux
Cela peut signifier
Qu’en cas d’extrême urgence
Ou si par le hasard 
De quelques assemblages
Quelques cerveaux rêveurs
Par des pensées lunaires
Parvenaient à nous faire
Revenir à nous-mêmes
Et c’est ainsi qu’un jour
Quelqu’un jeta sur moi
Carton de Panzani
Un regard transperçant
Confondant mes idées

Nous étions pourtant bien
Des mille et des cents
Ce jour-là j’ai compris
Que je devrai sans mot
Accepter qu’on assemble
À nouveau mes atomes
Parsemés de partout
Que je devrai sans mot
Me laisser prendre forme
De ce qu’avant j’étais
Me laisser prendre vie
Et REN’ÊTRE à nouveau.
Panzani MariUS

2. AP7

Nous avions tout tenté
Avions tout essayé 
Nous avions pris parole
Conseillé alerté
Tous les grands planétaires
Les patries les nations
Parlementé avec 
Vos milliers d’opinions
Nous avons de l’ONU 
Au cœur du Vatican
Rencontré influents
Et têtes couronnées
Tout en restant secrets 
Pour ce que vous nommez
Le peuple ou les sans dents
Ou encore les manants
Nous avons toujours fait
En sorte de ne pas 
Perturber vos sujets
Inquiéter cette foule
Que vous disiez plus bête
Que vous si prompts à dire 
Que c’est sur vos épaules 
Que le monde repose
Tant est si bien qu’un jour
L’un de vous décida 
D’appuyer sur bouton
Qui de fait impliqua 
Un autre se disant 
De ce fait légitime
Décidant de détruire
L’autre moitié du monde
Qui première attaqua

Nous n’avons même pas eu
Le temps d’intervenir
Qu’en l’espace d’un instant
Cette terre qui avait mis
Quelques milliards d’années
À se trouver si belle
Fut en une seconde 
Radioactivité
Et réduite en poussière
Tout n’était qu’incendie
Et colonnes de fumée
Et dans meilleur des cas
Des déserts de cendre
Parsemés de tout ce 
Que l’être humain aimait
Avec de ci de là
Des squelettes informes
De tout ce qui alors 
Peuplait l’orange bleue
Et tout ça surplombé 
D’un ciel opaque et gris
Déchiré de colère
Et à toucher du bras
Dans une odeur immonde

Je sentais la brûlure 
Jusque dans mes atomes
Allant même jusqu’à
Me questionner intro
Sur l’avenir de moi
De ma reconstruction
Alors ne laissant pas 
Le temps dilapider
Ce qu’il restait de mes 
Pensées écartelées
Je me concentrais sur
Ce qui autour de moi
Me permettrait un peu
De recouvrer ma forme
C’est ainsi que je vis
À quelques pas de moi
Des lunettes sans verre
Et un globe en plastique
Qui à peine fondus
Me laissaient supposer
Que bien que tout étant
Fumant et ravagé
J’étais assurément 
Très loin d’un point d’impact 

Avec quelques objets
Je pus me faire un corps
Quelque chose de pratique
Approprié au mieux
À cette dévastation
Je ne pus m’empêcher
D’envisager dix lignes
Sur un cyber Hub
Où je laissais couler 
Quelques larmes qui un jour
Seront analysées
Et pourront m’en dire plus
Sur ce sentiment neuf
Mélangé d’écoeur’ment
De chagrin de colère
C’est alors qu’apparut
Couché travers de route
Un panneau indiquant
AutoPista Siete
Et juste comme un point
Entouré de fumée
Un médaillon smiley
Et un bébé poupée
C’était un de mon monde
Je le pris sous mon aile 
Dans le creux de mon bras
Je sentais son bonheur
Et puis sa peur aussi
Nous allions je savais
Tous les deux faire ensemble
Tout un bout de chemin
Il était dev’nu moi
Comme on entre en amour
Je regardais au loin
Mes atomes me rev’nir
Je sentais dans ses veines
Son enfer s’évanouir
J’lui racont’rai ce soir 
En survolant la terre
Que si les hommes en bas
N’ont pas su sauv’garder
Cette partie d’univers
Petite bulle bleue
Au cœur de voie lactée
Je lui f’rai oublier
La colère et la foudre
J’lui racont’rai qu’ailleurs
À des années-lumière
Y’a des milliards de bulles
Toutes belles et colorées
De toutes les nuances 
Où le noir et l’infect 
N’ont plus droit de cité
Où les êtres qui vivent
Dans ces lieux enchanteurs
Vivent dans le bonheur 
D’une vie harmonieuse
Où les rêves prennent forme
Au gré de nos envies
Où des planètes entières 
Ressemblent à des prairies
Papillons vir’voltants
Étendues de paqu’rettes
Et de pommiers en fleurs
De chevaux galopants
Et d’oiseaux gigantesques
Où de lagons immenses
Faits de milliards de bleus
De palmiers étinc’lants
Sur des sables dorés
D’autres blanches vertes anglais
De glaces et de sapins
Où des enfants minots 
Dévalent sur des luges
Des pistes enneigées
Poursuivis pour jouer
De petits oursons blancs
Tandis qu’en bas attendent
Des marchands de bonheur
Dans chalets colossaux
Gorgés de papa barbes
Et de pommes d’amour

Et puis quand le voyage
Touchera à sa fin
Je lui d’mand’rai sans mot
Où il veut qu’on se pose
Laquelle il veut choisir
De ces planètes douces
Pour poser notre vie
Et oublier l’endroit
Où les hommes ont mis fin
À leur bail à la terre
Par la haine la colère
Et surtout la bêtise
Et oublier l’endroit
Où ses jours sont nés
Et le voir Ren’être
Sous mes cieux insensés
Baignés d’étoiles filantes
Et lui dire dans mille ans
D’où vient cette médaille
Ce smiley souriant
Et pourquoi il s’appelle
Auto pista Ciété.

