L’appréciation marquée de l’euro vis-à-vis du dollar depuis le début de l’année 2017 a relancé les craintes qu’un euro trop fort ne vienne pénaliser les exportations des entreprises européennes et la reprise en cours.
Dans une étude à paraître en document de travail de la Banque de France (Berthou et Dhyne, 2017), nous estimons l’impact d’une variation du Taux de Change Effectif Réel (TCER) sur les exportations d’entreprises européennes localisées dans onze pays, dont la France (les données pour l’Allemagne sont en revanche indisponibles).
Nous montrons qu’une appréciation de 10 % du TCER réduit les exportations en valeur des entreprises de 5 % à 8 % en moyenne (Cf. graphique 1). L’effet le plus fort est obtenu lorsque le TCER est construit à partir des indices de prix à la consommation. L’élasticité plus faible obtenue avec le TCER construit à partir d’indices de coûts unitaires du travail résulte d’une faible transmission des coûts de production dans les prix.
Effet limité des variations de change sur les exportateurs productifs
Les caractéristiques d’entreprises jouent-elles un rôle dans la détermination des effets du taux de change ? Les estimations montrent qu’il existe une très forte hétérogénéité dans la réponse des exportateurs, lorsqu’on les classe en fonction de leur taille ou de leur productivité. Dans chaque pays et au sein d’un même secteur, les exportations des entreprises les moins productives (plus petites) apparaissent très sensibles aux variations du TCER, tandis que les exportations des entreprises les plus productives apparaissent peu sensibles (Cf. graphique 1).
Des résultats similaires sont obtenus si l’on classe les exportateurs sur une échelle de productivité européenne (onze pays) et non plus nationale, au sein d’un même secteur : les exportateurs européens les plus productifs (plus grands) réagissent moins aux variations du taux de change que les exportateurs peu productifs (plus petits).
La réaction des exportateurs productifs limite l’impact agrégé du change
Dans chaque pays européen, un groupe restreint d’entreprises très performantes réalise une très large part des exportations. En France, environ la moitié du total des exportations est réalisée par le 20% des exportateurs les plus productifs.
Comment se classent les exportateurs français en termes de productivité vis-à-vis de leurs concurrents européens ? Si l’on classe les exportateurs français, non plus sur une échelle nationale, mais sur une échelle européenne d’exportateurs évoluant dans le même secteur, nous trouvons qu’environ 80% des exportations françaises sont réalisées par des exportateurs classés parmi les plus productifs (top 30%) sur onze pays européens (excluant l’Allemagne en l’absence de données), devant l’Italie et derrière la Finlande ou la Belgique (Cf. graphique 2).