Enquête mensuelle de conjoncture

Point sur la conjoncture économique française à début octobre 2022

Mise en ligne le 10 Octobre 2022

Dans un environnement économique marqué par la crise énergétique et les difficultés d’approvisionnement et de recrutement, l’activité continue à résister globalement, mais l’industrie est plus affectée que les autres secteurs.

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 28 septembre et le 5 octobre), l’activité au mois de septembre est restée stable dans l’industrie alors qu’elle a progressé dans les services marchands couverts par l’enquête, comme dans le bâtiment.

  • Pour octobre, les entreprises anticipent que l’activité évoluerait peu dans l’industrie et le bâtiment et augmenterait à nouveau dans les services marchands, mais plus légèrement que les mois précédents.
  • Les difficultés d’approvisionnement se replient de nouveau dans l’industrie (49 % des entreprises industrielles le mentionnent en septembre, après 51 % en août) et dans le bâtiment (40 %, après 43 %).
  • Les prix des produits finis sont repartis à la hausse à la rentrée, avec en bonne partie un rattrapage saisonnier après l’été.
  • Les difficultés de recrutement restent élevées (indiquées par 58 % des répondants, après 57 % en août).
  • Pour le mois de septembre, notre indicateur d’incertitude progresse de nouveau, et cette hausse est portée par la problématique énergétique (hausse des prix et disponibilité à court/moyen terme).
  • La situation de trésorerie des entreprises industrielles continue de se dégrader alors qu’elle évolue peu dans les services.

Sur la base des résultats de l’enquête complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que la progression du PIB au troisième trimestre 2022 s’établirait à environ + ¼ % par rapport au trimestre précédent, compte tenu d’une stabilité du PIB en septembre. Les premières indications suggèrent une légère hausse du PIB en octobre.

1. En septembre, l’activité est stable dans l’industrie et progresse dans les services marchands et le bâtiment

En septembre, et alors que les chefs d’entreprise avaient anticipé une légère progression le mois dernier, l’activité est stable dans l’industrie. Les évolutions sont toutefois contrastées selon les secteurs.

Les soldes d’opinion relatifs à la production en septembre indiquent une progression de l’activité dans le secteur des produits informatiques, électroniques et optiques, les machines et équipements, et les équipements électriques. À l’inverse, dans la métallurgie et les produits en caoutchouc, plastique, l’activité s’inscrit en recul par rapport au mois précédent.

Dans l’ensemble de l’industrie, le taux d’utilisation des capacités de production baisse légèrement, à 79 % en septembre (après 80 % le mois précédent). Dans la plupart des secteurs, il se situe au‑dessus de sa moyenne historique, à l’exception principale de l’aéronautique et autres transports (écart de – 5 points).

Image Taux d'utilisation des capacités de production
Taux d'utilisation des capacités de production dans l'industrie et par sous-secteur

Dans les services marchands, l’activité progresse de nouveau en septembre, à un rythme légèrement supérieur à celui anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier. Cette amélioration concerne la plupart des services aux entreprises – services d’information, édition, conseil de gestion, et activités d’ingénierie – ainsi que les services aux particuliers (hébergement, restauration).

L’activité progresse sensiblement dans le secteur du bâtiment, à la fois dans le second œuvre et le gros œuvre.

La situation de trésorerie continue de se dégrader dans l’industrie, et ressort très en‑deçà de sa moyenne de long terme, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME. Cette dégradation, liée notamment au coût des matières premières et de l’énergie, touche plus particulièrement certains secteurs industriels comme l’industrie pharmaceutique, la chimie, le bois, papier, imprimerie et les équipements électriques. La situation de trésorerie poursuit son érosion dans les services marchands mais demeure proche de sa moyenne de long terme.

Image Situation de trésorerie
Situation de trésorerie dans l'industrie et les services marchands

2. En octobre, selon les anticipations des entreprises, l’activité évoluerait peu dans l’industrie et le bâtiment, et progresserait légèrement dans les services

Pour le mois d’octobre, les chefs d’entreprise interrogés anticipent une stabilité de leur activité dans l’industrie. Certains secteurs enregistreraient une évolution favorable : c’est le cas des produits informatiques, électroniques et optiques, des machines et équipements, de l’industrie pharmaceutique et de l’aéronautique ; a contrario, des secteurs particulièrement dépendants de l’énergie pour leur production – produits en caoutchouc, plastique, ainsi que l’industrie chimique et la métallurgie – se replieraient de nouveau.

Dans les services, les chefs d’entreprise s’attendent à une légère progression de l’activité, plus faible que les mois précédents, dans la plupart des secteurs.

Enfin, dans le bâtiment, l’activité évoluerait peu, avec une légère contraction du gros œuvre et une progression du second œuvre.

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, indique une amplification des incertitudes en septembre. La hausse est notable dans le bâtiment, et dans une moindre mesure dans les services. Les chefs d’entreprise mentionnent principalement la hausse du prix de l’énergie comme facteur d’incertitude pour les prochains mois.

Image Indicateur d'incertitude
Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture (EMC)

L’opinion sur la situation des carnets de commandes se dégrade en septembre dans l’industrie. Depuis les plus hauts enregistrés en janvier 2022, la baisse des carnets s’observe dans quasiment tous les secteurs de l’industrie. En revanche, l’opinion sur les carnets se redresse légèrement dans le bâtiment. Les niveaux actuels demeurent néanmoins, dans les deux cas, supérieurs à leur moyenne de long terme.

