Des banques « trop grandes pour faire faillite » aux banques systémiques mondiales
La faillite de Lehman Brothers a conduit le G20 à prendre des mesures à l’égard des grandes banques internationales dont la faillite pouvait perturber le système financier global et l’activité économique réelle. Le Comité de stabilité financière a ainsi identifié, en novembre 2011, vingt-neuf banques systémiques mondiales en raison de leur taille, de leur complexité, de la difficulté à remplacer à brève échéance les services qu’elles fournissent à l’économie, de l’importance de leurs interconnections au système financier et de leurs opérations transfrontières. Ces banques se sont vues imposer des contraintes en capital supérieures à celles de Bâle III ; un dispositif spécifique de surveillance et de supervision permet aussi de prévenir ou d’assurer la résolution ordonnée d’une faillite potentielle en limitant l’intervention des pouvoirs publics.
Les réformes mandatées par le G20 ont-elles atteint leurs objectifs ?
Huit ans après la première désignation de ces banques, il est utile de vérifier si la réglementation a eu l’effet attendu. Nous avons donc cherché à voir dans quelle mesure l’activité des banques systémiques mondiales avait évolué différemment de celle des autres grandes banques, compte tenu des différences initiales entre les deux catégories d’établissements et des évènements financiers et macroéconomiques ayant affecté les pays d’implantation. Pour ce faire, nous avons analysé les bilans de 97 grandes banques de 22 pays sur la période 2005-2016 et avons mis en évidence les différences entre les banques systémiques mondiales (34 banques ont été désignées au moins une fois sur la période étudiée) et les autres banques, avant et après 2011. Nous avons porté une attention particulière au maintien de la capacité des banques systémiques mondiales à financer l’économie réelle.
Les banques systémiques mondiales ont moins augmenté leurs actifs que les autres banques
La réforme de Bâle III, mise en place aussi à partir de 2011, a imposé à toutes les banques, y compris les banques systémiques mondiales, une augmentation des fonds propres par rapport aux actifs totaux (ratio de levier) et aux actifs pondérés par les risques (ratio de solvabilité). Ainsi, toutes les banques ont augmenté leurs fonds propres et à cet égard, les banques systémiques mondiales n’ont pas fait exception.
Cependant, le ratio de levier des banques systémiques mondiales, qui était plus faible que celui des autres banques avant 2011, a augmenté plus vite après (cf. Graphique 2). Les banques systémiques limitant plus fortement la croissance de leurs actifs, l’écart entre les deux groupes de banque s’est réduit. C’était bien l’un des objectifs recherchés par le G20, car un faible ratio de levier peut appeler implicitement un soutien public.