Les « émissions nettes cumulées » de billets de la zone euro (ZE) désignent le stock des billets en circulation émis par les banques centrales nationales (BCN) de l’Eurosystème depuis l’introduction de l’euro. Elles représentent l’écart entre les sorties (prélèvements) et les entrées (versements) de billets, c’est-à-dire les « sorties nettes » de billets depuis 2002. Ces émissions nettes qui correspondent donc au stock d’espèces détenu par les différents agents économiques (ménages, banques commerciales, entreprises, acteurs en dehors de l’eurosystème) augmentent de manière continue jusqu’à la mi-2022 (cf. graphique 1).
De 2008 à mi-2022, les émissions nettes de billets en euros ont crû à un rythme de 6 % par an environ. Elles ont parfois connu des accélérations, correspondant à des périodes de forte incertitude économique : la crise des subprimes, celle du rouble (qui a surtout eu un impact sur l’Allemagne et les pays à la frontière orientale de la ZE) et, plus récemment, la crise sanitaire ainsi que, de façon ponctuelle et surtout localisée (par exemple, aux pays baltes), le déclenchement de la guerre en Ukraine. En revanche, à partir de juillet 2022, les émissions nettes se replient, de façon inédite et répétée chaque mois, avant de se stabiliser à l’hiver 2022/23. Cette baisse renvoie à une dynamique de retours de billets dans les BCN plus forte que celle des sorties qui coïncide avec la remontée des taux d’intérêt directeurs de la Banque Centrale Européenne.
Thésaurisation des ménages : une demande de billets dynamique
La thésaurisation est ici considérée comme l’accumulation d’espèces par les agents économiques, détenues chez soi ou dans des coffres (à distinguer donc d’une acception plus large correspondant à l’accumulation de richesses sans volonté de les dépenser ou de les investir). La part de la thésaurisation dans l’ensemble du stock de billets en circulation a pu être estimée dans des travaux récents. Elle serait de l’ordre de 40 % pour la ZE (cf. graphique 2). La détention de billets hors ZE serait de 40 %. Les transactions ou règlements du quotidien n’expliqueraient que 20 % de la détention de billets en ZE.