3. New Orleans

C’était année cinquante
C’était en noir et blanc
C’était la New Orleans...
C’était les Cadillac
Immenses et flamboyantes
C’était tout au milieu
De ces clubs de Jazz
Qu’on m’avait déposé
Au son des Clarinettes
Dans des volutes drôles
De sourires éclatants
Une cigarette plantée
Entre deux doigts de main
C’était Sidney Bechet
C’était la Bourbon street
C’était des voix de miel 
Et des rires aux éclats 
Faisant vibrer les murs
C’était des filles trop belles
Pour Dom Juan apprêtés
Dans la chaleur d’une boîte
Au son d’un bord de caisse
C’était Jessie Lee qui
Jouait notes de guitare
Avec l’Idole Memphis
C’était là ma mission
Intégrer les humains
Alors j’ai décidé
De descendre pour voir
Si l’air était plus blues
Au son des jazz men
Alors j’ai créé pour
L’occasion un saxo
J’ai AI musical 
Appris toutes vos musiques
Puis je m’suis approché
Tout de doré vêtu
Près du pianiste fou
Au bord de son mégot
Jouant les restes flous
De ses notes de piano
Puis sur une dernière note
Les murs les joueurs les gens
Peu à peu s’éteignirent
Se fondirent au silence
Alors un peu gêné
J’ai esquissé sourire
Tandis que l’homme sans âge
Au piano en costume
Bleu marine et rayé
Et chaussures vernies
Toussa avant de prendre
Une bouffée de tabac
Et de dire comme on dit
Moi je vais me coucher
Eh man... What do you do ???
Alors j’ai tout ému
À vouloir disparaitre
Essayé maladroit
D’humidifier mes lèvres
Plutôt tant bien que mal
J’ai cramponné Saxo
En prenant grand mon souffle
J’ai senti la lumière
D’un stairville se poser
Sur mon visage en peur
Mes doigts se sont bloqués
Figés sur les touches
Et là dans le silence
Dans un souffle géant
J’ai transpercé les murs
D’une note magistrale
Elle m’a semblé si belle 
Et si longue à la fois
Mais rien ne fut plus beau
Que ce qui s’ensuivit
J’entendis dans mon dos
Le batteur énoncer
D’une voix caverneuse
Dans un sourire doux
Eh!!!! Un, deux... Un, deux, trois
L’orchestre se mit alors 
À revivre un par un
Piano et contrebasse
S’échangeant la parole
Tandis que mon saxo
Courtisait clarinette
Les gens au premier rang
Tout pareil au dernier
Échangeaient en riant
Des paroles musicales
Tout en battant des mains
Ou en jouant la mesure
D’un battement de jambe
Aux chaussures trop vernies
Les jours et les années
De cette vie parcourue
Ont rempli mes souv’nirs 
D’images insouciantes
D’une vie belle à jouer
Où l’on pouvait mourir
D’une fumée de whisky 
Ou d’un verre de Tabac
Ou d’une note trop bleue
Sous un ciel étoilé

Aujourd’hui mon service
A depuis bien longtemps
Pris fin sur l’orange bleue
Je coule des jours dit-on
Des plus heureux qui soient
À des années-lumière
De Nouvelle Orléans
Mais j’ai gardé d’en bas 
Tout au fond d’une salle
Immense et blanche baignée
D’une lumière douce
Délicat’ment bleutée
Trônant sur une colonne
Tout entière marbre blanc
Mon vieux saxo doré

Certain soir quand le blues
Envahi mes atomes
Je demande à conscience
Une lumière bleu profond
Et un ciel étoilé
Et puis une boisson
Sans alcool whiskisé
Et comme apesanteur
Je reste suspendu
J’invite “Petite fleur”
Et je pars en souv’nir

Je suis là-haut très loin 
Ce que vous nommeriez
Un Alien épanoui
Il me reste je crois
Milliards de vos années
À rester en conscience
Mais ce dont je suis sûr
C’est que l’endroit révé
Où je voudrais Ren’être...
C’était année cinquante
C’était en noir et blanc
C’était la New Orleans...

4. L’abeille

Ce jour-là endormi
J’étais dans bleu du ciel
J’étais dans autre monde
J’étais d’où je venais
J’étais sur ma planète
J’étais parti si loin
Y’avait des étendues 
Vertes et piquées de fleurs
Y’avait des rivières fraîches
Y’avait des papillons
Si grands que vos oiseaux
À côté paraitraient 
De minuscules insectes
Il y’en avait des blancs
Et des multicolores
Et des fleurs même taille
Que vos palmiers fleuris
Y’avait des arcs en ciel 
Percés d’oiseaux bleu nuit
Aux reflets lumineux
Y’avait des champs dorés
Que vous auriez coup sûr
Confondus champs de blé
Avant d’apercevoir
Au bout de chaque tige 
Des petites bouches chantantes
Remplissant l’atmosphère
De notes apaisantes
Ce jour-là endormi
Je revoyais mon père
Y’à des milliers d’années
Du moins de votre temps
Me tenant virtuellement 
De sa douce conscience
M’apprenant champignons
Tandis que dans le bleu
Libellules insensées
Se discutaient le ciel 
Avec les coccinelles
Je sentais à nouveau 
Les mousses et les lichens
Et la vie dans chaque arbre
Et mon père qui pensait
Le bien d’une planète
En ne prenant jamais
Que ce qu’elle lui donnait
En respectant autant
Une abeille que son miel
Je le voyais volant
Tout au bord des pétales
Et siroter le jus
D’énormes raisin grains
Et me faire comprendre
Le goût de la nature
Le goût blanc du breuvage
De quelques créatures
S’apparentant de près
À vos vaches sacrées

