Statistiques

Enquête mensuelle de conjoncture – Début novembre 2024

Mise en ligne le 12 Novembre 2024

La Banque de France publie des enquêtes de conjoncture : un diagnostic sur l’économie française, sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. L’enquête mensuelle de conjoncture, chaque début de mois, décrit la situation conjoncturelle du mois précédent et prévoit le PIB trimestriel, grâce aux réponses de 8 500 dirigeants d’entreprise.

Selon les chefs d’entreprise participant à notre enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 29 octobre et le 6 novembre), l’activité a progressé en octobre dans l’industrie (tirée par l’agroalimentaire et les biens d’équipement), ainsi que de façon toujours ralentie dans les services marchands ; elle est à nouveau en hausse dans le gros oeuvre du bâtiment ce mois‑ci, en raison du report de chantiers décalés durant les Jeux olympiques (JO). En novembre, d’après les anticipations des entreprises, l’activité évoluerait peu dans l’industrie et les services marchands, et serait en repli dans le bâtiment. À l’exception notable de l’aéronautique, les carnets de commandes demeurent jugés dégradés dans presque tous les secteurs de l’industrie, réduisant d’autant la visibilité des chefs d’entreprise concernant leur activité dans les prochains mois.

Le retour à la normale en matière de fixation des prix de vente se confirme, notamment dans les services marchands. L’inflation devrait donc rester maîtrisée.

En revanche, notre indicateur d’incertitude fondé sur les commentaires des entreprises demeure relativement élevé dans tous les secteurs, les réponses mettant en avant la situation politique nationale et l’impact des débats fiscaux, ainsi que l’environnement international (élections américaines alors à venir).

Les difficultés de recrutement se réduisent nettement dans chacun des trois grands secteurs : elles concernent 31 % des entreprises tous secteurs confondus, après 35 % en septembre.

Sur la base des résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, nous estimons que l’activité sous‑jacente se maintiendrait sur sa tendance de progression légèrement positive au quatrième trimestre. Ceci se traduirait par un niveau du PIB à peu près inchangé par rapport au trimestre précédent, compte tenu du contrecoup de l’effet JO, estimé à – 0,2 point de PIB.

1. En octobre, l’activité progresse dans les trois grands secteurs, mais de façon ralentie dans les services marchands et transitoire dans le bâtiment

En octobre, l’activité continue de progresser dans l’industrie, à un rythme un peu plus élevé que ce qui avait été anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier, dans la plupart des sous‑secteurs. L’agroalimentaire est en hausse sensible ; au sein de l’industrie manufacturière, la progression est tirée ce mois‑ci par l’aéronautique, l’habillement‑textile‑chaussures (une demande de produits d’hiver favorisée par une météo automnale), les produits informatiques (forte demande provenant des secteurs de la défense, de l’aéronautique et du ferroviaire) et la chimie. À l’inverse, le bois‑papier‑imprimerie est en repli ce mois‑ci. Dans le secteur automobile, les chefs d’entreprise mentionnent des difficultés concernant la production de voitures électriques, qui pâtissent de la concurrence chinoise et d’une baisse de la demande sur ces modèles.

TAUX D’UTILISATION DES CAPACITÉS DE PRODUCTION
Image TAUX D’UTILISATION DES CAPACITÉS DE PRODUCTION
Taux d'utilisation des capacités de production

Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) pour l’ensemble de l’industrie progresse légèrement, à 75,3 % (après 74,9 %). L’indicateur se redresse notamment dans l’habillement‑textile‑chaussure (+ 1 point), et l’agroalimentaire (+ 2 points) et recule légèrement dans l’automobile (– 1 point).

OPINION SUR L’ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ
Image OPINION SUR L’ÉVOLUTION DE L’ACTIVITÉ
Lecture : Le solde d’opinion sur l’évolution de l’activité (qui mesure la différence entre les proportions d’entreprises ayant déclaré une hausse de l’activité et celles ayant déclaré une baisse au cours
du mois passé) s’établit pour octobre à 6 points dans l’industrie. Pour novembre (barre bleu clair), les chefs d’entreprise dans l’industrie anticipent une hausse de l’activité (+ 2 points).

Les stocks de produits finis évoluent peu par rapport à septembre. Ils augmentent dans la pharmacie et la métallurgie, mais se réduisent dans la chimie et les produits informatiques, électroniques et optiques, en raison d’une demande plus dynamique. Ils restent néanmoins à des niveaux jugés élevés et supérieurs à leur moyenne de long terme dans tous les secteurs, en particulier dans l’aéronautique (conséquence indirecte des difficultés dans les chaînes d’approvisionnement) et les équipements électriques.

SITUATION DES STOCKS DE PRODUITS FINIS DANS L’INDUSTRIE
Image SITUATION DES STOCKS DE PRODUITS FINIS DANS L’INDUSTRIE
Situation des stocks de produits finis dans l'industrie

Dans les services marchands, l’activité évolue au ralenti en octobre, au même rythme qu’en septembre et en ligne avec ce qui avait été anticipé par les chefs d’entreprise le mois dernier. Le travail temporaire est en repli pour le deuxième mois consécutif, notamment pour des motifs d’attentisme attribués au contexte d’incertitude. La programmation‑conseil et la publicité sont également en recul ce mois‑ci.

