La transition de la France vers une économie à faible émission de carbone apporte un éclairage sur l’équilibre complexe entre réduction des émissions de carbone et maintien de la compétitivité industrielle dans une économie à haut revenu. En tant qu’économie majeure de l’UE, la France se doit d’aligner sa dépendance au nucléaire sur la nécessité de développer les énergies renouvelables et de favoriser l’innovation verte. Ces efforts sont essentiels pour atteindre les objectifs de neutralité carbone de l’UE à l’horizon 2050 tout en relevant les défis nationaux, comme les contraintes budgétaires et la lenteur du déploiement des énergies renouvelables. Le présent article examine comment la France peut améliorer sa compétitivité sur les marchés d’exportation de produits manufacturés verts dans le cadre de sa transition plus large. À l’aide d’une méthodologie comparative descriptive, il examine les principaux indicateurs tels que les investissements en R&D, les tendances en matière de brevets, les coûts des énergies renouvelables et les parts d’exportations de biens verts manufacturés, en évaluant la performance de la France, d’un point de vue de l’offre, par rapport aux autres pays du G7, à la Chine et à l’Espagne. L’étude met en évidence les risques si la France ne comble pas les lacunes en matière d’énergies renouvelables et d’innovation, tout en identifiant les secteurs à fort potentiel de croissance du point de vue des exportations de biens verts. Le récent rapport Draghi souligne l’urgence d’évaluer la compétitivité européenne dans un contexte de changements mondiaux en matière de durabilité. Le présent article complète le rapport en examinant la position de la France dans l’économie verte européenne et sa capacité à contribuer à cette transition et à en bénéficier. La diminution de la part des exportations françaises de produits manufacturés verts reflète des défis plus larges et souligne la nécessité d’une coordination des politiques et des efforts industriels. L’une des principales contributions est l’exploration du rôle de la France dans un potentiel marché unifié d’exportations vertes européennes, mettant en évidence les bénéfices de l’intégration économique.
La France dispose d’un système d’électricité à faible émission de carbone, dont 65 % de l’électricité est produite à partir d’énergie nucléaire. Toutefois, son adoption des énergies renouvelables reste limitée. Malgré les contraintes budgétaires, la France a pour objectif d’augmenter sa capacité d’énergie renouvelable d’ici 2030. Les objectifs comprennent 54 à 60 gigawatts (GW) de capacité solaire photovoltaïque et 34,7 GW d’énergie éolienne terrestre. L’atteinte de ces objectifs nécessite de meilleures infrastructures, des procédures d’autorisation simplifiées et un stockage d’énergie avancé. La force de la France réside dans son infrastructure nucléaire et son « potentiel élevé de complexité verte », qui mesure sa capacité à se diversifier vers des industries vertes de pointe. Le pays a démontré de fortes capacités dans des secteurs tels que l’hydrogène et la surveillance environnementale, soutenues par des investissements constants en R&D. Néanmoins, sa part dans les exportations mondiales de biens verts est revenue de 4,7 % en 2000 à 2,5 % en 2022, révélant un écart entre l’innovation et les performances du marché. Une plus grande participation à un marché européen intégré des biens verts pourrait amplifier les efforts et la compétitivité de la France dans les chaînes de valeur mondiales. La France dispose d’opportunités importantes dans les secteurs des technologies vertes, notamment : les technologies de l’hydrogène, la surveillance environnementale. Des domaines tels que le captage du carbone et les systèmes d’énergie renouvelable offrent également des opportunités de croissance, mais nécessitent un soutien plus important de la part des pouvoirs publics et de l’industrie. Les difficultés budgétaires du pays pourraient entraver les progrès. Relever ces défis nécessitera des investissements ciblés, des réformes des politiques et une attention particulière portée à la traduction de l'innovation en forces industrielles et d'exportation. Fort de ses atouts évidents en matière d’innovation et d’industrie, le pays doit désormais combler les écarts en termes de déploiement et de compétitivité à l’exportation. En tirant parti de ses secteurs hautement complexes et en améliorant ses cadres d’action, la France peut renforcer son rôle dans l’économie verte européenne et mondiale.
Mots-clés : transition verte, compétitivité industrielle, exportation, décarbonation, innovation verte
Codes JEL : G28, G21