Le graphique 3 représente la contribution observée de ces deux effets à l’inflation importée. L’effet différentiel d’inflation est en moyenne légèrement positif sur la période (+0.06pp) tandis que l’effet substitution est négatif (-0.47pp). Même si les prix des biens importés provenant des pays à bas salaire augmentent un peu plus vite que les autres prix à l’importation, leur niveau reste significativement plus bas. Aussi, lorsqu’ils remplacent d’autres produits dans les importations, l’inflation importée baisse. Au final, ce canal a exercé des pressions à la baisse de -0,4 pp par an sur l’inflation importée, soit -0,06 pp par an en moyenne sur l’inflation des prix à la consommation.
Quelle réponse des entreprises françaises face à cette concurrence accrue ?
Face à la pression concurrentielle, les entreprises françaises adaptent leur stratégie de fixation des prix. à structure de coût constante, elles peuvent réduire leurs marges pour baisser leurs prix et préserver leur part de marché. Ce canal pose des problèmes de mesure car il est difficile d’identifier les variations des prix intérieurs causées uniquement par le choc de la concurrence des pays à bas salaire. Par exemple, les variations de prix peuvent aussi découler d’une hausse de la demande intérieure qui engendre une croissance des importations mais aussi des pressions à la hausse sur les prix des entreprises. On peut alors sous-estimer la baisse des prix imputable à la pression concurrentielle car l’effet demande joue en sens inverse. Après correction de ces problèmes pour capter exclusivement la réponse des prix au choc d’importation, une hausse de 1% de la part de marché des pays à bas salaire sur le marché français induit une baisse de l’ordre de -1 pp de l’inflation des prix à la production. Soit au final une baisse de -0,06 pp par an sur l’inflation des prix à la consommation.
Baisse des prix mais un effet global difficile à évaluer
En 2014, la consommation des ménages en biens et services était de l’ordre de 1 000 milliards d’euros. Avoir accès à des biens moins chers a permis à l’ensemble des ménages d’économiser environ 30 milliards d’euros sur leur consommation en 2014 par rapport à ce qu’ils auraient payé en l’absence d’ouverture aux pays à bas salaires. Ramené au nombre total de ménages (un peu moins de 30 millions en 2014), la consommation par ménage est donc en moyenne 1000 euros moins chère en 2014 par rapport à ce qu’elle aurait été en l’absence des importations provenant des pays à bas salaire depuis 1994.
Ceci est une fourchette basse de l’effet direct total sur les prix car elle ne prend pas en compte les effets des biens intermédiaires importés incorporés dans des produits fabriqués en France. Les gains de productivité associés à ces consommations intermédiaires bénéficient aux consommateurs français (cf. Blaum et al., 2016).
Ces résultats sont néanmoins à interpréter avec précaution car la plus forte ouverture au commerce international a eu aussi des effets indirects, notamment sur les salaires (cf. Carluccio et al., 2016) ou l’emploi (cf. Malgouyres, 2018). Ces effets devraient être pris en compte pour évaluer l’impact sur le pouvoir d’achat.