Les autres sous‑secteurs sont en progression, particulièrement la location, les activités de loisir et les services à la personne (bonne activité des parcs de loisir durant les congés de la Toussaint), les activités d’ingénierie et les services d’information.

Dans le bâtiment, l’activité progresse ce mois‑ci dans le gros oeuvre à la faveur de chantiers décalés en raison des Jeux olympiques. Elle évolue peu dans le second oeuvre ; les chefs d’entreprise mentionnent un certain attentisme des clients concernant l’évolution du dispositif « MaPrimeRénov’ » en 2025.

Le solde d’opinion sur la situation de trésorerie se dégrade dans l’industrie, tiré à la baisse en particulier par l’aéronautique (trésorerie tendue en raison du financement des stocks), et dans une moindre mesure par l’habillement‑textile‑chaussures, la chimie et les machines et équipements. Il se redresse en revanche légèrement dans l’automobile. Les chefs d’entreprise indiquent un allongement des délais de paiement comme facteur pénalisant leur trésorerie.

Dans les services marchands, le solde d’opinion sur la situation de trésorerie se replie de nouveau ; un allongement des délais de paiement est également mentionné. La situation de trésorerie est jugée dégradée dans la restauration, le conseil de gestion, la réparation automobile et le nettoyage ; dans ce dernier secteur, les chefs d’entreprise interrogés mentionnent le report de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ainsi que la hausse du Smic au 1er novembre 2024 comme facteurs pesant sur leur trésorerie.

SITUATION DE TRÉSORERIE
Image SITUATION DE TRÉSORERIE
Situation de trésorerie

2. En novembre, selon les anticipations des entreprises, l’activité évoluerait peu dans l’industrie et les services marchands, et serait en léger repli dans le bâtiment

En novembre, selon les industriels, l’activité évoluerait peu au niveau global, et de manière hétérogène au sein des sous‑secteurs. La tendance haussière observée en octobre se confirmerait dans l’agroalimentaire, les produits informatiques, électroniques et optiques, la chimie et l’aéronautique. En revanche, l’activité serait orientée à la baisse dans l’habillement‑textile‑chaussure, les produits en caoutchouc ou plastique, et la métallurgie. 

Dans les services marchands, l’activité serait là aussi globalement quasi stable avec des tendances hétérogènes entre secteurs. La location automobile et l’ensemble des services aux entreprises progresseraient, ainsi que le transport‑entreposage. Le travail temporaire enregistrerait un nouveau repli. 

Enfin, dans le bâtiment, l’activité serait en léger repli après le léger rebond d’octobre, tirée à la baisse par le gros œuvre. 

Les carnets de commandes dans l’industrie restent jugés dégarnis en octobre dans la plupart des secteurs, notamment ceux des produits en caoutchouc ou plastique, des machines et équipements (baisse de commandes en provenance de clients du secteur automobile), du bois‑papier‑imprimerie, de l’habillement‑textile‑chaussure et de l’automobile. La situation est jugée sous sa moyenne de long terme de manière importante dans tous les secteurs, à l’exception de l’aéronautique. 

Dans le bâtiment, le jugement sur les carnets de commandes se redresse légèrement en octobre, dans la construction de maisons individuelles, mais à partir d’un bas niveau. 

Notre indicateur mensuel d’incertitude, construit à partir d’une analyse textuelle des commentaires des entreprises interrogées, reste relativement élevé, avec ce mois‑ci une hausse dans les services. Les chefs d’entreprise mentionnent l’incertitude sur la politique économique et fiscale nationale, et l’instabilité de la situation géopolitique (en particulier avant les élections américaines), qui tendent à mettre en attente les projets d’investissement. 

SITUATION DES CARNETS DE COMMANDES
Image SITUATION DES CARNETS DE COMMANDES
Situation des carnets de commandes dans l'industrie et le bâtiment
INDICATEUR D’INCERTITUDE DANS LES COMMENTAIRES DE L’ENQUÊTE MENSUELLE DE CONJONCTURE (EMC)
Image INDICATEUR D’INCERTITUDE DANS LES COMMENTAIRES DE L’ENQUÊTE MENSUELLE DE CONJONCTURE (EMC)
Indicateur d'incertitude dans les commentaires de l'enquête mensuelle de conjoncture (EMC)
Note : La valeur de référence est fixée à 100 et correspond à la valeur autour de laquelle fluctue l’indicateur en période normale.

3. L’évolution des prix de vente s’est désormais normalisée, y compris dans les services marchands

En octobre, les difficultés d’approvisionnement sont stables par rapport au mois précédent (10 % des entreprises les mentionnent). Elles restent néanmoins encore relativement élevées dans l’aéronautique (37 %, en hausse par rapport au début d’année, où cette proportion avoisinait les 25 %) et dans l’automobile (16 %). Les difficultés d’approvisionnement dans le bâtiment restent rares (2 %, après 3 % en septembre). 

