Rapport

Rapport annuel de la Banque de France 2023

Mise en ligne le 15 Mars 2024
Rapport annuel de la Banque de France 2023

La Banque de France recense dans son Rapport annuel les actions mises en œuvre au cours de l’année pour remplir ses trois missions fondamentales : stratégie monétaire, stabilité financière, services à l’économie et à la société. Elle y présente également les actions réalisées par les femmes et les hommes qui la composent, en mettant l’accent sur sa responsabilité sociale et environnementale. Enfin, elle communique sur sa gestion financière et les comptes de l’exercice.

Avant-propos du gouverneur

« Résilience et mobilisation au service de l’économie et de la société française »
François Villeroy de Galhau

L’année 2023 a été marquée par de nombreuses secousses dans le monde.
Quels événements majeurs retenez-vous pour la Banque de France ?


Les chocs et l’anxiété ont hélas encore beaucoup pesé sur notre moral collectif : guerres, y compris au Proche‑Orient depuis le 7 octobre, instabilité géopolitique. L’année 2023 a également été marquée par de nombreuses manifestations du dérèglement climatique, avec des records de chaleur, des tempêtes et des inondations. Mais je veux retenir aussi les progrès de l’intelligence artificielle et, plus proche de nous, l’accueil en France des prochains Jeux olympiques. Dans un monde très incertain, plus que jamais nous avons besoin de stabilité et de confiance. La Banque de France est l’un de ces « ancrages » indispensables et elle a gardé le cap de ses principales missions au service de tous. Nous avons par exemple décidé le plus gros investissement de notre histoire, dans l’imprimerie fiduciaire la plus moderne d’Europe, en Auvergne. Et nous avons marqué en août dernier les trente ans de notre indépendance, qui est un levier décisif pour vaincre l’inflation.

Qu’en est‑il justement de l’accomplissement de sa première mission, la stabilité des prix ?

L’inflation est restée trop élevée en 2023, et c’est légitimement la préoccupation majeure des Français et la nôtre. Mais nous avons fait de grands progrès : après un pic à 7,2 % en février 2023, elle est redescendue à 3,1 % en février 2024 (chiffre provisoire). Elle va continuer de baisser et se rapprocher de l’objectif de 2 %, que nous nous engageons à atteindre d’ici 2025 au plus tard, sauf nouveau choc. La hausse des prix de l’alimentation et des services est encore trop importante, mais la politique monétaire de l’Eurosystème est efficace pour réduire l’inflation et donc préserver le pouvoir d’achat.

Le financement de l’économie française a‑t‑il été bien assuré ?

Les hausses de taux d’intérêt ont entraîné une augmentation des taux des crédits aux entreprises et aux particuliers ; elles étaient cependant indispensables pour freiner l’inflation. Après plusieurs années de taux ultra-bas, nous sommes revenus à des niveaux que tout le monde considérait comme normaux dans les décennies précédant la grande crise financière de 2008. Et malgré l’augmentation des taux, l’économie continue d’être financée : les encours de crédits ont continué à croître en 2023, de 1,5 % pour les crédits à l’habitat et de 2,7 % pour les crédits aux entreprises. Début 2024, on note positivement une stabilisation des taux, y compris sur les crédits immobiliers.

En matière de stabilité financière, en 2023 plusieurs banques ont fait défaut aux États-Unis
et en Suisse, mais pas en France ni en zone euro. Pourquoi ?


Après la grande crise financière de 2008, la réglementation bancaire dite « Bâle 3 » a été adoptée au niveau international pour sécuriser le système financier, et nous l’appliquons en zone euro mieux qu’aux États‑Unis. En France, c’est aussi grâce au sérieux et à l’efficacité des équipes veillant à la stabilité financière à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et à la Banque de France.

Sur le terrain, quels ont été les services rendus à l’économie et à la société par la Banque de France ?

