1. Concentration bancaire et stabilité financière : un lien ambivalent
L’impact économique des crises financières peut s’avérer particulièrement élevé : à la suite de la crise financière de 2008, les couts d’intervention pour les banques de 25 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) faisant partie de l’étude ont été évalués à un peu plus de 7 % du produit intérieur brut (PIB) de ces pays en moyenne sur la période 2008‑2014 (Grimaldi, Hofmeister, Schich et Snethlage, 2016). La vague de concentration bancaire des années 1990 (observée à l’échelle mondiale) avait soulevé la question de l’impact des consolidations bancaires sur la prise de risque et la stabilité financière (Group of Ten, 2001). Puis, la crise financière de 2008 a illustré la nécessité d’une plus grande résilience du secteur bancaire, tout en soulignant les risques associés à la présence d’institutions trop importantes pour faire faillite ("too big to fail").
D’un point de vue théorique, le rapport entre concentration bancaire et crises financières s’avère ambivalent et deux courants de pensée opposés se sont développés dans la littérature académique.
Les systèmes bancaires trop concentrés peuvent présenter des fragilités
Boyd et De Nicolo (2005) établissent une causalité négative entre concurrence et prise de risque : dans un système plus concentré, les banques auraient tendance à augmenter leur prise de risque. En effet, si un accroissement de la concentration bancaire peut apporter des bénéfices, notamment en matière de diversification (en particulier géographique), de réduction de couts et de gains de productivité (cf. infra), elle s’accompagne également d’une moindre concurrence pouvant mener à des portefeuilles d’actifs plus risqués. L’augmentation du risque au bilan peut être liée à un accroissement du risque du côté des emprunteurs, confrontés à des taux d’intérêt plus élevés dans un marché moins concurrentiel, ou à un contrôle de l’octroi de crédits moins sélectif, les banques dominantes ayant une moindre incitation au rationnement des crédits compte tenu des coûts de surveillance associés. Cela les expose davantage au risque agrégé, fragilisant à terme leur bilan et augmentant ainsi leur probabilité de défaut (Caminal et Matutes, 2002). En outre, lorsque les systèmes bancaires se concentrent sur trop peu de groupes, ceux‑ci peuvent devenir si larges, complexes et interconnectés que leurs défaillances désordonnées provoqueraient d’autres défaillances par contagion et endommageraient durablement le système financier et l’économie réelle. En l’absence de mécanismes de résolution et de sauvegarde appropriés, un État pourrait donc (…)
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