Ce jour ensoleillé
De vos mois de printemps
Je m’étais endormi
À l’ombre d’un bleu ciel
Arbre en fleurs de cerises
Je rêvais délicat
De mon monde d’avant
Quand descendant du ciel
Comme je le fis avant
Du temps où missionnais
Par l’intergalactique
De passer quelques temps
Pour voir comment l’humain
Prenait soin de nature
Je vis cette chose ignoble
Me gâcher le soleil
Je vis ce drone abeille
Descendre à ma hauteur
Et dans une synthétique
Voix synthèse inhumaine
Me décliner AI
Le pourquoi du comment
Venait dans mon jardin
Par le fait d’un décret
Butiner mes fleurs bleues
C’était couleur du jour
C’était la couleur à
Butiner aujourd’hui
Elle me dit tout pareil
Au policier citant
Au moment d’l’arrêter
Les droits du prisonnier
Vous avez droit dit-elle
J’entendis de me taire
Ou ce que vous direz 
Etc etc…
Ce fut presqu’à peu près 
Comme si j’étais coupable
Je n’avais d’autre choix
Que celui d’accepter
J’avais m’avait-elle dit
Dix secondes pour parler
Si jamais je voulais
Faire obstruction à son
Devoir de butiner
Puis de la même voix
En s’approchant des fleurs 
Elle ajouta ton neutre
Qu’elle remplirait mission
Que rien ne l’empêcherait
De butiner fleurs bleues
Mais que sous vingt-quatre heures
Si je m’y opposais
Tout en ne l’empêchant pas
De remplir sa mission
Ma requête en haut lieu
Serait examinée
Et que si toutefois
Il s’avérait que par 
Une erreur de données
Elle avait butiné
Par erreur mes fleurs bleues
Je recevrai dans un
Délai de 36 mois 
Des fleurs multicolores
En semence à planter
Et dans le cas contraire
Dans moins de 36 heures
Une amende forfaitaire
De trente mille euros
En saisie sur salaire
Puis dans le bruit léger
De l’hélice électrique
Des dix bip dix secondes
Elle fit semblant d’attendre 
Quelques mots de ma part
Puis dans un bruit silence
Un sifflement machine
Je vis sortir du bec 
De cette abeille ignoble
Une tige ressemblant 
À celles qu’utilisent
Vos Mirages en plein vol
Quand ils se ravitaillent
En une poignée d’secondes
Elle aspira tout ce 
Que fleurs pouvaient donner
Puis sans dire traitre mot
Elle s’éleva d’un coup
Restant en suspension
Un instant dessus moi
Me donnant l’impression
Qu’elle sondait mes atomes
Tout en rentrant sa trompe
Puis sans merci aucun 
S’éleva dans le ciel
Je restais là muet
Mes atomes questionnant
Qu’était-il devenu
De cette humanité
Me demandant combien
L’homme mettrait de temps

À comprendre qu’on n’peut pas
Tout mettre en équation
Tout mettre en algorithme
Qu’à vouloir toujours plus
Toujours optimiser
Vouloir tout maîtriser
Vouloir être le plus fort
On devient vil et fou
À mille lieues du bon sens
Et de la vie la vraie
Je repensais abeilles 
Et bourdons butinant
Je repensais la ferme
Où mon père d’ici-bas
M’amenait par la main
Et le pot du kilo
De ce miel blanc crémeux
Qui remplissait ma main
Quand l’homme apiculteur
S’en déchargeait sourire
En disant à mon père
“T’auras ben cinq minutes
Pour v’nir boire un p’tit coup”
Et mon père lui répondre
“Oui mais j’te dois combien”
C’était tout un rituel
Aux mêmes mots à peu près 
Le même bruit du bouchon
Deux verres et une bouteille
Du même jus de raisin
Sur un formica bleu
Et l’homme teint buriné
Qui enl’vait sa casquette
Découvrant crane blanc
Et mon père le freinant
Quand l’homme le servait
Et remplissait son verre
Dans un geste abondant
Alors quelques minutes 
Je regardais dehors
Perchés haut des quatre marches
À l’entrée d’la cuisine 
Les poules et les dindons
Et le chien taciturne
Qui s’emmerdait visible
D’avoir comme compagnie
Ces bruyants volatiles
C’était toujours avant
Que je m’ennuie du lieu
Que l’homme au pantalon
Avec des bretelles grises
Demandait à mon père
Dans une dernière gorgée
S’il voulait une faisselle
Fromage blanc moulé
Dans un tube percé
Qui finissait coutume
Le lend’main découpé
Rondelles d’un centimètre
Déposé sur une tranche
De pain grillé toute chaude
Frottée auparavant
D’une gousse d’ail fraîche
Et toujours saupoudrée
De quelques grains gros sel
Et de poivre moulu

Qu’avions-nous bien perdu
En quelques décennies
Pour que des drones infâmes
Guidés par d’imbéciles
Stratèges blancs comme des linges
Ne se croient si puissants
Qu’ils aient la prétention
De dominer nature
Eux qui n’connaissent d’elle
Que c’qu’elle peut rapporter
Eux qui n’ont jamais mis
Les pieds dans une ferme
Bu la piquette immonde
De convivialité
Eux qui n’ont jamais vu
Le chien gardien de ferme
S’emmerder dans la cour
Cherchant l’ombre du tracteur
Au son des volatiles
 
Si une mission venait
À mettre dévolu
Sur le temps qu’il me reste
À faire sur la planète
De Némo de Tarzan
J’aimerais que ce soit
Dans un endroit secret
Retirer de la foule
Un peu comme un vieux druide
Faire Ren’être savant fou
Des milliers de p’tites bêtes
D’abeilles de doryphores
Qui d’un seul coup d’un seul
S’envol’raient dans le ciel
Et comme la septième plaie
Fondraient sur ces ignobles
Ces voleurs de grandiose
Qui font mourir ce monde
En contraignant nature
À septième continent
En contraignant le monde
À ne plus écouter
Celle qui nous vit naître
Que j’ai connu un jour
Allant chercher pot d’miel
En regardant la vie
Par la porte entrouverte
D’une ferme y’a longtemps…
Ce jour-là endormi
J’étais dans bleu du ciel
J’étais dans autre monde