C’est l’une des singularités françaises dont nous pouvons être fiers : la Banque de France, en plus de conduire la stratégie monétaire et d’assurer la stabilité financière, est présente sur l’ensemble du territoire, avec 105 implantations, pour accompagner les entreprises et les ménages, notamment les plus fragiles. Le ralentissement économique et l’inflation ont entraîné des difficultés pour beaucoup de Français, mais les succursales départementales de la Banque de France se sont mobilisées pour aider les particuliers en situation de surendettement. Nos services locaux de conjoncture, notre politique d’éducation économique et financière, avec plus de 130 000 personnes sensibilisées aux questions économiques, budgétaires et financières, sont des soutiens importants. Avec nos travaux sur l’euro numérique et sur l’indicateur climat pour les entreprises, nous sommes par ailleurs au coeur des innovations pour accompagner les citoyens dans les transformations écologique et numérique.

Un rapport d’activité est habituellement le moment de rendre des comptes aux concitoyens.
Qu’en est‑il précisément des comptes de la Banque de France ?


La Banque de France subit, comme beaucoup d’autres banques centrales, les effets de la remontée des taux d’intérêt. Après avoir comptabilisé des revenus monétaires très importants jusqu’en 2022, ceux‑ci ont beaucoup diminué. Nous devons l’accepter, car notre mandat consiste à lutter contre l’inflation, et non à maximiser notre résultat. En 2023, comme l’année précédente, les comptes de la Banque de France restent cependant à l’équilibre. Nous avons en effet toujours suivi notre devise depuis 1800 : La sagesse fixe la fortune – l’on dirait plutôt aujourd’hui que « la sagesse apporte la solidité ». Nous avons donc adopté des règles de bonne gestion dans les années bénéficiaires pour doter nos réserves et provisions. Au‑delà, nous avons assuré nos missions en rationalisant nos méthodes, en simplifiant nos processus, en décentralisant les responsabilités. C’est l’objet de notre plan stratégique que nous allons prolonger à l’horizon 2025, en le renforçant d’une dimension « Bien‑être au travail ».

Si un mot résumait l’année 2023 ?

Si je peux en deux mots : résilience et mobilisation.
Résilience, parce qu’à 0,9 %, la croissance de l’activité a relativement bien résisté en France. Après l’invasion de l’Ukraine, souvenez‑vous : on craignait d’avoir à la fois la récession et une inflation qui s’installe ; nous devrions échapper à l’une comme à l’autre.

Mais mobilisation, car une fois sortis de la crise inflationniste, nous retrouvons les défis durables de l’économie française : pas assez d’emplois – même si nous avons progressé – et trop de dette et de complexité publiques. Il n’y a là aucune fatalité : ailleurs des réformes réussissent, et nous, Français, avons plus d’atouts que nous ne le croyons.

Pour renforcer notre économie, les 9 000 femmes et hommes de la Banque de France sont mobilisés pour nos concitoyens, et ils continuent d’innover pour rendre un service public d’excellence au meilleur coût. Ce rapport d’activité leur rend hommage : nos actions reposent sur l’engagement et la compétence de chacune et chacun d’entre eux.

Chiffres clés : l'action de la Banque de France en 2023

La Banque de France en 2023, c'est :

Sur le territoire national, un service public pour l'ensemble des ménages et des entreprises

Accompagnement des entreprises

Protection des personnes financièrement fragiles

EDUCFI (Éducation financière)

Une communication plus accessible

Pour en savoir plus sur les missions et les actions de la Banque de France

« On parle cash » : les podcasts de la Banque de France. Les podcasts #onparlecash vous proposent un aperçu des sujets économiques qui font l’actualité de la banque centrale, que ce soient la finance verte, la dette, la sécurité des moyens de paiement, la croissance, l’Eurosystème, le crédit immobilier, les arnaques aux moyens de paiement, l’épargne, les taux de change, la dette publique, les cryptoactifs, ou encore la BCE.

Le Bulletin de la Banque de France
Le Bulletin de la Banque de France a vocation, sur les sujets économiques et financiers suivis, traités ou étudiés par la banque centrale, à constituer un outil d’information pour des publics variés et à proposer un éclairage pédagogique afin de permettre à chacun de former son propre jugement.