Tandis que la part des profits dans le revenu intérieur a augmenté, celle de la masse salariale a chuté sur la même période. Au niveau de chaque secteur, les entreprises les plus performantes sont aussi généralement les moins intensives en travail. La concentration de la production par quelques grosses entreprises peut donc expliquer la baisse de la part des salaires dans le PIB (cf. Autor et al., 2016).
La part du revenu intérieur attribué aux travailleurs s’est réduite, et parmi ces derniers, les écarts de rémunération se sont creusés. Song et al. (2016) trouvent que la hausse des inégalités de revenus sur vingt ans aux États-Unis résulte pour deux tiers d’un accroissement de la dispersion des salaires entre entreprises, et seulement pour un tiers de différences au sein des entreprises.
Les causes à l’origine de la concentration sont très débattues
Certains avancent que la concentration est la conséquence d’une mutation technologique qui favorise les leaders de chaque secteur (souvent présenté comme l’effet "tout au vainqueur" ou winner-takes-all). Par exemple, les gains de productivité liés aux technologies numériques pourraient accroitre l'efficacité relative des grandes entreprises. Toutefois, ces gains semblent plutôt avoir ralenti depuis 2005 (Cette, Fernald et Mojon, 2016). D’autres hypothèses, sur les effets de réseaux notamment, sont proposées. La mondialisation pourrait aussi favoriser la sélection des entreprises les plus productives par l’élimination des moins performantes via une concurrence accrue (cf. Guilloux-Nefussi, 2016).