5. 1969

Mille neuf cent soixante-neuf
Et la main de ma mère
Dans la mienne au travers
Des barreaux de mon lit
Mille neuf cent soixante-neuf
Fenêtre ouverte salon
Mes parents dans le lit
Mon père qui me réveille
Au milieu de la nuit
De mots tendres et gentils
Et la main de ma mère
Caressant mes p’tits doigts
Et moi les yeux en bille
Et les ch’veux de sueur
Et moi ne comprenant
Pas vraiment tous les mots
Que mon père racontait 
À mes cinq ans dormants
Réveillé dans la nuit
Parc’que des hommes là-haut
Avaient mis pied sur Lune
En juillet soixante-neuf 
Et moi ne comprenant
Pas vraiment la télé
Pas vraiment les images
Qui sortaient cathodique
De ce cube noir et blanc
Tapissé de velours
D’où un homme s’escrimait
À descendre d’une échelle
En bonhomme Mich’lin
Et qui d’un bond d’humain
Fit un pas de géant
Fut le premier sur Lune
À poser son empreinte
Rejoint tout à peu près
Dans les instants suivants
Par un homme bondissant
Aux images si floues
Et ma mère caressant
Mes joues joufflues d’enfant
Et moi debout serrant
Les barreaux de mes nuits
Ma mère assise encore
Au bord de mes barreaux 
À la tête de son lit
Me tenant par la taille
Ses yeux brillants autant
De me voir fasciné 
Le regard captivé
Par ces hommes bondissant
Que par les pas d’géants
De ces hommes si lointains
Et mon père qui disait
Réveille toi mon fils
C’est historique fiston
Tu pourras dire plus tard
J’ai vécu ce moment
Et moi ne loupant pas
Cerveau en questionnement
Un seul bond un seul geste
De l’immense Neil Armstrong
Ou du non moins Aldrin
Jusqu’à ce que s’effondre
Le décor’tour de moi
Et qu’en boucle ces images
Ne m’endorment en questions
Au bord de mes cinq ans
Y’avait je m’en souviens
Fenêtre ouverte salon
Et la seule lumière
D’une télé cubique
Et mon père réveillant
Les barreaux de mon lit
De ses mots rassurants
Pour me faire découvrir
Des choses qu’à jamais
Je n’pourrai oublier
Cette nuit-là m’a forgé
Je le crois tout autant
Que les milliards de mots
Qu’on m’a dit bien après
Cette nuit-là était
Magique au sens premier
C’était un peu comme si
On m’avait dit retiens
Retiens tous les couleurs
Et les formes et les bonds
De ces hommes sublimes
Retiens tes émotions
Et tes questionnements
Et les mots de ton père 
Et puis retiens aussi
Le soyeux de la soie
Du rose pyjama
Que ta mère ce soir-là
Portait en caressant
Tes petits doigts cinq ans
J’ai compris ce soir-là
Qu’il fallait vivre tout
Que tout devait mener
À des rêves par milliers
Que tout devait prétexte
Nous emmener ailleurs
Jouer éternel enfant
Et créer s’émouvoir
Pour s’extasier encore
Quand les autres s’endorment

Aujourd’hui demi-siècle
Un peu plus a passé
Et mon père est allé
Rejoindre nos étoiles
Je n’lui ai jamais dit
Quand il était souriant
Que je venais d’ailleurs
Que j’étais en mission
Et que certains des miens
Étaient en bord de Lune
Observant les terriens
Un juillet soixante-neuf
Sautillant dans poussière
Dans un lever de terre
Nous devions c’était l’une
Des choses impératives
Ne rien dire à personne
Quel qu’en soit le prétexte
Maintenant que je sais 
Qu’il est atome heureux
Dans nos mondes merveilleux
Je lui dirai là-haut
Quand je le rejoindrai
Que si un jour hasard
Je devais redescendre
Je voudrais que ce soit
Dans un lit à barreaux
Dans un salon dont la
Fenêtre serait ouverte
Sur une Lune éclairée
En juillet soixante-neuf
Et tout au bord d’un lit
Où mon Père me dirait
Réveille-toi fiston
Et où ma mère pass’rait
Sa main dans les barreaux
Pour caresser la main
De mes doigts tout pot’lés
En donnant de l’amour
Dans son pyjama rose
Aujourd’hui Lune pleine 
Est passée devant moi
Par la fenêtre ouverte
D’une nuit de juillet
Alors j’ai rassemblé
Les atomes déchets
De ces objets jetés
Peu à peu devant moi
Il venait de Ren’être
Neil Armstrong revivait
Surplombé d’un vaisseau
Des miens qui surveillaient
Ces étranges terriens
Puis j’ai app’lé mon fils
Et souriant j’ai dit
Fiston assieds-toi là
Je vais te raconter
Un juillet soixante-neuf
Dans mon lit...
....A barreaux

6. Le poulpe

De tous les horizons 
Nous étions dispersés
Des sommets les plus blancs
Aux gouffres abyssaux
Nous étions de partout
Sans jamais nous montrer
Nous voulions tout comprendre
De votre humanité
De cette dualité
Qui vous fait tout autant
Basculer dans meilleur
Que dans tout aussi fou
Vous glorifier du pire
Nous voulions vous comprendre
Mais sans intervenir
Nous voulions découvrir
Quel était ce maillon
Ce gène défaillant
Qui vous faisait capables
Quand enfin découvert
La fission nucléaire
De partager le monde
En deux clans bien distincts
Une moitié d’humains
S’empressant d’allégresse
Imaginer déjà
L’énergie pour tout l’monde
Tandis qu’autre moitié 
N’a de cesse atomique
Que de rejoindre le clan
Le cercle très fermé
De ce qui comme con fière
Le torse bien bombé 
De médaille militaire
S’enorgueillit  d’avoir
Plutôt de posséder
La plus belle des bombes
La bombe appelée A

