Enquête sur l’accès des entreprises au financement : poursuite du durcissement des conditions de financement déclarées

  • Les entreprises de la zone euro ont signalé une poursuite de l’augmentation de leur chiffre d’affaires, tandis que les coûts plus élevés de main-d’œuvre, de production et d’intérêts ont pesé sur leur rentabilité. Elles s’attendent à voir leur chiffre d’affaires augmenter encore au cours des six prochains mois.
  • La part des entreprises financièrement vulnérables a augmenté, atteignant presque le niveau observé durant la pandémie de coronavirus (COVID-19).
  • Par rapport à la dernière enquête, les entreprises s’attendent à une hausse nettement plus faible de leurs prix de vente moyens (3,7 %, après 6,1 %) et des salaires (4,3 %, après 5,4 %) au cours de l’année prochaine.
  • Les entreprises ont fait état d’une augmentation modeste de leurs besoins de fonds externes, tandis que la disponibilité de ces financements s’est encore détériorée, reflétant la transmission de la politique monétaire. En conséquence, l’écart de financement a continué d’augmenter à un rythme modéré.
  • Une part nette importante des entreprises ont déclaré des modalités et conditions tarifaires plus strictes pour les prêts bancaires. En dépit du durcissement des conditions de financement, quelques entreprises ont fait état d’obstacles pour obtenir un prêt bancaire.
     

Lors de la dernière campagne de l’enquête semestrielle sur l’accès des entreprises au financement (Survey on the Access to Finance of Enterprises, SAFE) dans la zone euro, couvrant la période d’avril à septembre 2023, les entreprises ont déclaré une augmentation du chiffre d’affaires, même si le pourcentage net a été inférieur à celui enregistré lors de la campagne précédente (graphique 1).

Par rapport à la campagne d’enquête précédente, davantage d’entreprises ont constaté une détérioration de leurs bénéfices (– 14 %, pourcentage net). La baisse des bénéfices a de nouveau reflété une forte augmentation des coûts de main-d’œuvre et des autres coûts liés aux matériaux et à l’énergie, même si les tensions sur les coûts semblent s’être atténuées. Les charges d’intérêt croissantes pèsent également sur la rentabilité. La croissance de l’investissement des entreprises et de l’emploi a globalement bien résisté, même si moins d’entreprises ont déclaré des hausses.
L’indicateur de la vulnérabilité financière, qui fournit un tableau complet de la situation financière des entreprises, suggère que 9 % des entreprises de la zone euro ont rencontré des difficultés majeures dans l’exercice de leur activité et pour rembourser leurs dettes au cours des six derniers mois (graphique 2).

Les entreprises ont déclaré en moyenne qu’elles s’attendent à une augmentation de 3,7 % de leurs prix de vente au cours des 12 prochains mois (contre 6,1 % lors de la campagne précédente) et de 6,1 % de leurs coûts des consommations intermédiaires hors main-d’œuvre (graphique 3). Elles s’attendent à ce que les salaires de leurs employés augmentent de 4,3 % (après 5,4 %), avec une hausse de l’emploi moyen de 1,7 % au cours de l’année à venir.

La part nette des entreprises faisant état d’une augmentation de leurs besoins de prêts bancaires a été modeste (5 %, après 4 % lors de la dernière campagne d’enquête). Dans le même temps, la disponibilité des prêts bancaires a diminué, 10 % des entreprises indiquant une détérioration. L’écart de financement a par conséquent continué de s’élargir à un rythme modéré.
Les entreprises ont continué de faire état d’une hausse généralisée des taux d’intérêt bancaires et des autres coûts du financement bancaire, tarifaires ou non tarifaires (86 %, pourcentage net), reflétant la transmission du durcissement antérieur de la politique monétaire aux coûts de financement des entreprises.

En dépit du durcissement des conditions de financement, l’indicateur relatif aux obstacles au financement pour l’ensemble des entreprises est resté à un niveau similaire à celui de la précédente campagne d’enquête (6 %, après 7 %). Parmi les entreprises ayant sollicité un prêt bancaire (27 % des entreprises), 10 % ont fait état d’obstacles à l’obtention d’un prêt, ce qui est également comparable à la précédente campagne.

À plus long terme, les entreprises s’attendent à une diminution de la disponibilité de l’ensemble des sources de financement externe, et en particulier des prêts bancaires. Cela suggère qu’une partie de la transmission de la politique monétaire aux conditions de financement des entreprises ne s’est pas encore fait sentir.

Le rapport publié ce jour présente les principaux résultats de la 29e campagne de l’enquête SAFE dans la zone euro, qui a été réalisée entre le 4 septembre et le 18 octobre 2023, et a porté sur la période comprise entre avril et septembre 2023. L’échantillon recouvrait 11 523 entreprises, dont 10 499 (92 %) sont des petites et moyennes entreprises (PME) (c’est-à-dire des entreprises comptant moins de 250 salariés).