Une surreprésentation de l’endettement hors résidence principale
L’enquête met en lumière une différence entre les caractéristiques de l’endettement lié à l’achat d’une résidence principale et celles du reste de l’endettement immobilier (résidence secondaire ou investissement locatif principalement). Les prêts hors résidence principale sont émis avec des maturités plus courtes et avec des ratios prêt-valeur et des taux d’effort plus élevés, comme constaté dans l’enquête annuelle Habitat menée par l’ACPR. Au total, les prêts dont le ratio prêt-valeur en cours de vie dépasse 110% correspondent dans 79% des cas à un achat hors résidence principale.
Des ménages globalement plus aisés que la moyenne
Ainsi, on retrouve chez les ménages dont le ratio prêt-valeur en cours de vie est supérieur à 110% une surreprésentation des catégories socio-professionnelles supérieures. Le revenu disponible de ces ménages est supérieur de 54% au revenu moyen des ménages français mais est aussi 4% plus élevé que le revenu moyen des emprunteurs. Il en est de même de leur patrimoine net, supérieur de plus de 25% à celui de l’ensemble des ménages.
Un risque lié à l’évolution des prix immobiliers
Le fort taux d’endettement de cette catégorie de la population, permis par leurs niveaux de ressources, traduit aussi des mouvements sur les prix, au dénominateur du ratio prêt-valeur. Ainsi, les prix des biens immobiliers financés avec un ratio prêt-valeur en cours de vie supérieur à 110% se seraient dépréciés de 23% depuis leur acquisition alors que, d’après l’enquête, l’ensemble des biens financés par un emprunt en cours se seraient appréciés de 30%.
Des dates d’achat plus récentes ne suffisent pas à expliquer des ratios prêt-valeur en cours de vie plus élevés. En effet, les prêts sur les biens achetés il y a moins de 3 ans ne représentent que 43% des encours avec un ratio prêt-valeur en cours de vie supérieur à 110%, contre 66% des encours avec un ratio prêt valeur compris entre 95 et 100%. Une explication plausible : la baisse des prix immobiliers en France entre 2011 et 2015 a été particulièrement forte sur certains marchés de résidences secondaires et d’investissements locatifs. À titre d’illustration, dans l’enquête, la valeur des biens immobiliers avec un prêt en cours apparaît supérieure de 34% à leur prix d’achat pour les résidences principales, contre seulement 18% pour les autres biens immobiliers.
Certains ménages financièrement fragiles ont aussi un ratio prêt-valeur élevé
En revanche, les profils des ménages dont le ratio prêt-valeur est situé entre 100% et 110% sont plus hétérogènes. Si l’endettement hors résidence principale est également surreprésenté dans cette catégorie, il reste minoritaire (38%). De manière globale, le revenu disponible de ces ménages est 7% plus faible que celui de la moyenne des emprunteurs. De plus, ces ménages indiquent plus souvent que les autres que leur patrimoine a baissé au cours de leur vie. Si leur endettement est moins élevé que celui des ménages « endettés mais aisés » décrits ci-dessus, cette catégorie recouvre une proportion significative de ménages faisant face à des difficultés financières et plus fragiles.
Le seul ratio prêt-valeur ne permet pas d’évaluer précisément le risque de crédit
Les situations d’endettement élevé recouvrent des réalités très différentes avec d’une part, des ménages aisés finançant un investissement locatif ou une résidence secondaire et capables d’amortir un choc baissier, et, d’autre part, des ménages en situation plus fragile. Les risques auxquels ces deux populations sont exposées sont différents de sorte que le diagnostic doit être mené avec prudence et nuance (Dietsch et Welter-Nicol (2014)).
Compte tenu des volumes concernés, peu d’analyses distinguent le financement des résidences secondaires ou l’investissement locatif. L’exploitation des données de l’enquête Patrimoine fait néanmoins ressortir qu’il s’agit de marchés très différents, avec un apport personnel en moyenne plus faible et une variabilité des prix immobiliers plus importante, mais aussi des revenus et un patrimoine des ménages plus élevés.