Pourquoi ne pouvez-vous
Jamais ne former qu’un
Si vous saviez les dieux
Et la vie et la mort
Comme vous êtes à milliards
De vos années-lumière
D’en entrevoir ne s’rait-ce
Que la plus petite base
Combien vous faudra-t-il 
Encore de génocide
Et de méd’cins du monde
Pour sauver de leur vie
Celles esquintées des autres
Combien d’arbres abattus
De trous dans votre terre
Vous faudra-t-il creuser
Pour gorger de puissance
Vos batteries de smartphone

En était là le poulpe
De ces humaines pensées
Quand le bruit d’un filet
Déchirant fond des mers
Le sortit de ses mots
Le balayant d’un coup
Le faisant s’envoler 
Au milieu des poissons
Affolés de terreur
Et des déchets des hommes
Tapissant les grands fonds
Comme les médailles ignobles
De la sal’té humaine
L’en était là le poulpe
À sentir ses atomes
Ballotés de tous sens
À sentir la violence
De ces bateaux immenses
À ressentir au fond 
De ses moindres entrailles
Le sabre des hélices
Déchirant l’océan
De leurs coups de canif
C’était assourdissant 
Et comme au ralenti
Regroupant peu à peu
Ses atomes en pensées
Ils s’étaient longueur d’onde
Calés sur les filets
Et dérivait le long
Des maillons s’étendant 
Sur des miles et des miles
Il voyait le KO
Dans chaque brin de vie
Des yeux exorbités
Des mâchoires grandes ouvertes
Et nageoires inutiles
Des agonies immondes
Sous le joug entremaille
Il lui fallait le poulpe
Regrouper ses pensées
Pour transpercer la brume
Du sable éparpillé
Opaque et soulevé
Pour s’efforcer de voir
L’ignominie du monde
Dans lequel il était
Il comptait recomptait
Les espèces et les sacs
Les canettes le plastique
Les crustacées sautant 
Et les crabes et les thons
Gigantesques impuissants
Il gravait en mémoire
Ses moindres émotions 
À quel degré l’eau
Et sa salinité
La profondeur aussi
Et l’angoisse et la mort

L’en était là le poulpe
Laissant faire ses atomes
Les plus scientifiques
Engranger les infos
Le laissant noir et gris
S’efforçant énergie
De s’en aller ailleurs
C’est alors qu’au-dessus
De lui l’eau devint claire
Turquoise rayon bleu
De soleil transpercé
Il était flottant là 
Se laissant remonter 
Douceur et en surface
Remonter calmement 
Vers île inhabitée
En se laissant échouer
Dans l’ombre d’un palmier
L’en était là le poulpe
Quand une goutte d’eau
D’un triste sentiment
Suivie par des milliers
S’échappa de ses yeux
Et puis de tout son corps
L’aurait voulu c’est sûr
À cet instant précis
Regrouper ses atomes
Et rompre le serment
Qui l’obligeait à ne
Jamais se dévoiler
L’aurait voulu monter
Tout en haut dans le ciel 
Et puis l’humanité
La prendre tout entière
Pour lui dire vérité
Pourquoi ne pouvez-vous
Jamais ne former qu’un
Si vous saviez les dieux
Et la vie et la mort
Comme vous êtes à milliards
De vos années-lumière
D’en entrevoir ne s’rait-ce
Que la plus petite base
Pourquoi ne pouvez-vous
Jamais qu’être binaires
Pourquoi faut-il toujours
Qu’une moitié du monde
Trime meurt ou survive
Pour qu’une autre moitié
Vive dans l’opulence
De valeurs abjectes
Vivent en surpuissance
À la surface bleue
D’une bille perdue
Dans un des multivers
Si vous saviez le beau
Et l’amour et la vie
Comme tout cela forme
D’infini plurivers 
L’en était là le poulpe
De ses humaines pensées 
Quand là-haut dans le ciel 
Une boule lumière
Vint le réconforter
Sans forme ni matière
Il était dit là-haut
Que jamais un des leurs
Ne souffrirait de cause
De ces fous de terriens
Il entendit d’abord
Une musique à lui
Douce belle envoutante
Puis ses grises idées
S’envolèrent dans le cœur
D’un cloud années-lumière
Il sentit tout son corps
Comme en lévitation
Tandis que des mains douces
Et des pensées jolies
Le caressaient en corps
Et en esprit aussi
L’en était là le poulpe
Quand il ferma les yeux
À l’ombre d’un palmier
Sur un sable doré
À des milliers d’errances
De ces filets ignobles
Peu à peu ses atomes
Se délièrent de leurs liens
Et peu à peu montèrent 
En filets de lumière
Au-dessus de grand bleu
Rejoindre boule au ciel
Et rejoindre les siens
Jusqu’au dernier atome
C’est alors que la boule 
Disparut dans le ciel
Jusqu’au milliards d’étoiles
L’en était là le poulpe
Quand il ouvrit les yeux...
Tout au milieu des siens

