Haute tension : financer la voie vers la sortie du charbon
Document de travail n°960. Selon l'Agence internationale de l'énergie, pour maintenir le réchauffement climatique en deçà de 1,5 °C, il faut éliminer complètement la production d'électricité à partir du charbon d'ici à 2040. Si le parc actuel de centrales à charbon continuait à fonctionner en l’état, les émissions mondiales de CO2 ne diminueraient que d'un quart d'ici à 2040. Dans cet article, nous étudions une stratégie de fermeture anticipée des centrales à charbon. Nous utilisons la base de données Global Coal Plant Tracker pour déterminer quelles centrales à charbon pourraient être fermées en priorité, et combien devraient l'être pour respecter le scénario 1,5 °C. Nous évaluons ensuite les coûts qui y sont associés. Nous montrons que 70 % de la capacité du parc de centrales au charbon en activité devrait être mise hors service dès maintenant, ce qui correspond à des actifs échoués d'une valeur de 842 milliards de dollars au niveau mondial. Le remplacement des centrales à charbon, actuellement en service ou dont la construction est planifiée, par des sources d’énergie bas-carbone, impliquerait un coût beaucoup plus important de 4500 Mds de dollars au niveau mondial. Ces investissements impliqueraient également d'importants coûts liés à la dette, estimés à 3100 Mds de dollars au niveau mondial, ce qui porterait le coût total à 8 400 Mds de dollars. Cependant, les coûts opérationnels des centrales à charbon sont beaucoup plus élevés que ceux des infrastructures énergétiques bas-carbone, notamment parce que les centrales ont besoin de combustible pour fonctionner et parce que les émissions de CO2 devraient être tarifées. Nous montrons que les gains opérationnels nets cumulés liés au remplacement des centrales au charbon par des alternatives bas-carbone dans le cadre d’un scénario 1,5 °C s'élèveraient à 3 800 Mds de dollars dans le monde, compensant ainsi près de la moitié des coûts totaux. En réduisant les coûts de financement et en augmentant la tarification du carbone, l'équation totale pourrait même devenir positive, c'est-à-dire que les gains de la transition seraient supérieurs aux coûts totaux à long-terme.