Contrairement à ces dernières années, le FMI n’a pas révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale dans la mise à jour en janvier de ses Perspectives de l’Économie Mondiale (3,4% en 2017) ; ceci est une première depuis 2011. En effet, depuis cette date, le FMI a systématiquement révisé à la baisse ses prévisions de croissance (voir graphique 1).
S’agissant de la croissance économique mondiale pour l’année 2017, la première prévision du FMI remonte à 2012 dans son rapport sur les Perspectives de l’Économie Mondiale publié en avril. À cette date, l’institution estimait alors que la croissance de l’économie mondiale serait de 4,7 % en 2017. Cet écart de -1,3 point de pourcentage entre les prévisions de l’époque et celles effectuées en janvier 2017 s’explique principalement par la faiblesse de la croissance dans les pays émergents, pour lesquels l’estimation du FMI est passée de 6,8 % à 4,5 %. Dans une moindre mesure, les pays avancés ont également contribué à cette baisse, l’évaluation de leur croissance passant de 2,4 % à 1,9 %.
Un biais optimiste après la Grande Récession
Il ne s’agit nullement ici de pointer du doigt les économistes du FMI : toutes les prévisions menées par les institutions internationales (OCDE, Banque Mondiale, …) et organismes nationaux ont connu le même biais optimiste après la Grande Récession. Il s’agit plutôt d’analyser les raisons de cet excès d’optimisme dans les prévisions.
D’abord, la structure économique des pays émergents a été profondément modifiée ces dernières années. En particulier la Chine, qui représente désormais environ 17 % du PIB mondial, a vu son modèle de croissance passer d’une activité économique fortement dépendante de ses exportations à une économie plus portée par la demande domestique, notamment la consommation de services. Ce rééquilibrage a un coût : le taux de croissance chinois est passé de 10,3 % en 2010 à 6,5 % en 2017 (prévision FMI). Les modèles de prévision ne s’adaptent que progressivement à ce nouveau paradigme de croissance plus modérée des économies émergentes.
Par ailleurs, la faiblesse persistante de la croissance en zone euro, le ralentissement du commerce international, les évènements géopolitiques ou la chute des prix de l’énergie depuis la mi-2014 ont également bouleversé les scénarios de prévision établis. L’ajustement à la baisse des anticipations du FMI relève principalement d’une diminution structurelle de la croissance mondiale.
Un rebond confirmé d’après notre indicateur
Va-t-on alors vers un rebond de l’activité en 2017 ? Dans une économie mondiale où l’incertitude semble s’accroître, les scenarios à faible probabilité sont à considérer et toute prévision devient fragile. Dans ce contexte, les outils d’évaluation de la croissance en temps-réel sont utiles pour nous donner une image instantanée de l’activité économique. Dans une étude récente (voir Ferrara et Marsilli (2014) ou le Rue de la Banque associé), nous avons développé un modèle économétrique d’évaluation en temps réel de la croissance mondiale.
À partir d’une vaste base de données d’indicateurs mensuels nationaux et internationaux, notre méthodologie permet d’évaluer les mouvements communs susceptibles d’affecter l’économie mondiale. Les dynamiques conjoncturelles à fréquence mensuelle sont traduites en une estimation de la croissance économique de l’année en cours. Cette approche fournit tous les mois une évaluation instantanée de la croissance mondiale en tenant compte des indicateurs économiques les plus récents, ce qui diffère des approches standards qui se focalisent plus directement sur des prévisions. La mise à jour récurrente du modèle a permis, ces dernières années, d’évaluer la croissance mondiale mois après mois, et ainsi d’anticiper en partie les révisions du FMI.