7. Le chien poubelle

Mais d’or était son dos
Chaque jour il portait
Comme les hommes le voulaient
Comme ils l’avaient dressé
Insensible aux odeurs
Insensible au labeur
Et chaque jour il marchait
Et chaque jour des milliers
De lui étaient comme lui
Dans les rues vagabondes
Ils tournaient ramassaient
Des milliers de millions
De tonnes de déchets
Dans les moindres recoins
Aux sirènes hurlantes
Sous le soleil brulant
Ou détrempé de tôle
Sous la décembre pluie
À faire la discute
À un rat de passage
Mais d’or était son dos
De ruelle en av’nue
Pendant que gens poudrés
Prenaient pintes de bière
Aux cafés de l’after
Y’avait mégots partout
Et glaise fond de gorge
Mélangés de couvercles
D’un menu Fast Food
Mais d’or était son dos
Il filait récolter
Tout ce que gens de haute
Ou délinquants honnêtes
Voulaient bien délaisser
Au titre qu’ils avaient
Payé sans sourciller
Pour que des chiens dressés
Sans âme croyaient-ils
Étaient là pour répondre
À leurs gestes indolents
À leur vulgarité
Mais d’or était son dos
Alors il lignait droit
Entre Hausmann boul’vard
Et flâneries de poubelles
Entre Marais ruelles
Et Paris Notre-Dame
Circonvolutionnant
Parfois dans ses pensées
Quand il se demandait
Non écrit logiciel
Ce qu’il devait penser
De cet homme allongé
Au milieu excréments
Était-ce ou bien n’était-ce
Plus qu’un reste d’humain
Était-ce un orphelin
De la vie ou des hommes
Devait-il ramasser
Lui dont on avait dit
Que d’or était son dos
Le peu d’effets douceur
Qu’il y avait tout autour
De cet homme allongé
Ou devait-il laisser
À cet homme blessé
Cet ancien bébé rose
D’un amour incertain
Les vestiges de ceux
Que les autres au sommet
Vertueux du confortable
Avaient jetés vulgaire
Dans une immense poubelle
Où régnaient muridés  
À la sauce eau d’javel
Mais d’or était son dos
Alors à chaque fois
Qu’il croisait moribonds
Ou endormis d’alcool
Ces passants trop fragiles
Ces pas d’bol de la vie
Il avait décidé
De passer outre AI
Et de chercher au fond
De ses atomes cœur
De chercher au fin fond
De ce reste de vie
Ce qu’il pouvait bien faire
Devant tant de misère
Devant ces lits étranges
Où gravitait autour
En désordre anarchique
L’indispensable survie
De ces HOMMES tout autant
Que ces hommes de bourse
Que ces influenceurs
Alors à chaque fois
Qu’il croisait moribonds
Ou endormis d’alcool
Ces passants trop fragiles
Il faisait naître atomes
Sous la forme de pièces
Pour qu’au réveil enfin
L’homme allongé se trouve
Au bord d’un gob’let plein
De petites pièces dorées
Mais d’or était son dos
Alors il ramassait
Et gardait dans sa hotte
Ces trésors de la rue
Ces déchets ordinaires
Et le soir dans un coin
À l’abri des regards
Il métamorphosait
Ses rebuts nettoyés
Pour en faire à sa guise
Ou celle des objets même
Des amis Frankenstein
En plus jolis plus beaux
Pour embellir sa vie
Mais d’or était son dos
Alors la nuit venue
Après avoir donné
Des atomes de vie
À ses pantins aimés
Il passait avec eux
Dans des reflets dorés
À la lueur d’un feu
Des soirées de merveilles
De vrais contes de fée
Ou chacun voyageait
Dans les récits de l’autre
Et d’or était son dos
Et ses amis…Aussi

8. L’argenté

Il était argenté
Les hommes se l’arrachaient
Il était de partout 
L’ultime sécurité
Le barrage absolu
Du loup qu’est l’homme pour l’homme
Il était argenté
Protégé les puissants
Depuis qu’entr’eux les hommes
Ne se fréquentaient plus
Qu’entre même idées
Finies les discussions
Les avis divergents
Finies les engueulades
Autour du verre de sang 
D’un Dieu ou d’un parti
Tout était devenu
Un prétexte à la guerre
Il était argenté
Il était de partout 
Depuis que tous les hommes
Avaient peur et pour eux
Et ce qu’ils possédaient
Il était argenté
Bourré de tout ce que
AI technologie
Reconnaissance voice 
Et puis rétine aussi
Pouvaient faire de mieux
Et plus fort et son flair
Et sa mâchoire aussi
Que le pire des loups 
Le plus salaud des chiens
Et plus rapide au point 
Qu’un guépard s’échappant
Ne courrait pas plus 
De deux ou trois secondes
Si cet argenté-là
Se mettait à courser
L’animal apeuré
Il était argenté
Et bien des maitres au monde
Se vantaient de tenir
Celui que la vision 
Pouvait même la nuit 
Trouver meule de foin
En son cœur une épingle
Il était argenté
Et voyous et puissants
Étaient fiers de tenir
Au bout de chaine en or
L’ultime technologie
Cette bête féroce
Qu’était toute argentée
Et tout entière faite
D’atomes assemblés
Pour former le saint graal
De la machine à tuer
Celui ou même celle
Qui viendrait contrarier
Le maitre tout puissant
Il était argenté
De mes atomes fait
J’avais vu entendu
Ce qu’ils faisaient de moi
Il fallait chaque instant
Corriger leur programme
Pour que raison gardée
Et ne pas devenir
Comme les autres argentés 
Une machine à tuer
Une bête féroce
Il me fallait sans cesse
Mordre bien trop puissant
De mes mâchoires d’acier
Renforcées de carbone
Sans cesse duper leurs codes
Et leurs algorithmes
Il me fallait sans cesse
Courir encore plus vite
Et ouvrir grand ma gueule
Pour régler dans ma gorge
La sirène ultra son
Capable de foudroyer
Le premier imbécile
Qui oserait aimable
Entamer discussion
Pour tenter d’expliquer
Que de cracher par terre
N’est pas une fin en soi
Que pisser le plus loin
N’est pas signe de force
J’étais visiblement 
Parvenu à duper
Les valises qu’on m’avait
Branchées par tout le corps
C’est alors que l’on vint
Chariot élévateur
Me soul’ver de la table
Pour m’amener ailleurs 
Dans une pièce élégante
Où deux hommes sur une stèle
Toute entière laquée blanche 
Me posèrent à nouveau
Et puis me recouvrirent
D’un drapé rouge sang
J’ai eu juste le temps
D’apercevoir furtif
Sur un socle au-dessous
Une plaque rivée
Avec une date un nom
Dès lors débutera
Ma mission sur vos terres
Et faire monter là-haut
À des années-lumière 
De vos imaginaires
Le pourquoi du comment 
Les hommes vivent ainsi
Assoiffés de puissance