Alors que depuis la crise Covid les stocks de produits finis dans l’industrie étaient jugés faibles, la tendance à leur remontée, amorcée depuis l’été, tend à se confirmer ; la situation est désormais perçue au‑dessus de la normale. En effet, certaines entreprises font état de stratégies de surstockage en anticipation de difficultés de production liées à la crise énergétique dans les prochains mois.

Image Situation des carnets de commande
Situation des carnets de commandes dans l'industrie et le bâtiment

3. Poursuite du repli des difficultés d’approvisionnement et reprise de la hausse des prix, avec des difficultés de recrutement qui restent élevées

Les difficultés d’approvisionnement poursuivent leur recul, tout en demeurant encore élevées en septembre. La part des chefs d’entreprise qui jugent que les difficultés d’approvisionnement ont pesé sur leur activité diminue dans l’industrie (49 %, après 51 % en août) et dans le bâtiment (40 %, après 43 %).

Image Part des entreprises indiquant des problèmes d'approvisionnement
Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement

Par rapport au point haut d’avril 2022 pour l’industrie – 64 % des entreprises indiquaient alors des difficultés d’approvisionnement – l’amélioration (15 points en moyenne) est constatée dans tous les secteurs, mais en particulier dans l’habillement, textile, chaussures (– 36 points) et le bois, papier, imprimerie (– 32 points).

Image Part des entreprises indiquant des difficultés
Part des entreprises indiquant des difficultés d'approvisionnement - Industrie, septembre 2022

L’opinion des chefs d’entreprise sur l’évolution de leurs prix de produits finis, au cours du mois écoulé, repart à la hausse dans l’industrie, après quatre mois de ralentissement, et ce en lien avec la progression des prix des matières premières et du gaz/électricité.

Image Opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent
Opinion sur l'évolution des prix par rapport au mois précédent - Industrie manufacturière

Les prix progressent également dans les services marchands couverts par l’enquête, en particulier dans les services aux particuliers (hébergement, restauration, réparation automobile) et les services de transport.

De façon plus précise, 29 % des chefs d’entreprise dans l’industrie manufacturière déclarent avoir augmenté leur prix de vente en septembre. Cette proportion est particulièrement élevée dans l’agro‑alimentaire (où 43 % des entreprises indiquent avoir augmenté leurs prix), l’industrie chimique, et le bois, papier, imprimerie. Elle s’élève à 49 % pour les entreprises du bâtiment et à 21 % pour les services marchands. Ce regain de hausse en septembre (sur la base de données brutes, non corrigées des variations saisonnières) peut traduire en partie un effet saisonnier de « rattrapage » déjà observé il y a un an, les hausses de prix étant généralement moins nombreuses en juillet‑août. Les perspectives pour octobre suggèrent un léger tassement de la proportion de hausses de prix dans l’industrie (23 %), les services (20 %) et le bâtiment (44 %).

Image Proportion des chefs d'entreprise
Proportion de chefs d'entreprise ayant augmenté leurs prix de vente, par grand secteur ; Proportion de chefs d'entreprise de l'industrie ayant augmenté leurs prix de vente en septembre, par secteur

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement. Elles restent élevées, à 58 % dans l’ensemble des secteurs. Les difficultés se tassent légèrement dans l’industrie, à 48 %, et augmentent dans le bâtiment (64 %, après 57 %).

Image Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement

4. Les estimations issues principalement de l’enquête, complétées par d’autres indicateurs, suggèrent pour septembre un niveau de PIB stable par rapport à août, et qui croîtrait légèrement en octobre

Pour le mois de septembre, l’utilisation des informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données conjoncturelles, nous amènent à estimer que le PIB serait stable par rapport à août. Cela reflète une stabilité dans l’industrie comme dans les services. Le secteur de la construction connaîtrait une légère hausse de sa valeur ajoutée en septembre.

Cette évaluation utilise les données de l’indice de production industrielle de l’Insee pour juillet et août, et de l’indice de production dans les services pour juillet. Elles nous ont conduit à revoir à la baisse le niveau d’activité en juillet et à la hausse en août. Notre prévision utilise par ailleurs des données à haute fréquence que nous suivons à titre de complément pour les secteurs non couverts par l’enquête (notamment construction, commerce et transports), et pour confirmer notre évaluation sur l’industrie et les services couverts. En particulier, les données de trafic routier combinées aux données de cartes bancaires nous renseignent sur le secteur des transports, dont l’activité baisserait en septembre. Les dépenses par cartes bancaires donnent des indications pour l’activité du secteur du commerce de détail, en légère baisse en septembre

Image Niveau mensuel du PIB Français
Niveau mensuel du PIB français

Au total, sur le trimestre qui vient de s’achever en septembre, l’activité aurait plutôt bien résisté, portée par le dynamisme de certains services marchands, mais aussi par une hausse de la valeur ajoutée dans l’industrie pendant l’été. La hausse du PIB au troisième trimestre 2022 s’établirait à environ + ¼ % par rapport au trimestre précédent.

Dans un contexte fortement incertain, notamment sur le coût et la disponibilité de l’énergie, les anticipations des entreprises pour octobre indiquent, à ce jour, une légère hausse de l’activité par rapport à septembre, avec à nouveau des contrastes suivant les secteurs.

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