Dans l’industrie, les prix des matières premières sont jugés stables par les chefs d’entreprise ; ils progresseraient dans l’agroalimentaire et les équipements électriques, mais seraient en baisse dans la plupart des autres sous‑secteurs. Le solde d’opinion sur les prix de produits finis 1 en octobre reste légèrement positif. 

De façon plus détaillée concernant la fixation des prix de vente, la proportion des industriels déclarant avoir augmenté leurs prix ce mois‑ci s’établit à 6 %, niveau proche de ceux observés lors des mois d’octobre de la période pré‑Covid et très en deçà de ceux du même mois de 2021‑2022. Les hausses de prix concernent principalement la chimie (20 %) et l’agroalimentaire (11 %). À l’inverse, 6 % des industriels déclarent avoir baissé leurs prix de vente, pourcentage en ligne avec les mois d’octobre de la période pré‑Covid. Les baisses de prix de produits finis concernent essentiellement l’habillement‑textile‑chaussures, le bois‑papier‑imprimerie et la fabrication de machines et équipements (9 %). 

Dans le bâtiment, la proportion des chefs d’entreprise indiquant une hausse des prix de leurs devis s’établit à 4 %, alors que 12 % d’entre eux les ont baissés, soit une proportion supérieure à celle des mois d’octobre passés. Selon les chefs d’entreprise interrogés, cette proportion élevée de baisses de prix est imputable à un effet de demande (faible nombre des mises en chantier) et à un accroissement de la concurrence. 

Dans les services, la dynamique des prix de vente s’est désormais complètement normalisée. La proportion d’entreprises indiquant une hausse de leurs prix s’établit à 6 % – niveau équivalent aux mois d’octobre pré‑Covid –, tandis que la proportion d’entreprises indiquant une baisse de leurs prix s’établit à 7 %, niveau supérieur à ceux observés lors des précédents mois d’octobre. Les baisses de prix concernent principalement les transports et l’hébergement.

Les anticipations des chefs d’entreprise pour novembre indiquent que 5 % d’entre eux prévoient d’augmenter leurs prix dans l’industrie, 5 % dans les services marchands et 2 % dans le bâtiment.

ÉVOLUTION DES PRIX DE PRODUITS FINIS PAR GRANDS SECTEURS
Image ÉVOLUTION DES PRIX DE PRODUITS FINIS PAR GRANDS SECTEURS
Évolution des prix de produits finis et des matières premières dans l'industrie

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur leurs difficultés de recrutement, qui baissent de nouveau en octobre : 31 % des entreprises interrogées en font état, après 35 % en septembre. La baisse concerne l’industrie, les services marchands et le bâtiment. À l’intérieur de l’industrie, on observe une convergence des proportions entre les sous‑secteurs : ceux qui sont les plus exposés aux difficultés de recrutement début 2024 sont ceux ayant enregistré les baisses les plus notables au cours de l’année (aéronautique, pharmacie, produits en caoutchouc ou plastique, métallurgie). 

PART DES ENTREPRISES INDIQUANT DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT
Image PART DES ENTREPRISES INDIQUANT DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT
Part des entreprises indiquant des difficultés de recrutement

1 Le solde d’opinion est la différence des proportions de hausses et de baisses, pondérées par l’intensité de la variation (trois modalités possibles
dans l’enquête mensuelle de conjoncture : faible, normale, élevée). Un chef d’entreprise indiquant une forte hausse de ses prix, toutes choses égales
par ailleurs, contribuera davantage au solde d’opinion qu’un chef d’entreprise indiquant une faible hausse.

4. Nos estimations suggèrent que le PIB serait à peu près stable au quatrième trimestre, la progression de l’activité sous‑jacente étant contrebalancée par l’effet JO, estimé à – 0,2 point de PIB

Les premiers résultats des comptes trimestriels, publiés par l’Insee fin octobre, ont établi que la croissance du PIB était de + 0,4 % au troisième trimestre 2024, une hausse cohérente avec ce que nous avions prévu lors de notre dernier point de conjoncture. L’activité s’est repliée dans le secteur de l’agriculture, a été quasi stable dans l’industrie manufacturière et la construction, et en hausse dans l’énergie, les services marchands et non marchands. L’effet transitoire des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) sur la croissance du troisième trimestre aurait été de l’ordre d’un quart de point, portée principalement par les services aux ménages (billetterie) et l’information‑communication (droits de diffusion des épreuves).

Sur la base des informations de l’enquête mensuelle de conjoncture de la Banque de France, complétée par d’autres données disponibles (indices de production dans l’industrie, enquêtes de l’Insee, ainsi que données à haute fréquence) et en tenant compte du contrecoup des JOP, nous estimons que l’activité serait à peu près stable au quatrième trimestre.

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Mise à jour le 12 Novembre 2024