Usure de capital et excédent net d’exploitation
La consommation de capital fixe (CCF) correspond à l’usure du capital nécessaire à la production. Ce concept permet de passer de la valeur ajoutée brute à la valeur ajoutée nette à partir de laquelle s’effectue la rémunération des facteurs de production.
La notion de dépréciation du capital a mis du temps à être comprise par les gestionnaires : dans The Visible Hand, The Managerial Revolution in American Business, Chandler (1977, p.279) explique que la question de la dépréciation est tardivement traitée dans la comptabilité. "Jusqu’au XXème siècle presque toutes les entreprises industrielles utilisent la comptabilité du remplacement provenant de la pratique dans les chemins de fer. Comme dans les chemins de fer, les profits étaient définis comme la différence entre revenus et dépenses, ces dernières incorporant les réparations et le renouvellement de capital".
Le concept de dépréciation est désormais bien appréhendé, mais la mesure de la consommation de capital fixe en comptabilité nationale est difficile et imparfaite : elle est basée sur des hypothèses de durée de vie et de déclin de l’efficacité des investissements plus que sur des observations statistiques répétées. En raison de ce problème de mesure, les agrégats de comptabilité nationale (au premier rang desquels le PIB) sont habituellement exprimés en « brut ». L’approche retenue dans ce billet consiste toutefois à faire abstraction de cette difficulté, et à regarder dans quelle mesure les agrégats « nets » font apparaître ou non une évolution différente de la situation des sociétés non financière françaises.
Le graphique 2 présente le ratio de la CCF sur la valeur ajoutée brute dans les grands pays européens et aux États-Unis. Compte tenu de la facilité d’accès aux séries, cette comparaison internationale est faite sur l’ensemble de l’économie alors que le graphique 1 porte sur les SNF françaises. On remarque une tendance à la hausse générale, avec cependant une moindre hausse aux États-Unis que dans les principaux pays européens depuis 2009. Les raisons de cette divergence ne sont pas identifiées, mais on ne peut exclure qu’elles relèvent au moins pour partie de différences de méthode dans l’estimation de la CCF.