À vouloir toujours plus 
Dévorer la planète
Et ses compatriotes
Faire marcher à sa botte
Tout ce qu’il estime être
Du règne du vivant
Mais inférieur à lui
Ou même égal aussi
Sur mes indécelables
Pensées d’un autre monde
Une porte coulissa
Laissant entrer trio
Un homme en blouse blanche
Et un couple habillé
Des plus belles factures
Ils n’étaient dans les mots
Qu’ils échangeaient entr’eux
Jamais au grand jamais
Question d’humanité
Ou bien de choses douces
Mais toujours de ces chiffres
Faisant de moi un monstre 
De guerre et de puissance
Tout cela emballé
De sourires belles dents
De sourires entendus
Jusqu’à c’que l’homme en blanc
Leur indiqua jovial
Qu’une version V2
Sera dès l’an prochain
Encore plus forte et sûre
Disponible en juillet
Mais que pour le moment
Il n’avait rien à craindre
C’était assurément
Ce qu’il y’avait de mieux
Ce qui c’faisait de mieux
Et qu’au pire des cas

S’ils venaient malheureux 
À perdre le contrôle
De leur tendre Argenté
Il pourrait à distance
Me réduire à néant

J’envoyais tous les chiffres 
Et puis la discussion
À mes êtres semblables
Pour qu’un jour nous puissions
Comprendre pourquoi l’homme
Ne peut vivre harmonie
Qu’avec celui qui pense
La même chose que lui
Je senti sur mon cou
Le poids de chaîne en Or
Tandis que féminine
J’entendis une voix
M’intimer sèchement
Son ordre de la suivre
Allez viens...Argenté

9. S53

C’était un matin bleu
Sur ma planète orange
J’étais tout à peu près
Ce que vous nommeriez
Selon vos références
Un ado se cherchant
J’avais autour de moi
Tout pour faire comme si
J’avais déjà vécu
C’était un matin bleu
J’étais petit robot
J’avais autour de moi
Tout pour faire en mini
Une soucoupe volante
Y’avait même pas vol
Quand j’avais chapardé  
À mes parents rêvant
Mille doses d’antimatière
J’avais mis matin bleu
Dans mon hangar à moi
Une musique faite 
Pour attirer mes potes
Mes amis galactiques
J’avais si fort pensé
À eux qu’ils étaient là 
Nous nous étions connus
Sur une S53
Où nos parents rêvaient
Après avoir donné 
Beaucoup de temps aux autres
Nous nous étions trouvés
Tous les six bord d’un lac
D’hydrocarbure ou bien 
D’une couleur pareille
Y’avait bas dans le ciel 
Des étoiles de partout
Sur un beau fond tendu 
D’un bleu ultraviolet
Nous avons je m’souviens
Tout de suite fait rencontre
Et discuter des lunes
Et des planètes aussi 
Qui gravitaient au ciel
De ce que vous nommeriez
Une belle soirée d’été
Que nos parents rêvaient
Nous avions tout de suite
Tapé pris dans nos mains
Et enlacé nos bras
Et juré éternel 
Que nous serions toujours
Les uns avec les autres
Et le contraire aussi
J’étais là dans hangar
Entouré de mes potes
Et même si j’y pensais
Par instant dans le rouge
Dans les moments qui font
Que c’est plus gris que blanc
Je ne voulais pas croire
Que ce jour était là
C’est ainsi qu’au moment
Où tous les six ensemble
Nous apprêtions à faire
Le plein d’antimatière
À nos mini-soucoupes
Au son de musique rouge
Que l’autorité douce
Nous figea tendrement
Dans un rayon vert d’eau
Et après comme se fait
Dans nos planètes lointaines
Avoir pris soin de tous  
Mes amis mes potos
Elle s’adressa à moi 
Pour me dire que l’heure
De descendre était là
Que mes atomes bientôt
Partiraient dans l’espace
À la recherche d’une
Planète qu’on dit bleue
Et que j’aurais là-bas
Plein de choses à apprendre
En ne devant jamais 
Révéler qui je suis 
Et surtout d’où je viens
Qu’il me faudra comprendre
À force de lecture
D’écoute et de voyage
Où prendre bien ma place
Pour devenir ce que 
Sur cette planète bleue
Vous appelez un homme
Que je devrais aider
Quand les mois les années
M’auront dit qui j’étais
Les autres autour de moi
Et puis les autres aussi
Ceux qui vivent sur les terres 
Jaun’ocre à perte de vue
Que je pourrai compter
Sur d’autres comme moi
Mais venus bien avant
Que mon tour n’arrive
Et que pour les connaître
C’est facile ils sont doux
Et puis brillants aussi

Nous étions là figés
Dans ce rayon verre d’eau
Quand l’autorité douce
Me laissa la parole
Je regardais mes potes
Mes parents qui rêvaient
J’étais là sur mon trône
Bidons antimatière
Nous nous dîmes à bientôt
Qu’on était l’un pour l’autre
Tout autant que l’inverse
Et que tout était beau
Que bientôt se revoir
Nous projetions déjà
Tandis que mes atomes 
En couleur dorée
Commençaient dissocier
Y’avait tant tant et tant
De ce que dans vos livres
Vous appelez l’amour
Que mes potes tous les cinq
Remplissèrent réservoir
De nos mini soucoupes
Et me firent aux étoiles
Farandoles de couleurs
Qui remplirent mon cœur
Jusqu’au dernier atome
D’un bonheur insensé
Tandis qu’en atelier
En plein cœur de Nashville
Mes atomes recollaient
Autour de Cadillac
Dans une couleur or
Et perché au-dessus
De deux bidons...D’essence

