Risque géopolitique et inflation : le rôle des marchés de l'énergie
Document de travail n° 1005. Les événements géopolitiques récents, tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, soulignent l’importance de comprendre comment différents chocs géopolitiques affectent l’inflation et l’activité économique. Alors que la littérature traite souvent les chocs géopolitiques de manière homogène, cet article distingue deux types de chocs, mesurés par l’indice GPR développé par Caldara et Iacoviello (2022) : les chocs géopolitiques énergétiques, liés aux perturbations sur les marchés de l’énergie, et les chocs géopolitiques macroéconomiques, associés à des dynamiques macroéconomiques non énergétiques.
En mobilisant un modèle VAR structurel avec restrictions de signe en haute fréquence, dans le contexte d’une méthodologie event-study, l’article évalue l’impact différencié de ces deux chocs sur l’économie. Les résultats montrent que les chocs énergétiques sont à la fois récessifs et inflationnistes, tandis que les chocs macroéconomiques sont récessifs mais désinflationnistes. Par ailleurs, les effets varient selon l’intensité énergétique des secteurs : ceux à forte intensité énergétique subissent des effets sensiblement plus prononcés en cas de choc énergétique.
Ces résultats ont des implications importantes pour la conduite de la politique économique. Face à un choc macroéconomique géopolitique, un assouplissement monétaire peut être approprié. En revanche, les chocs géopolitiques énergétiques posent un arbitrage plus complexe entre stabilité des prix et soutien à l’activité. Distinguer clairement la nature des chocs géopolitiques apparaît donc crucial pour formuler des réponses adaptées dans un contexte d’incertitude géopolitique accrue.