10. K7

Il n’avait c’est étrange 
Jamais rien ressenti
De pareil d’approchant
À cet instant précis
Il avait en mémoire
Ses tous derniers combats
Il ressentait encore
La colère la fureur
La violence et les cris
Encore étaient gravés
Dans ses moindres atomes
La chaleur des brasiers
Et puis le bruit des balles
Il le savait encore
Il avait tout vécu
Les corps déchiquetés
Et son ami qui tombe
Il avait vagu’souv’nir 
D’avoir un soir prié
Demandait à son Dieu
Et à ses pères aussi
Ce qu’il était venu
Foutre dans cet enfer
Il avait comme des flashs
De couleur rouge sang
Combien en avait-il 
Vu tomber dans chaqu’camp
Des questions revenaient
Du cœur de ses atomes
Quelque chose le faisait
Encore tant frissonner
Tandis que tout autant
Quelque chose l’apaisait
Et puis encore un flash
Il revoit cet éclair
Et puis cette chaleur
Et puis ce rien du tout
À ne plus rien laisser
Que cette odeur de cendre
Pourtant dans ses atomes
Qui peu à peu remettent
En place ses souv’nirs
Après le grand éclair
Quelque chose de nouveau
Le questionne de douceur
Il n’y a plus rien de moche
Il se sent comme léger
Et puis heureux surtout
Quelque chose de facile
Quelque chose d’évident
S’immisce au plus profond
De ses atomes meurtris
Il se souvient encore
Et puis de mieux en mieux
De ce que lui avait
Dit ses pères tout là-haut
Dans le monde d’où il vient
Que les hommes qu’il crois’ra
Sur la belle orange bleue
Sont près devenir fous
Dans des guerres de partout
Qu’il devra faire tout
C’qui est en son pouvoir
Pour qu’il n’y ait plus jamais
D’autres Nagasaki
D’autres Hiroshima
Mais au fur à mesure
Qu’il se reconstituait
Il venait à comprendre
Qu’un fou dans un fauteuil
Venait d’une voix froide
D’intimer l’ordre pire
Et de réduire la terre 
À cette odeur de cendre
Et pourtant quelque chose 
De nouveau se glissait
Au profond de son être
Alors se redressant
Difficile et meurtri
D’abord du haut du corps
Il aperçut au loin
Une de ses semblables
Faisant tout à près
Autant d’efforts que lui
Pour redresser son corps
Il fut saisi de suite 
Dans son corps en entier
Au point même que plus rien
Autour de lui comptait
Il n’avait plus d’odeur 
De passé de violence
Tout commençait tout comme
À cet instant précis
Alors se redressant
Retrouvant de sa force
Il la vit lui sourire
Alors ne trouvant plus 
Tout autour de lui
Rien de bien ni de doux
Il concentra le beau
De ses pensées nouvelles
Pour faire naitre bout de main
Une fleur un papillon
C’était ce qu’il avait
Gardé coin de mémoire 
De ses livres d’avant
Quand une Princesse belle
Rencontre un chevalier
Alors elle s’avança
Toujours en souriant
Il offrit maladroit
Quand elle fut à portée
Le fruit de ses pensées
Une fleur un papillon
Et quand elle demanda 
Pourquoi s’app’lait K7
Sa mémoire revenant
Il lui dit que petit
Il écoutait Walkman
Des chansons en cassette
Alors elle prit sa main 
Et tous les deux figèrent
Leurs pensées en musique
Quelque chose de nouveau 
Venait de s’immiscer
Dans leurs atomes heureux
Quelque chose qui pourrait
Peut-être sauver le monde
Tandis que main dans main
Il s’éloignaient au loin
Casques rivés sur tête 
Et corps dansant tout proches
Tandis qu’au ciel entier
On entendait doux...When
A man loves a woman...
S’échapper d’une K7

11. La reine

Elle était la somptueuse
Dans son habit lumière
Elle était la si belle
Dans ses plus beaux atomes
J’avais tellement prié
Pour un jour la croiser
J’étais depuis si peu
Revenu de la terre
J’avais presqu’oublié
Ce que nous pouvions faire
Et dev’nir de si grands
En ne partant de rien
J’avais presqu’oublié
Que l’or ne comptait pas
Sinon pour les reflets
Qu’il offre au plus banal
Elle était là devant
Mes yeux écarquillés
Elle qui avait connu
En descendant sur terre
L’ultra consommation
Et le gaspi partout
Elle qui avait vu 
Des tonnes d’immondices
Étendus long des rues
Ou bien à ciel ouvert
Et moi qui long des routes 
Avait vu tout comme elle
Elle qui avait voulu
Ses habits apparat
Faits de restes et de riens
De détritus aussi
Elle qui voulait que tout
Reprenne vie des mains
De fous ou bien d’artistes
Elle qui disait que tout 
Objets comme les hommes
Ont droit seconde chance 
À une seconde vie
Moi qu’ai toujours aimé
Détourner recycler
Elle qui voulait que sa
Couronne nous rappelle
Que vrais ou faux joyaux 
Ne vaudront guère jamais
Qu’la valeur qu’on leur donne
Elle était là devant
La foule applaudissant
Elle était là splendide
Si simple et rayonnante
À nous donner envie
Tous autant que nous sommes
De faire briller nos vies
De ces objets perdus
De ces objets trouvés
Je me souviens qu’un jour
Marchant le long de fleuve
J’avais trouvé tombé
D’une broche d’un bijou
Une bouche qu’aussitôt
J’avais fait adresser
Au palais de la Reine
Je crois bien qu’aujourd’hui
Ses lèvres sont la bouche 
De mon bijou trouvé
Elle était là somptueuse
Dans son habit lumière
J’étais sûr maintenant
Que les rêves se trouvent
Partout où on les cherche
Même au hasard des pas
Dans des objets perdus...
Sur le bord de la route.

12. Le masqu’armure

Derrière le masque il y a
Ce que nous sommes vraiment
Est-ce un masque une armure ?
Chacun ce qu’il veut voir
Trouv’ra dans ces objets 
P’tits bouts de vies jetés
Recollés ranimés
Pour renaitre assemblés
Et donner vie pour l’un 
À masque pour cacher
Ou armure pour défense
Trouvez vous-même l’histoire
Qu’il vous plaira d’y voir
Ces objets ont vécu…
Donnez-leur votre histoire

Mise à jour le 13 Décembre 2024